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Par Aziz Boucetta
Avec toute la considération due aux walis précédents Abdelkbir Zahoud et Saïd Ahmidouch, cela faisait six longues années que la région Casablanca-Settat attendait un wali qui ferait bouger les choses, le dernier ayant été Khalid Safir, parti vers d’autres aventures, rbaties, en 2017.
Entretemps, la région a connu la crise sanitaire et subit aujourd’hui un fort préoccupant stress hydrique, sans compter les conséquences des crises internationales. Toutes les régions sont certes logées à la même enseigne, mais Casablanca-Settat, c’est le tiers du PIB du pays, la moitié de son industrie et le tiers de ses services, 1er hub des IDE qui arrivent, 1er centre financier d’Afrique (3ème en zone MENA),… Casablanca est un gros morceau, il lui faut donc un bulldozer.
Et ce bulldozer porte un nom, Mohamed Mhidia. Sitôt installé, sitôt sur le terrain, sabrant large, lançant ses bulldozers (les vrais) pour libérer l’espace public, signant à tour de bras décisions et conventions et sanctions (quoiqu’avec quelques résistances dans le domaine de l’urbanisme…).
Nonobstant ces affligeantes images de livres enlevés sans élégance par des bennes de bulldozer et jetés pêle-mêle dans des bennes de camions, les populations ont plutôt bien accueilli les dégagements ainsi opérés sur la voie publique, attendant néanmoins des alternatives. M. Mhidia ne s’arrête pas en si bon chemin, il fait feu de tout bois et agit dans toutes les directions, intervient dans tous les domaines… et c’est sans doute là que réside le problème.
Cela a été dit maintes fois sur cette colonne, et aussi ailleurs, Casablanca (et les autres villes) ont besoin d’un(e) maire, qui gère, dirige, décide, agit, réagit et même, au besoin rugit. Pour la bonne tenue de nos villes et pour une riante démocratie participative, il est bon que l’élu soit à la manœuvre, vraiment, et que l’autorité soit en renfort et en soutien, surtout.
Une population peut apprécier l’action d’un wali ou d’un gouverneur, mais elle ne peut s’identifier à lui et encore moins se l’approprier, pour la simple raison qu’il « appartient » à sa maison « intérieure » ; un maire, c’est d’abord un élu, donc proche de la population, redevable...
à cette population et comptable devant elle, pouvant rester autant de temps qu’il le souhaite et que ses électeurs lui conservent leur confiance. En un mot, un wali pense administration et technique, un élu pense population et pratique ; les walis sont aujourd’hui issus des grandes écoles alors que les élus sont comme toujours produits de grandes manœuvres.
Un wali efficace et efficient va vite, comme Mohamed Mhidia va vite mais, responsable de la réalisation des objectifs et ne sachant jamais le terme de son mandat, il agit dans toutes les directions, au risque que son action devienne chaotique ou confuse, illisible, un peu comme à « hue et à dia ». C’est le risque auquel s’expose le wali Mhidia, malgré toute la bonne intention dont on peut lui faire crédit.
Entretemps, la région a connu la crise sanitaire et subit aujourd’hui un fort préoccupant stress hydrique, sans compter les conséquences des crises internationales. Toutes les régions sont certes logées à la même enseigne, mais Casablanca-Settat, c’est le tiers du PIB du pays, la moitié de son industrie et le tiers de ses services, 1er hub des IDE qui arrivent, 1er centre financier d’Afrique (3ème en zone MENA),… Casablanca est un gros morceau, il lui faut donc un bulldozer.
Et ce bulldozer porte un nom, Mohamed Mhidia. Sitôt installé, sitôt sur le terrain, sabrant large, lançant ses bulldozers (les vrais) pour libérer l’espace public, signant à tour de bras décisions et conventions et sanctions (quoiqu’avec quelques résistances dans le domaine de l’urbanisme…).
Nonobstant ces affligeantes images de livres enlevés sans élégance par des bennes de bulldozer et jetés pêle-mêle dans des bennes de camions, les populations ont plutôt bien accueilli les dégagements ainsi opérés sur la voie publique, attendant néanmoins des alternatives. M. Mhidia ne s’arrête pas en si bon chemin, il fait feu de tout bois et agit dans toutes les directions, intervient dans tous les domaines… et c’est sans doute là que réside le problème.
Cela a été dit maintes fois sur cette colonne, et aussi ailleurs, Casablanca (et les autres villes) ont besoin d’un(e) maire, qui gère, dirige, décide, agit, réagit et même, au besoin rugit. Pour la bonne tenue de nos villes et pour une riante démocratie participative, il est bon que l’élu soit à la manœuvre, vraiment, et que l’autorité soit en renfort et en soutien, surtout.
Une population peut apprécier l’action d’un wali ou d’un gouverneur, mais elle ne peut s’identifier à lui et encore moins se l’approprier, pour la simple raison qu’il « appartient » à sa maison « intérieure » ; un maire, c’est d’abord un élu, donc proche de la population, redevable...
à cette population et comptable devant elle, pouvant rester autant de temps qu’il le souhaite et que ses électeurs lui conservent leur confiance. En un mot, un wali pense administration et technique, un élu pense population et pratique ; les walis sont aujourd’hui issus des grandes écoles alors que les élus sont comme toujours produits de grandes manœuvres.
Un wali efficace et efficient va vite, comme Mohamed Mhidia va vite mais, responsable de la réalisation des objectifs et ne sachant jamais le terme de son mandat, il agit dans toutes les directions, au risque que son action devienne chaotique ou confuse, illisible, un peu comme à « hue et à dia ». C’est le risque auquel s’expose le wali Mhidia, malgré toute la bonne intention dont on peut lui faire crédit.
Mais au Maroc, quand on pense territoires, il semblerait que nous ayons toujours le réflexe de l’autorité. L’époque Hassan II avait eu ses walis célèbres et même mythiques, tantôt pour leur efficacité et leur engagement, tantôt pour leur domination omniprésente, parfois pour des choses moins glorieuses. Sous le règne de Mohammed VI, nous avons aussi nos walis emblématiques, et Mohamed Mhidia en est un.
Mais pas plus à la fin du 20ème siècle qu’au début du 21ème, nous n’avons pu donner naissance à des maires mythiques et/ou emblématiques. Or, comme un territoire ne peut fonctionner que par la symbiose élus/administrateurs territoriaux, c’est l’ensemble qui en devient bancal.
Alors Mohamed Mhidia à Casa, c’est le dégagement de l’espace public, c’est l’accélération des chantiers royaux, c’est la création de zones industrielles, c’est l’entame résolue de la réhabilitation de la Médina locale, c’est l’accélération du projet du littoral de la métropole, c’est un début de solution à la circulation chaotique dans la ville... Bien d’autres décisions sont prises, cette fois par le Conseil de la ville, ou celui de la région, mais il est très difficile de ne pas y voir une incitation, ou une facilitation, du wali.
La région est conjointement dirigée par le wali et le président du conseil régional, et la ville par les deux précédents en plus de la maire. Bien évidemment, les deux élus protesteront avec la dernière énergie qu’ils font le travail, qu’ils dirigent, qu’ils entreprennent, qu’ils confrontent voire affrontent le wali. Si cela est exact, ce serait en l’honneur de la ville et de notre si jeune et tellement perfectible démocratie.
Mais est-ce exact, ou la réalité est-elle ailleurs, dans la perpétuation de la tradition du wali d’abord, l’élu après… l’administration qui prime et la population qui trime ?
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost
Mais pas plus à la fin du 20ème siècle qu’au début du 21ème, nous n’avons pu donner naissance à des maires mythiques et/ou emblématiques. Or, comme un territoire ne peut fonctionner que par la symbiose élus/administrateurs territoriaux, c’est l’ensemble qui en devient bancal.
Alors Mohamed Mhidia à Casa, c’est le dégagement de l’espace public, c’est l’accélération des chantiers royaux, c’est la création de zones industrielles, c’est l’entame résolue de la réhabilitation de la Médina locale, c’est l’accélération du projet du littoral de la métropole, c’est un début de solution à la circulation chaotique dans la ville... Bien d’autres décisions sont prises, cette fois par le Conseil de la ville, ou celui de la région, mais il est très difficile de ne pas y voir une incitation, ou une facilitation, du wali.
La région est conjointement dirigée par le wali et le président du conseil régional, et la ville par les deux précédents en plus de la maire. Bien évidemment, les deux élus protesteront avec la dernière énergie qu’ils font le travail, qu’ils dirigent, qu’ils entreprennent, qu’ils confrontent voire affrontent le wali. Si cela est exact, ce serait en l’honneur de la ville et de notre si jeune et tellement perfectible démocratie.
Mais est-ce exact, ou la réalité est-elle ailleurs, dans la perpétuation de la tradition du wali d’abord, l’élu après… l’administration qui prime et la population qui trime ?
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost