CAN 2024 : la quête du Maroc pour remporter son deuxième titre continental


Rédigé par le Jeudi 18 Janvier 2024

OBJECTIF. Forts d'un parcours historique lors de la Coupe du monde au Qatar, les Lions de l’Atlas, considérés comme favoris en Côte d'Ivoire, ont pour ambition de revitaliser leur palmarès.



À la suite d'une brillante performance lors de la Coupe du monde au Qatar en 2022, les Lions de l'Atlas font leur retour sur la scène africaine, en Côte d'Ivoire, avec une détermination accrue à remporter une deuxième Coupe d'Afrique, 48 ans après leur premier triomphe le 14 mars 1976 en Éthiopie. Ce défi s'annonce d'autant plus ambitieux que, à l'exception du Sénégal, presque tous les favoris de la compétition (Égypte, Ghana, Nigeria et Algérie) ont connu des débuts décevants.

Les Lions de l'Atlas, ultrafavoris

Les Marocains sont conscients des attentes en Côte d'Ivoire. « Nous considérons être l'une des meilleures générations africaines, ayant atteint les demi-finales, un accomplissement que personne ne pourra nous enlever. Cependant, dans le vestiaire, j'ai fait part à mes joueurs :  “Si vous voulez entrer dans l'histoire, il faut gagner une Coupe d'Afrique.

” Si on gagne une Coupe d'Afrique, on sera la meilleure équipe africaine de l'histoire, jusqu'à ce qu'une autre équipe [africaine, NDLR] gagne la Coupe du monde", résumait le sélectionneur des Lions de l'Atlas, Walid Regragui, au sortir du match comptant pour la 3e place de la Coupe du monde face à la Croatie, ce qui n'a pas manqué de faire parler tant le niveau des équipes africaines lors des dernières CAN s'est considérablement amélioré.
« En Afrique subsaharienne, ça a toujours été compliqué pour le Maroc, a tenté de calmer le sélectionneur de 48 ans à l'approche de la compétition phare du continent. Je m'excuse auprès du peuple marocain parce que j'avais dit que, si on ne fait pas au minimum demi-finale [en Côte d'Ivoire], je quitterais la sélection de moi-même. Mais je pense qu'aujourd'hui il y a de meilleures équipes que le Maroc sur le continent. »

De nombreux changements en l'espace de quelques mois

Des commentaires plus modérés font écho à des performances en dents de scie sur le terrain. Depuis leur défaite contre les Bleus au Qatar, les Lions de l'Atlas ont enregistré des résultats irréguliers malgré leur solidité défensive et leurs compétences techniques. Placé dans le groupe F, le Maroc a été tiré dans une poule considérée comme abordable, bien que cela n'ait pas empêché Walid Regragui d'apporter des changements significatifs.

Au total, 11 nouveaux joueurs font leur apparition par rapport à la Coupe du monde 2022, dont 2 évoluant au pays, 3 basés en Afrique, et seulement 8 formés au Maroc. En comparaison, l'équipe demi-finaliste de la Coupe du monde comptait 4 joueurs de la Botola et 11 formés au pays. Avec El Yamiq qui a rejoint l'Arabie saoudite et le club d'Al-Wehda cet été, d'anciens joueurs tels qu'Achraf Dari et Badr Benoun, titulaires lors de la demi-finale de la Coupe du monde contre la France, n'ont pas été sélectionnés.

Résultat : 60 % de la charnière centrale marocaine qui n'a encaissé que cinq buts lors du Mondial (en demi-finale et match de classement) a été renouvelée. Des joueurs tels qu'Aboukhlal, ainsi que les attaquants Hamdallah, Cheddira et Sabri, dont les performances ont été mitigées, n'ont pas été convoqués. Une petite surprise réside dans l'inclusion de Sofiane Boufal, qui a rejoint le Qatar cet été et a manqué de nombreux matchs en raison de blessures depuis son départ au Moyen-Orient.
Un choix assumé par Regragui : « J'ai lui ai dit la vérité : c'est mon joker ; sur une liste de 23 joueurs, il n'aurait pas été sélectionné, mais j'ai confiance en lui et en ses qualités. Je suis persuadé qu'il nous le rendra, Boufal ne nous a jamais déçus en sélection, que ce soit pendant la CDM ou la dernière CAN. »

Un véritable pari, donc, pour l'ancien du Wydad et du FUS Rabat, élu meilleur entraîneur de l'année par la CAF en 2023.

1976, c'est (très) loin

Bien que le Maroc ait remporté des titres dans toutes les catégories, que ce soit en club ou en sélection, le titre majeur du football africain demeure insaisissable.
 « Plus les compétitions africaines avancent, plus on s'éloigne de la date où on l'avait remporté, mais ce n'est pas une raison pour se mettre la pression. Ce qui est important, c'est l'état d'esprit, on doit y aller en toute confiance pour dépasser la malédiction de la Coupe d'Afrique. » 

En tête de son groupe éliminatoire avec seulement trois équipes en raison de la disqualification du Kenya, le Maroc a assuré sa qualification pour la CAN. Néanmoins, les résultats mitigés avec une défaite en Afrique du Sud et un match nul en Côte d'Ivoire suggèrent que le statut de favori doit être relativisé. De plus, l'histoire montre qu'après des performances réussies en Coupe du Monde, aucune équipe africaine n'a réussi à confirmer immédiatement sur la scène continentale (Algérie en 1984, Maroc en 1988, Cameroun en 1992, Sénégal en 2004, Ghana en 2012).
 « Il faut que cette génération puisse gagner une Coupe d'Afrique dans les deux ou trois ans à venir. Comme je l'ai dit à mes joueurs, avant d'être le roi du monde, il faut être le roi chez soi. »

Comme je l'ai souligné auprès de mes joueurs, il est essentiel d'être le roi chez soi avant de prétendre régner à l'échelle mondiale. La situation du Maroc demeure complexe. Éliminés en quarts de finale lors de la dernière CAN par l'Égypte il y a trois ans au Cameroun (2-1, après prolongation), les Lions de l'Atlas semblent mieux préparés pour cette édition. Ils l'ont démontré ce mercredi à 18 heures contre la Tanzanie au stade Laurent-Pokou de San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire. Leur prochain défi sera contre la République démocratique du Congo le 21 janvier à 15 heures, suivi d'un affrontement avec la Zambie le 24 janvier à 21 heures.
 

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Salma LABTAR




Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 18 Janvier 2024
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