Budget 2025 : Barnier en sursis, Macron sous pression


Rédigé par le Lundi 25 Novembre 2024

Débat - Podcast ci-dessous : les chroniqueurs de la Web Radio débattent des idées contenues dans cet article à travers ces questions :
Quel est l’enjeu principal du projet de loi de finances 2025 en France ?
Comment la crise politique actuelle menace-t-elle la stabilité gouvernementale ?
Quelles sont les conséquences possibles d’une motion de censure adoptée ?



Loi de finances 2025 ou la crise républicaine !

Alors que le projet de loi de finances 2025 passe au Maroc comme sur des roulettes, le PLF français va faire tomber le gouvernement? Incapable de s’assurer d’une majorité claire à l’Assemblée nationale, l’exécutif pourrait être contraint de recourir au 49.3 pour faire adopter ce texte fondamental. Mais cette éventualité risque de déclencher une motion de censure de la part des oppositions, mettant en péril la stabilité du gouvernement et, par extension, celle de l’ensemble de la Cinquième République.

Si ces scénarios restent, pour l’heure, des spéculations, ils révèlent une réalité politique incontournable : le gouvernement de Michel Barnier navigue dans des eaux particulièrement tumultueuses. L’avenir du projet de loi de finances, et par extension celui du gouvernement, dépendra des choix stratégiques à venir et de la capacité de l’exécutif à éviter une crise institutionnelle majeure.

Le projet de loi de finances pour 2025 est un texte crucial pour le gouvernement. Il définit les grandes orientations budgétaires de l’État, notamment en matière de dépenses publiques, d’investissements et de réduction du déficit. Cependant, dans un contexte économique tendu, marqué par une inflation persistante, une dette publique élevée et une croissance atone, ce budget est loin de faire l’unanimité.
 

Les oppositions, qu’elles soient issues de la gauche (NFP), de la droite (RN), dénoncent un projet jugé insatisfaisant, soit parce qu’il impose des coupes budgétaires trop sévères, soit parce qu’il ne va pas assez loin dans la réduction des dépenses, ou encore à cause des taxes sur la classe moyenne et les entreprises qui ne cesse de croitre. Cette fragmentation des critiques complique encore davantage la tâche de l’exécutif, qui doit composer avec une majorité relative à l’Assemblée nationale depuis les élections anticipées.

Face à ces divisions, l’exécutif pourrait être tenté de recourir à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet de faire adopter un texte sans vote, sauf si une motion de censure est déposée et adoptée. Cet outil, bien que légal, est souvent perçu comme un aveu de faiblesse politique, notamment lorsqu’il est utilisé à répétition.
 

Depuis le début du second mandat d’Emmanuel Macron, le 49.3 a déjà été utilisé à plusieurs reprises, notamment pour la très controversée réforme des retraites. Chaque fois, il a déclenché une vague de critiques, alimentant les accusations de « passage en force » et de mépris des institutions démocratiques.
 

Si le gouvernement choisit cette voie pour faire adopter la loi de finances 2025, il s’exposera à une réaction immédiate des oppositions, qui pourraient déposer une motion de censure. Cette dernière représente une menace réelle dans le contexte actuel, où les oppositions semblent prêtes à s’unir temporairement pour faire tomber le gouvernement.


L’adoption d’une motion de censure nécessiterait une majorité absolue à l’Assemblée nationale, soit 289 voix. Si les oppositions de gauche, et de droite parviennent à s’entendre, ce seuil pourrait théoriquement être atteint.


Si elle venait à aboutir, cette motion de censure entraînerait automatiquement la chute du gouvernement de Michel Barnier. Le rejet du budget plongerait alors le pays dans une crise politique et institutionnelle majeure.
 

En cas de chute du gouvernement, Emmanuel Macron pourrait désigner un nouveau Premier ministre, autre que l'actuelle, chargé de former une équipe capable de rassembler une majorité parlementaire. Mais dans un contexte de fragmentation politique extrême, cette tâche semble presque insurmontable.


Dans l’hypothèse où le projet de loi de finances serait rejeté, et les motion de censure votée, le gouvernement suivant n’aurait d’autre choix que de proposer un budget identique à celui de 2024. En effet, les délais nécessaires pour élaborer un nouveau texte, limiteraient considérablement les marges de manœuvre.
 

Cette situation mettrait en lumière une impasse institutionnelle : même en cas de changement de gouvernement, les solutions budgétaires resteraient limitées, rendant la crise politique encore plus aiguë.


Cette situation illustre les limites du système politique actuel, où la fragmentation des forces politiques rend toute gouvernance stable quasiment impossible. Depuis les élections législatives anticipées, le gouvernement navigue à vue, multipliant les compromis pour éviter les blocages parlementaires. Mais cette stratégie, loin de résoudre les problèmes, ne fait qu’alimenter la défiance envers les institutions et renforcer le sentiment d’une démocratie en crise.


Face à cette impasse, certains observateurs évoquent une hypothèse radicale : la démission d’Emmanuel Macron et l’organisation d’élections présidentielles anticipées. Sachant que ni le président actuel, ni son successeur ne pourrait dissoudre l'assemblée nationale, avant juin 2025, une véritable situation de blocage. 
 

Bien que cette option Gaulienne soit rare dans l’histoire de la Cinquième République, elle pourrait permettre de redonner la parole au peuple et de clarifier les rapports de force politiques. Cependant, elle comporte également des risques majeurs. Une démission présidentielle ouvrirait la voie à une campagne électorale incertaine, où des figures comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon pourraient émerger comme favoris, bouleversant ainsi l’équilibre politique actuel.
 

En outre, une telle décision poserait la question de l’efficacité à long terme d’un changement de président, dans un contexte où les contraintes économiques et institutionnelles resteraient inchangées.

Le débat autour de la loi de finances pour 2025 dépasse largement les questions budgétaires. Il met en lumière une crise politique plus profonde, où les divisions parlementaires, la fragilité de l’exécutif et la défiance envers les institutions s’entremêlent.
 

Si le gouvernement parvient à éviter une motion de censure, il ne fera que repousser l’échéance d’un affrontement inévitable avec les oppositions. En revanche, si la crise s’intensifie, la France pourrait se retrouver face à des choix décisifs : changement de gouvernement, voire démission présidentielle.
 

Dans tous les cas, cette situation illustre une vérité implacable : la Cinquième République, conçue pour garantir la stabilité politique, semble aujourd’hui incapable de répondre aux défis d’une société fragmentée et polarisée.

Un scénario digne d'une série Netflix, qui sera sans doute suivie avec beaucoup de curiosité, aussi bien par le gouvernement marocain que par notre élite politique.


Débat - Podcast ci-dessous : les chroniqueurs de la Web Radio débattent des idées contenues dans cet article à travers ces questions :

Quel est l’enjeu principal du projet de loi de finances 2025 en France ?
Comment la crise politique actuelle menace-t-elle la stabilité gouvernementale ?
Quelles sont les conséquences possibles d’une motion de censure adoptée ?

Débat à ècouter  (22.69 Mo)


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Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la… En savoir plus sur cet auteur
Lundi 25 Novembre 2024
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