Chine : Tempête économique mondiale en vue ?


Rédigé par La Rédaction le Vendredi 18 Aout 2023

Les économistes sont dans une dépression académique car le monde tourne à l’envers et leurs modèles ne marchent plus. Au Canada et aux États-Unis, on ne cesse d’annoncer une récession économique qui n’arrive pas malgré les hausses de taux d’intérêt répétées des banques centrales dans leur effort visant à mettre au pas l’inflation. En Chine, l’extraordinaire moteur économique n’arrive pas à redémarrer, même après avoir longtemps été freiné, au point où l’on évoque désormais le spectre de la déflation.



La Chine, souvent qualifiée de "dragon économique", a connu ces dernières décennies une croissance fulgurante, la propulsant au rang de deuxième puissance économique mondiale, juste derrière les États-Unis.

Nos sachants économistes craignaient presque que le redémarrage de l’économie chinoise soit trop brutal après la levée de la très stricte politique « zéro COVID »

Quand Pékin a annoncé sa levée, en décembre dernier, nos experts ont présumé qu’elle se traduirait notamment par une formidable libération d’énergie économique contenue qui relancerait à la hausse la demande pour tous ces biens et services dont a normalement soif la deuxième puissance économique du monde.

Mais à la surprise générale, le puissant moteur économique chinois a à peine eu le temps de rugir qu’il a tout de suite calé.

Cela a incité la banque Barclays à réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année et celle de  l’année prochaine.

Alors qu'en début d'année, toutes les institutions annonçaient un de taux de 6 à 5 % de croissance pour l'année 2023, contre 3 % en 2022 (la Banque mondiale et le Fonds monétaire international s'attendaient à des taux de croissance de 5,1% et 5,2% respectivement).
 
La premiere alerte sérieuse : On apprend que les exportations chinoises avaient encore reculé le mois dernier, de 14,5 % sur un an. Autres témoins du manque de vigueur du secteur manufacturier local, les importations n’ont pas fait mieux, avec un cinquième mois négatif d’affilée (-12,4 %).
 
C'etait prévisible : Le recul des exportations découlerait notamment du ralentissement économique mondial et de la distance que plusieurs pays occidentaux ont décidé de prendre par rapport à la Chine.

Mi-août, douche froide mondiale : le gouvernement chinois à la surprise générale annonce une petite croissance de 3 % seulement pour cette année.

Trois crises concomitantes frappent la Chine : immobilière, bancaire (surendettement), confiance et consommation

La crainte d'une bulle immobilière était réelle. Le secteur immobilier chinois passe en mode crise .
Et on craint de plus en plus que les problèmes du secteur immobilier chinois ne s'étendent à d'autres pans de l'économie du pays à mesure que la croissance ralentit.

L'un des piliers de la croissance chinoise a été son secteur immobilier. Des villes entières ont émergé du sol en quelques années, témoignant de la vigueur de ce secteur. Cependant, ces derniers temps, des signes inquiétants ont fait surface. Des entreprises comme Country Garden sont sous surveillance étroite des marchés en raison de leurs niveaux d'endettement. 

Country Garden, le plus grand promoteur chinois du secteur privé en termes de chiffre d'affaires, n'a pas payé les intérêts de deux obligations libellées en dollars américains cette semaine.

Cela arrive alors que les prix immobiliers accusent un recul dans 49 des 70 plus grandes villes du pays et que l’investissement dans le secteur se raréfie depuis cinq mois.

La dette de Country Garden s'élevait à 200 milliards de dollars à la fin de l'année dernière.

Comme un problème n'arrive jamais seul. Le deuxième plus grand promoteur immobilier de Chine, Evergrande, se place sous la protection du chapitre 15 de la loi sur les faillites ! Cette faillite pourrait entraîner une vague de défaillances de la part d'autres promoteurs immobiliers chinois, ce qui pourrait nuire davantage à l'économie chinoise - le secteur immobilier représente 25 à 30 % du PIB de la Chine.

La faillite d'Evergrande est la plus importante jamais enregistrée en Chine. Elle a entraîné l'inachèvement de projets immobiliers dans tout le pays. D'autres grands promoteurs immobiliers, comme Kaisa et Fantasia, ont également fait défaut.

La faillite d'Evergrande rappelle les risques d'un endettement excessif. C'est un avertissement pour les autres pays qui sont confrontés à des problèmes similaires d'endettement excessif.

c’est l’histoire d’une bulle spéculative que le gouvernement chinois, depuis quelques années déjà, de dégonfler doucement sans qu’elle éclate d’un coup. L’un des seuls moyens pour les Chinois d’accumuler du patrimoine, le secteur est aux prises avec des prix à la baisse et avec des promoteurs tellement endettés qu’ils en viennent à financer la fin de la construction de logements qui resteront vides en vendant d’autres logements encore sur papier.

Le gouvernement chinois devra prendre des mesures pour éviter que la faillite d'Evergrande ne provoque une crise financière plus importante. 

La solution, dans de pareilles circonstances passe par la banque centrale qui devrait réduire ses taux d’intérêt et les gouvernements devraient déployer de juteux programmes de relance économique, surtout si l’on fait face à un danger de déflation. Mais ce n'est si évident car les gouvernements locaux sont déjà plus endettés que jamais (presque 300 % du PIB).

Crise bancaire (surendettement) et crise de confiance

Parallèlement à la crise immobilière, le surendettement est un autre défi majeur.

De nombreuses entreprises chinoises ont accumulé d'énormes dettes au fil des ans, en partie à cause de la facilité d'accès au crédit.

Si ces entreprises venaient à faire faillite, cela pourrait déclencher une réaction en chaîne, affectant les banques et les institutions financières, tant au niveau national qu'international.

Quand l'économie se venge de l'idéologie et la politique 

Les interventions du président Xi Jinping ont jeté doute chez investisseurs chinoix et étrangers. Sa politique de main de fer, notamment à l'égard de figures emblématiques comme Jack Ma, fondateur d'Alibaba, a suscité des inquiétudes parmi les consommateurs et les entreprises.

La politique "zéro COVID" de Xi Jinping a eu des conséquences économiques inattendues. Les fermetures fréquentes, les restrictions de voyage et les perturbations des chaînes d'approvisionnement ont ralenti l'activité économique. Mais au-delà de ces impacts immédiats, c'est le doute profond semé dans l'esprit des acteurs économiques qui est le plus préoccupant.

L'intervention de l'État dans les affaires d'entreprises privées, comme celle d'Alibaba, a envoyé un message clair : peu importe votre stature ou votre contribution à l'économie, si vous ne suivez pas la ligne du Parti, vous pouvez être ciblé. Cette incertitude réglementaire a créé un climat de méfiance. Les entreprises sont désormais sur leurs gardes, craignant que leurs opérations ne soient perturbées par une intervention gouvernementale inattendue.

Ce phénomène a été surnommé "COVID longue économique". Tout comme certains patients atteints de COVID-19 souffrent de symptômes persistants longtemps après leur guérison, l'économie chinoise pourrait ressentir les effets de ces interventions pendant une période prolongée. La confiance, une fois érodée, est difficile à restaurer.

En conclusion, alors que la Chine continue de jouer un rôle crucial dans l'économie mondiale, les actions de Xi Jinping ont introduit une variable d'incertitude.

Les entreprises et les investisseurs seront désormais plus prudents, cherchant à équilibrer les opportunités offertes par le marché chinois avec les risques potentiels d'une intervention étatique.

Crise de la consommation

Déjà très économes parce qu’ils ne peuvent pas compter sur un véritable filet social en cas de coup dur, les consommateurs chinois se sont mis à plus épargner donc consommer moins,  (+15 % en un an), notait le mois dernier l’Institut Peterson d’économie internationale (PIIE).

Les enquêtes sur la confiance des ménages ne rapportaient presque aucune amélioration depuis la levée de la politique « zéro COVID » jusqu’à ce que les autorités décident d’interrompre leur publication au printemps.

L’explosion du chômage des jeunes tiendrait, quant à elle, non seulement au ralentissement général de l’économie, mais aussi au fait que les bouleversements provoqués par la pandémie ont retardé l’entrée de plusieurs d’entre eux sur le marché du travail et qu’ils arrivent aujourd’hui tous en même temps, expliquait le New York Times mardi.

La non-publication des statistiques du chômage des jeunes et la baisse de la consommation des ménages sont des signaux alarmants. Si la guerre en Ukraine devait perdurer, cela pourrait perturber de nouveau les chaînes d'approvisionnement mondiales, exacerbant ainsi les problèmes économiques de la Chine et, par ricochet, ceux du monde entier.

Alors, la Chine serait-elle comme ce panda qui, après avoir trop mangé de bambou, peine à se lever ?

« La Chine est une bombe à retardement », a déclaré Joe Biden la semaine dernière. Pas seulement en raison de son poids dans l’économie mondiale, mais aussi parce que « quand les personnes mauvaises ont des problèmes, elles font de mauvaises choses », a affirmé le président américain.

En somme, bien que la Chine ait été un pilier de stabilité économique pendant de nombreuses années, elle est aujourd'hui confrontée à une série de défis qui testent sa résilience.

La manière dont elle naviguera à travers ces eaux tumultueuses aura des implications non seulement pour elle-même mais aussi pour l'économie mondiale.

Il est vrai qu’à elle seule, la Chine a compté pour près de 40 % de la croissance économique mondiale des 10 dernières années, contre 22 % pour les États-Unis et 9 % pour la zone euro.

Au Maroc, l'impact de la situation économique chinoise sera palpable

Les échanges commerciaux entre le Maroc et la Chine, ainsi que les investissements dans des secteurs clés, pourraient être affectés. Il est donc essentiel pour les décideurs marocains de suivre de près ces évolutions et d'adapter leurs stratégies en conséquence.

Au cours de la dernière décennie, les relations commerciales entre le Maroc et la Chine se sont considérablement renforcées.

Avec des investissements croissants dans des secteurs tels que l'automobile, l'énergie et l'infrastructure, la Chine est devenue un partenaire commercial clé pour le Maroc. Cependant, avec la situation économique actuelle en Chine, il est essentiel pour le Maroc de continuer de diversifier ses partenaires commerciaux et de ne pas trop dépendre d'une seule économie.

Mots-clés : Chine, Ukraine, économie mondiale, crise immobilière, surendettement, guerre, impact, Maroc, investissements, consommation.


(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});




Vendredi 18 Aout 2023
Dans la même rubrique :