Poème à écouter en musique de Dr Anwar CHERKAOUI
Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Dr Anwar CHERKAOUI
Là où les mystères dansent et le silence luit,
J'entends encore, comme un murmure ancien,
Les récits du passé, les échos du quotidien.
À une époque sans tampons, ni coupes ingénieuses,
Nos mères s’en remettaient aux étoffes précieuses
De simples morceaux de coton immaculé,
Pour contenir ce sang, ce flot sacré.
Enfant que j'étais, le regard innocent,
Je plongeais dans des énigmes troublantes.
Ces bouts de tissu, tâchés de rouge écarlate,
Surprenaient mes pensées, réveillaient l’insensé.
Sous la pluie battante, un match de football,
Et mes habits boueux dans le panier s’étalent.
Je vois ces tissus, porteurs d’un secret,
Un mystère caché, un savoir en retrait.
Peut-être un doigt coupé par l’écorce d’un artichaut,
Ou un nez saignant dans l’élan d’un chaos.
Jamais, ô jamais, je n’aurais deviné,
Que c’étaient là les marques d’un cycle sacré.
Plus tard, au fil, lavés et suspendus,
Ils séchaient au vent, avec l’ordinaire confondu.
À côté des slips de mon père, des linges du jour,
Ils dansaient au soleil, dévoilant leur parcours.
Et l’arôme des épices après l’Aïd du mouton,
Le boubanette séchant, chargé de tradition.
Je salivais d’enfant, gourmand et curieux,
Plongeant dans des délices où le temps se lie aux cieux.
Sur la "Ferraka", ma mère frottait sans fin,
Effaçant la saleté de nos jours incertains.
Ses mains, rugueuses, portaient l’effort,
Son amour discret, son combat si fort.
Puis, le soir venu, métamorphose éclatante,
Elle devenait reine, femme aimante.
Les lèvres rouges, le khôl soulignant ses yeux,
Habillée de sa dfina, elle illuminait les cieux.
Ces instants de grâce, entre dureté et beauté,
Racontent une femme, sa force et sa fierté.
Et toi, maman, dans ma mémoire éternelle,
Tu brilles encore, Hajja Rahma, ma mère si belle.
Repose en paix, douce lumière de mes nuits,
Ton souvenir murmure, comme un conte qui luit.
Ce poème est un hommage touchant à une mère, Hajja Rahma, à travers les souvenirs d'enfance de l'auteur.
L'auteur rappelle le dur labeur de sa mère, frottant inlassablement le linge à la "Ferraka," ses mains témoins de son amour discret et de sa force silencieuse. Mais au-delà de la femme laborieuse, la mère se transformait le soir en une reine lumineuse, parée de khôl et de dfina, incarnant à la fois dureté et grâce.
Ce poème, empreint de nostalgie et de gratitude, célèbre une femme courageuse et aimante, dont le souvenir éclaire encore les nuits de l’auteur comme un conte murmuré à l’infini.