El Montacir Bensaid
Cheveux longs, barbes, bérets à la Che, et des étoiles plein les yeux.
Beaucoup d'enthousiasme, énormément de naïveté.
Non à la guerre, non au racisme, non à l'injustice.
Les guerres se succédaient sans que nous puissions les arrêter.
La tourmente gagnait le monde, le communisme se fissurait et le mur de Berlin s'écroulait.
Nous prenions de l'âge, mais au lieu d'aspirer à en combattre les méfaits, nous n'avions qu'une peur : celle de perdre la foi en nos idées de jeunesse.
Certains ont gardé la flamme, d'autres ont abdiqué par faiblesse, par fatigue ou désenchantement.
Nous étions nombreux à étudier à l'étranger, et notre pays se faisait sans nous.
La Marche Verte, initiée et lancée par feu Sa Majesté Hassan II, dessina la grandeur de notre nation tout en trouvant un écho dans notre lutte pour l'unité et l'intégrité de notre royaume.
Le monde changeait et il nous changeait ; il échappait à nos attentes, se transformait, subissait des soubresauts.
Pourtant, nous sommes restés aux aguets, parfois heureux de certaines avancées, d'autres fois désabusés par des lenteurs ou des défis sociaux encore invaincus.
Il nous suffit de garder, sous le béret de notre jeunesse, bien au chaud, l'étincelle d'optimisme que nos cheveux grisonnants ne sauraient étouffer.