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Bye-bye Afghanistan !


Rédigé par le Vendredi 16 Avril 2021

Le 11 septembre 2021, jour anniversaire des attentats de 2001 aux Etats-Unis, les soldats américains devront quitter l’Afghanistan, leur second Viêt-Nam. Les grandes puissances eurasiatiques, Russie et Chine, savourent une victoire géopolitique obtenue sans combattre.



Ras le bol... On rentre à la maison !
Ras le bol... On rentre à la maison !
Les Etats-Unis viennent de perdre une autre guerre, la plus longue qu’ils aient jamais menée. Le président Joe Biden a déclaré, le 14 avril, que ses soldats partent d’Afghanistan le 11 septembre 2021.

Tous les observateurs de ce conflit en Asie centrale savent que le régime pro-occidental du président Ashraf Ghani ne tiendra pas plus de quelques semaines face aux Talibans.

Même avec le soutien des Etats-Unis, l’armée afghane se fait souvent rosser par les Talibans. Ces derniers contrôlent déjà la moitié du pays.

Tombeau des empires

20 ans après avoir attaqué et occupé ce pays d’Asie centrale, au nom de la guerre contre le terrorisme, les Américains s’en vont donc, la queue entre les pattes, comme, avant eux, les Soviétiques et les Britanniques.

L’Afghanistan confirme sa réputation de « tombeau des empires ».

Joe Biden a déclaré que les Etats-Unis ont « rempli » l’objectif consistant à ce que l’Afghanistan ne serve plus à nouveau de base arrière pour les attaquer.

Les Talibans avaient, en effet, refusé de livrer Oussama Ben Laden aux Américains tant que des preuves de son implication dans les attentats du 11 septembre 2001 ne leur auraient pas été fournies.

En fin de compte, l'administration Biden s'est alignée sur celle de Trump, qui a obtenu un accord entre les Talibans et le gouvernement afghan, signé en décembre 2020 au Qatar.

Jihadisme mutant

Talibans en attente du départ des Américains... Bien le bonjour chez-vous !
Talibans en attente du départ des Américains... Bien le bonjour chez-vous !
Sauf qu’en vingt ans, la nébuleuse islamiste terroriste a tellement mutée qu’elle n’a plus grand-chose à voir avec celle de l’époque d’Oussama Ben Laden.

Al Qaïda a vu ses succursales s’autonomiser en s’adaptant aux contextes locaux ou elles opèrent.

Ainsi, Hayat Tahrir Cham (Ex-Nosra), qui cherche à se donner une légitimité anti-régime Assad en Syrie, n’a pas le même mode opératoire qu’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), qui s’est faite la porte-parole de la rébellion Touareg au Sahel.

Le référentiel idéologique demeure le même pour toutes les branches régionales d’Al Qaïda, mais l’internationalisme des débuts a laissé place à un enracinement local, en fonction des objectifs géopolitiques de leurs commanditaires et financiers.


‘Flexibilité’ idéologique

Les mercenaires jihadistes à la solde du sultan néo-ottoman Erdogan n’ont pas répugné à combattre aux côtés des Chiites Azéris, ni hésité à affronter d’autres Sunnites en Lybie.

Ils sont anti-chiites au Yémen et pro-orthodoxes détachés du Patriarcat de Moscou en Ukraine. La flexibilité idéologique financièrement motivée, c'est, comme le savent tous les Takfiristes, aussi 'halal' que le Jihad sexuel.

La vraie menace réside plutôt en la 2ème internationale jihadiste, Daech, entité hybride dont le noyau dur a été constitué d’anciens officiers de l’armée, des services de renseignements et de radicaux sunnites irakiens.

Ce sont les deux perdants de la démocratisation de l’Irak post-Saddam, qui donne démographiquement le pouvoir aux Chiites.

Erreur génétique

Jihadistes à gage
Jihadistes à gage
Le rejeton d’Al Qaida au pays du Tigre et de l’Euphrate a renié sa génitrice pour se donner une dimension étatique.

Son attrait pour les takfiristes de l’ensemble de la planète fait qu’il compte des membres et sympathisants partout disséminés.

D’où sa mutation, après la destruction de ses structures étatiques, en Al Qaida-bis gonflée aux stéroïdes.

Les Daéchiens se rêvaient en Califat tentaculaire. Ils ont été ramenés à leur dimension naturelle d'organisation terroriste.

Persona-non-grata

Or, les Daéchiens, déjà infiltrés en Afghanistan, sont farouchement combattus par les Talibans, qui en ont leur claque des jihadistes arabes.

Il est à remarquer que contrairement à la résistance contre l'envahisseur soviétique, il n'y a pas eu d'appel à travers la Oumma islamique au Jihad en Afghanistan contre l'envahisseur américain.

"Prière de restez chez-vous, on se débrouille très bien tout seuls".

Les chances que les Daéchiens puissent y fonder un émirat après le départ des Américains sont plutôt maigres, sinon nulles.

Ambitions contradictoires

Soldates afghanes prêtes à affronter les Talibans
Soldates afghanes prêtes à affronter les Talibans
Les Américains semblent peiner à admettre qu’ils ont eux-mêmes réduits leurs chances de rester en Afghanistan en se mettant à dos les Russes et les Iraniens.

La Russie avait ouvert ses aéroports pour l’approvisionnement logistique des soldats américains en Afghanistan, en 2001.

L’Iran, pour sa part, avait apporté une aide cruciale à l’intervention des Etats-Unis chez son voisin de l’Est, antipathie chiite envers les Talibans sunnites oblige.

Repoussés à la périphérie

Le 11 septembre 2021 sera donc jour de fête en Eurasie. La thalassocratie anglo-saxonne est chassée du cœur du Rimland (l’Île du monde).

Moscou, Pékin et Téhéran vont pousser un ouf de soulagement de voir partir les Américains de leur arrière-cour en Asie centrale. Quand au Pakistan, il vient de damer un pion à son ennemi mortel, l’Inde.

On aurait cru que les Américains ont retenu quelques leçons en matière de guerre contre-insurrectionnelle depuis le Viêt-Nam, mais rien.

Systèmes d’armement de haute technologie et corruption des élites ont, pourtant, plus d’une fois prouvés leur inefficacité en la matière.

L’illusion technologique

Qui a dit que les Talibans ne croient pas aux Droits de la femme ?
Qui a dit que les Talibans ne croient pas aux Droits de la femme ?
Rien ne vaut les bottes sur le terrain et une bonne compréhension de la culture des populations pour lutter efficacement contre des groupes armés pratiquant la guérilla. L’Histoire militaire ne cesse de le démontrer.

La répulsion à perdre des hommes au combat, combinée à une fixation maladive sur les bénéfices du complexe militaro-industriel, ont fait que les Etats-Unis ne pouvaient que perdre encore une fois ce conflit asymétrique.

Engagée dans une guerre contre le terrorisme qui n’en finit plus depuis vingt ans, avec un budget militaire qui représente près des deux cinquième de celui de l’ensemble des pays du globe, quel conflit militaire les Etats-Unis ont-ils remporté durant cette période ?

Aucun !





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 16 Avril 2021

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