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Par Aziz Boucetta
Ici, au Maroc, il est devenu habituel d’attendre une heure ou deux, souvent plus, quand on se rend chez un spécialiste. Pénurie de médecins ? Course au chiffre d’affaires ? Désorganisation ? Les raisons peuvent être multiples, mais le résultat est le même : attendre, attendre, encore attendre, toujours attendre…
Bien évidemment, il est inconvenant de généraliser, car il existe des médecins, des cliniques (plus rarement) où les rendez-vous sont correctement gérés et les personnels idéalement courtois et avenants…
Bien entendu, il est une vérité que la ponctualité n’est pas une vertu largement répandue… Mais le fait est que, très souvent, trop souvent, un rendez-vous est donné d’une manière très formelle.
Que s’est-il donc produit donc pour que les médecins respectueux de leurs rendez-vous soient si peu nombreux ? Que s’est-il passé pour que les gens s’accommodent de ces délais d’attente, longs, parfois très longs, et qu’ils se résignent et acceptent de sacrifier une demi-journée pour aller chez leur médecin ? Pourquoi cela n’était-il pas ainsi voici quelques décennies, quand les médecins étaient davantage respectueux ?
Aller chez un médecin de nos jours équivaut même parfois à perdre sa dignité, étant entendu qu’il est impossible de faire valoir ses droits, qu’il est impensable de faire respecter ce rendez-vous et que s’adresser à l’assistant(e) du médecin équivaut à parler à un mur.
Et ces comportements sont d’autant plus discutables quand il s’agit de spécialités traitant des maladies « difficiles », neurologie, psychiatrie, oncologie… Et une fois chez le praticien, il arrive que la consultation ne dure que dix ou vingt minutes, et c’est tout… juste avant d’aller s’acquitter des frais de la consultation.
Il est vrai que le médecin a souffert et même beaucoup souffert avant de pouvoir ouvrir son cabinet, après des études longues et difficiles, rythmées par de nombreuses et incertaines sélections, et cela peut justifier la recherche d’une existence conforme au prix payé.
Et il est également vrai que le matériel et les équipements coûtent cher, parfois très cher, et... que les organismes de crédit sont intraitables. Mais alors, la profession médicale serait-elle devenue mercantile ? Qui en blâmer ?
Depuis quelques années, la profession s’organise, des groupes privés voient le jour, recevant à tour de bras des patients examinés, scannés, traités, triturés, mais rarement écoutés, avant d’être dirigés vers l’un des services les plus importants d’une clinique, en l’occurrence le service caisse.
Là encore, peut-on réellement leur en vouloir, à ces détenteurs de capitaux qui doivent faire fructifier leurs investissements ? Non car ils des contraintes financières, mais oui, car les patients au pire souffrent et au mieux préféreraient ne pas perdre leur temps dans des salles d’attente bondées, sous le regard indifférent de personnels affairés
Bien évidemment, il est inconvenant de généraliser, car il existe des médecins, des cliniques (plus rarement) où les rendez-vous sont correctement gérés et les personnels idéalement courtois et avenants…
Bien entendu, il est une vérité que la ponctualité n’est pas une vertu largement répandue… Mais le fait est que, très souvent, trop souvent, un rendez-vous est donné d’une manière très formelle.
Que s’est-il donc produit donc pour que les médecins respectueux de leurs rendez-vous soient si peu nombreux ? Que s’est-il passé pour que les gens s’accommodent de ces délais d’attente, longs, parfois très longs, et qu’ils se résignent et acceptent de sacrifier une demi-journée pour aller chez leur médecin ? Pourquoi cela n’était-il pas ainsi voici quelques décennies, quand les médecins étaient davantage respectueux ?
Aller chez un médecin de nos jours équivaut même parfois à perdre sa dignité, étant entendu qu’il est impossible de faire valoir ses droits, qu’il est impensable de faire respecter ce rendez-vous et que s’adresser à l’assistant(e) du médecin équivaut à parler à un mur.
Et ces comportements sont d’autant plus discutables quand il s’agit de spécialités traitant des maladies « difficiles », neurologie, psychiatrie, oncologie… Et une fois chez le praticien, il arrive que la consultation ne dure que dix ou vingt minutes, et c’est tout… juste avant d’aller s’acquitter des frais de la consultation.
Il est vrai que le médecin a souffert et même beaucoup souffert avant de pouvoir ouvrir son cabinet, après des études longues et difficiles, rythmées par de nombreuses et incertaines sélections, et cela peut justifier la recherche d’une existence conforme au prix payé.
Et il est également vrai que le matériel et les équipements coûtent cher, parfois très cher, et... que les organismes de crédit sont intraitables. Mais alors, la profession médicale serait-elle devenue mercantile ? Qui en blâmer ?
Depuis quelques années, la profession s’organise, des groupes privés voient le jour, recevant à tour de bras des patients examinés, scannés, traités, triturés, mais rarement écoutés, avant d’être dirigés vers l’un des services les plus importants d’une clinique, en l’occurrence le service caisse.
Là encore, peut-on réellement leur en vouloir, à ces détenteurs de capitaux qui doivent faire fructifier leurs investissements ? Non car ils des contraintes financières, mais oui, car les patients au pire souffrent et au mieux préféreraient ne pas perdre leur temps dans des salles d’attente bondées, sous le regard indifférent de personnels affairés
Alors que faire quand on est déshumanisé par une profession supposée être la plus humaine ou humaniste du monde ? Prendre son mal en patience ?
Voilà une magnifique expression, très parlante, du patient qui, accompagné de son mal, doit patienter, puis être réduit à un simple dossier, souvent confronté à des médecins sous tension, peu enclins à avoir de l’empathie pour des gens dont la visite chez le médecin est synonyme de rémission, de soulagement, de guérison.
Un médecin, une clinique, ne peuvent-ils donc pas mieux organiser leurs journées, recevant moins de patients mais consacrant davantage de temps et accordant plus d’attention aux malades qui se présentent ? Si la réponse est négative, quelle en est la raison ?
Pourquoi multiplier les consultations et en réduire la dimension humaine ? Que la réponse soit la contrainte de « faire du chiffre » pour amortir le matériel, ou « faire du chiffre » pour grossir son compte en banque, le résultat sera le même, une funeste mercantilisation d’une noble profession.
En prêtant le fameux serment d’Hippocrate, le futur médecin jure qu’ « [il] donnerai [ses] soins à l’indigent et à quiconque les [lui] demandera. [Il ne se laissera] pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire ».
Que nos amis médecins pardonnent ces lignes, mais qu’ils conviennent également que les patients actuels, futurs ou potentiels que nous sommes trouvent un certain désagrément et gêne à « patienter » des heures durant dans leurs salles d’attente.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost
Voilà une magnifique expression, très parlante, du patient qui, accompagné de son mal, doit patienter, puis être réduit à un simple dossier, souvent confronté à des médecins sous tension, peu enclins à avoir de l’empathie pour des gens dont la visite chez le médecin est synonyme de rémission, de soulagement, de guérison.
Un médecin, une clinique, ne peuvent-ils donc pas mieux organiser leurs journées, recevant moins de patients mais consacrant davantage de temps et accordant plus d’attention aux malades qui se présentent ? Si la réponse est négative, quelle en est la raison ?
Pourquoi multiplier les consultations et en réduire la dimension humaine ? Que la réponse soit la contrainte de « faire du chiffre » pour amortir le matériel, ou « faire du chiffre » pour grossir son compte en banque, le résultat sera le même, une funeste mercantilisation d’une noble profession.
En prêtant le fameux serment d’Hippocrate, le futur médecin jure qu’ « [il] donnerai [ses] soins à l’indigent et à quiconque les [lui] demandera. [Il ne se laissera] pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire ».
Que nos amis médecins pardonnent ces lignes, mais qu’ils conviennent également que les patients actuels, futurs ou potentiels que nous sommes trouvent un certain désagrément et gêne à « patienter » des heures durant dans leurs salles d’attente.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost