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Ces Marocains qui brillent ailleurs… mais que le pays veut rapatrier

​Là où tous les gouvernements ont échoué, le trio "Fondation OCP, l’Université Mohammed VI Polytechnique et CNRST" peut-il réussir ?


Rédigé par La Rédaction le Jeudi 24 Avril 2025

Et si le Maroc réinventait la migration inversée ? Pas pour faire revenir des bras, mais pour rapatrier des cerveaux. Un projet scientifique qui ressemble à une opération de reconquête nationale. Le Maroc mise sur un trio inédit pour faire revenir ses chercheurs expatriés grâce à un programme de 200 millions de dirhams et une stratégie ambitieuse.



Quand les neurones marocains deviennent stratégie nationale

Au moment où tant de pays du Sud continuent de regarder, impuissants, leurs meilleurs éléments plier bagage vers des horizons plus attractifs, le Maroc tente un pari audacieux : inverser la vapeur. Le ministère de l’Enseignement supérieur, avec en tête le professeur Azzedine El Midaoui, lance une opération séduction ciblée vers les talents scientifiques marocains installés à l’étranger. Non, il ne s’agit pas d’un simple appel du pied, mais d’un véritable plan structuré, financé et, osons le mot, ambitieux.

Avec 200 millions de dirhams fléchés pour la période 2025-2028, le Programme national d’appui à la Recherche, au Développement et à l’Innovation (PNARDI) se positionne comme la plus grande tentative jamais vue de mobilisation scientifique de la diaspora marocaine. Pour la première fois, un budget dédié, équivalent à près de 18 millions d’euros, a été spécifiquement conçu pour connecter — ou reconnecter — les cerveaux expatriés aux défis locaux.

​Entre visio-conférences et retour physique : deux voies pour un seul objectif

La stratégie du programme est double : permettre à ceux qui veulent rester là où ils sont (Londres, Toronto, Paris ou Tokyo…) de participer à distance, via des projets de recherche collaboratifs ou du mentorat. Mais aussi, pour ceux qui le souhaitent, faciliter un retour plus concret : postes en université, en startups innovantes, en laboratoires ou dans des centres de recherche.

Et ce n’est pas qu’un rêve ministériel. Le dispositif est inscrit dans une vision royale plus large, celle d’une souveraineté scientifique marocaine à construire pas à pas, en s’appuyant sur les forces humaines éparpillées mais encore connectées.

​Une machine bien huilée pour une reconquête méthodique

L’architecture du programme repose sur un partenariat à trois têtes : le ministère, la Fondation OCP, et l’Université Mohammed VI Polytechnique. Autant dire que l’initiative ne repose pas sur une intuition politique passagère, mais sur une volonté structurelle, inscrite dans la loi-cadre n°51.17 et la stratégie éducative 2015-2030. Le CNRST vient renforcer l’aspect technique, avec un encadrement rigoureux.

Objectifs affichés : relever des défis majeurs comme la sécurité hydrique, la santé publique, la transition énergétique, ou encore les sciences humaines. Des domaines où la diaspora marocaine excelle déjà, mais ailleurs.

​Et si on revenait, mais pas comme avant ?

Derrière ce programme, une idée qui pourrait bien faire école : le retour au pays ne doit plus être vu comme une retraite ou un repli, mais comme un investissement humain de haute valeur. On ne rapatrie pas des individus, mais des réseaux, des pratiques, des visions. À la croisée de l’exportation des savoirs et de l’importation de nouvelles pratiques, ce plan incarne une forme de migration circulaire… pensée à l’envers.

Il reste à voir si ces talents, souvent habitués à un confort académique et scientifique hors normes, seront séduits. Mais une chose est sûre : le Maroc ne se contente plus d’attendre leurs CV. Il construit un écosystème d’accueil, avec des guichets dédiés, du financement adapté, une logistique souple et un message clair : « On vous attend, pas pour vos souvenirs, mais pour votre avenir ici. »

​Là où tous les gouvernements ont échoué, un trio peut-il réussir ?

Car soyons lucides : depuis trente ans, les tentatives de faire revenir les talents marocains partis étudier ou travailler à l’étranger ont, au mieux, suscité de beaux rapports… et au pire, de l’indifférence. Tous les gouvernements ont, d’une manière ou d’une autre, évoqué cette idée, sans jamais réussir à bâtir un cadre concret, encore moins à faire revenir en masse les exilés du savoir.

Alors, qu’est-ce qui change vraiment aujourd’hui ? La réponse tient en un mot : écosystème. Pour la première fois, ce n’est pas l’État seul qui appelle les cerveaux à rentrer — souvent à coups de discours patriotiques déconnectés du réel. Ici, c’est un trio d’acteurs crédibles et complémentaires qui prend le relais : la Fondation OCP pour le financement agile et l’ancrage industriel, l’Université Mohammed VI Polytechnique pour l’excellence académique et l’attractivité des projets, et le CNRST pour la légitimité scientifique et la coordination nationale.

Ce montage, hybride mais cohérent, est sans doute la carte la plus sérieuse jouée par le Maroc dans sa quête de souveraineté par le savoir. Mais réussiront-ils là où l’État seul a échoué ? Le pari reste risqué, mais au moins, cette fois-ci, les règles du jeu ont changé : ce ne sont plus les cerveaux qui doivent « prouver leur attachement », c’est le pays qui se met en position d’attraction.

​Et si ce retour tant espéré n’était qu’un mirage ?

Peut-on vraiment concurrencer les laboratoires de pointe nord-américains ou les universités européennes avec un simple budget d’incitation, aussi conséquent soit-il ? Le programme pèche peut-être par optimisme : les chercheurs marocains partis il y a dix, quinze ans, ont souvent bâti des vies, des familles, et des carrières à l’étranger. Le Maroc leur propose un retour, oui, mais est-ce un retour d’opportunité… ou de compromis ?

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Jeudi 24 Avril 2025

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