Par Souad Mekkaoui
Et oui, qu’on apprécie ou non sa manière de faire, il a démontré de par ses sorties inopinées que même s’il a perdu ces dernières années un peu de sa popularité, il continue tout de même à déstabiliser certains hommes politiques en jouant tantôt le pitre feintement naïf, tantôt le lanceur d’alerte ostentatoirement alarmiste.
Bref, sa dernière sortie du dimanche 22 mai est un meeting à peine voilé, une campagne électorale avant l’heure où le « je » d’ego prend le dessus. En bonne bête politique puisqu’il aime le sens de la référence à l’animalité dans ses discours, il confirme encore son statut de fédérateur fort de sa popularité qu’il s’est faite, chemin faisant, par ses communications entre populisme et insinuations enrobées de menaces implicites. Aveugle donc est celui qui ne voit pas que le Secrétaire général du parti de la lampe ne tente pas de reprendre du poil de la bête et risque de montrer, sous peu, ses crocs sous le rire narquois.
L’art de souffler le chaud et le froid
Pendant presque deux heures, Benkirane a su maintenir l’attention de son auditoire dont il arrachait les applaudissements et les interactions par des questions rhétoriques, astuce qu’il manie non sans fourberie. Son discours délibératif, ses stratégies discursives et sa maîtrise démagogique ont force de provoquer et d’accroître l’adhésion des esprits à ses thèses et en cela Benkirane a l’art de décrédibiliser ses adversaires ou plutôt son ennemi juré qui n’est autre que Aziz Akannouch.
S’il manque de gouvernance, en loup rusé, il a le flair de tout ce qui pourrait jouer en sa faveur pour se construire l’image d’un homme courageux, garant des valeurs de la société conservatrice qui défie -soi-disant- les élites. Ceci en sachant bien qu’en même temps, il déconstruit l’ethos de celui qui est dans son viseur, devant un auditoire captivé par un langage de proximité et des gestes théâtralement travaillés. Bien entendu, Benkirane n’a toujours pas digéré une pilule qui lui reste au travers de la gorge et c’est Aziz Akhannouch qui, pour le chef du pjd, en est le seul responsable.
Là encore, il use de ses subterfuges pour faire croire à l’auditoire et à tous ceux qui l’écoutent qu’aucun autre Exécutif ne pourra égaler la gestion de celui qu’il a dirigé en rappelant encore et toujours la réforme de la caisse de compensation dont il avoue assumer ses responsabilités pleinement puisque son but à lui a toujours été de travailler pour l’intérêt d’un État fort, dit-il, n’en déplaise aux citoyens. Son argument ? L’État peut venir en aide aux citoyens mais pas le contraire.
Ce en quoi il a raison. Bien sûr, le coup devait assommer son rival qu’il ramène dans son discours. Il dira donc de lui : « Je ne dirai pas à Aziz Akhannouch de dégager comme certains le font mais je lui dis : Bouge et ne te focalise pas sur l’avenir. Ne fais pas attention si les gens apprécient ou non et s’ils vont voter pour toi prochainement ». C’est dire que « notre héraut » est dangereux en stratagèmes. Il sait comment faire avaler les couleuvres sans grande peine. Et d’ajouter : « Je ne peux pas fermer les yeux quand il s’agit de l’intérêt du pays quitte à ce que je paye le prix fort », en parlant du parti « soutenu » dit-il, par qui ?
Seul Benkirane le sait. D’ailleurs, un peu plus tard, il se laisse aller, bien sûr, intentionnellement, dans le récit « historique » de son parti qui, d’après lui, « n’a jamais été accepté par l’État dès le premier jour de sa création ». Le jeu de Benkirane, quoique malsain, le sert dans la manipulation de certains suiveurs qui voient en lui l’homme providentiel surtout quand il dit : « Nos mêmes ennemis qui ne nous aimaient pas avant nous ont aimés le 20 février … Nous avons accepté parce que nous avons vu que le pays était en danger … ».
Sa fourberie est telle que dès que l’idée qu’il cherche à installer dans les esprits commencent effectivement à se tracer, il s’empresse à semer la confusion. « Nous sommes attachés à la monarchie et cela dérange certains bien qu’ils soient collés à cette même monarchie ».
Avant d’ajouter :
Bref, sa dernière sortie du dimanche 22 mai est un meeting à peine voilé, une campagne électorale avant l’heure où le « je » d’ego prend le dessus. En bonne bête politique puisqu’il aime le sens de la référence à l’animalité dans ses discours, il confirme encore son statut de fédérateur fort de sa popularité qu’il s’est faite, chemin faisant, par ses communications entre populisme et insinuations enrobées de menaces implicites. Aveugle donc est celui qui ne voit pas que le Secrétaire général du parti de la lampe ne tente pas de reprendre du poil de la bête et risque de montrer, sous peu, ses crocs sous le rire narquois.
L’art de souffler le chaud et le froid
Pendant presque deux heures, Benkirane a su maintenir l’attention de son auditoire dont il arrachait les applaudissements et les interactions par des questions rhétoriques, astuce qu’il manie non sans fourberie. Son discours délibératif, ses stratégies discursives et sa maîtrise démagogique ont force de provoquer et d’accroître l’adhésion des esprits à ses thèses et en cela Benkirane a l’art de décrédibiliser ses adversaires ou plutôt son ennemi juré qui n’est autre que Aziz Akannouch.
S’il manque de gouvernance, en loup rusé, il a le flair de tout ce qui pourrait jouer en sa faveur pour se construire l’image d’un homme courageux, garant des valeurs de la société conservatrice qui défie -soi-disant- les élites. Ceci en sachant bien qu’en même temps, il déconstruit l’ethos de celui qui est dans son viseur, devant un auditoire captivé par un langage de proximité et des gestes théâtralement travaillés. Bien entendu, Benkirane n’a toujours pas digéré une pilule qui lui reste au travers de la gorge et c’est Aziz Akhannouch qui, pour le chef du pjd, en est le seul responsable.
Là encore, il use de ses subterfuges pour faire croire à l’auditoire et à tous ceux qui l’écoutent qu’aucun autre Exécutif ne pourra égaler la gestion de celui qu’il a dirigé en rappelant encore et toujours la réforme de la caisse de compensation dont il avoue assumer ses responsabilités pleinement puisque son but à lui a toujours été de travailler pour l’intérêt d’un État fort, dit-il, n’en déplaise aux citoyens. Son argument ? L’État peut venir en aide aux citoyens mais pas le contraire.
Ce en quoi il a raison. Bien sûr, le coup devait assommer son rival qu’il ramène dans son discours. Il dira donc de lui : « Je ne dirai pas à Aziz Akhannouch de dégager comme certains le font mais je lui dis : Bouge et ne te focalise pas sur l’avenir. Ne fais pas attention si les gens apprécient ou non et s’ils vont voter pour toi prochainement ». C’est dire que « notre héraut » est dangereux en stratagèmes. Il sait comment faire avaler les couleuvres sans grande peine. Et d’ajouter : « Je ne peux pas fermer les yeux quand il s’agit de l’intérêt du pays quitte à ce que je paye le prix fort », en parlant du parti « soutenu » dit-il, par qui ?
Seul Benkirane le sait. D’ailleurs, un peu plus tard, il se laisse aller, bien sûr, intentionnellement, dans le récit « historique » de son parti qui, d’après lui, « n’a jamais été accepté par l’État dès le premier jour de sa création ». Le jeu de Benkirane, quoique malsain, le sert dans la manipulation de certains suiveurs qui voient en lui l’homme providentiel surtout quand il dit : « Nos mêmes ennemis qui ne nous aimaient pas avant nous ont aimés le 20 février … Nous avons accepté parce que nous avons vu que le pays était en danger … ».
Sa fourberie est telle que dès que l’idée qu’il cherche à installer dans les esprits commencent effectivement à se tracer, il s’empresse à semer la confusion. « Nous sommes attachés à la monarchie et cela dérange certains bien qu’ils soient collés à cette même monarchie ».
Avant d’ajouter :
« Notre Roi me connaît bien et sait que je l’aime et que je porte dans mon cœur la monarchie qui va obligatoirement évoluer et nous avec sans bras de fer qui a toujours œuvré au Maroc pendant toutes années et qui a fait qu’au lieu, malheureusement, qu’on prenne des prérogatives de la monarchie c’est elle qui a pris des prérogatives des partis si bien que les partis demandent, aujourd’hui, l’arbitrage de Sa Majesté ».
« Je dis aux Marocains qu’en 2016 j’ai retardé la constitution du gouvernement pendant tout un mois en attendant que le RNI élise officiellement Akhannouch à la tête du parti. J’ai tenu à ce que lui et Moulay Hafid soient dans l’Exécutif parce que j’étais convanicu qu’ils étaient de bons ministres et parce que le Roi voulait qu’ils y soient ».
Ses allusions sont à peine voilées et n’ont qu’un seul objectif : perturber et remettre tout ce qui entoure le processus démocratique en question. N’était-ce pas lui qui avait déjà, lors d’un live, affirmé, juste avant les élections, qu’ON préparait le terrain et qu’ON ouvrait les portes à Aziz Akhannouch pour le mettre à la tête du gouvernement ?
Dans son discours de revanchard laissant voir toute la rage qui reflète les bleus à l’âme d’un homme politique dont le parti a dû essuyer un échec fracassant lors des dernières élections. D’où ses attaques affichées aux « ingénieurs qui ont orchestré le 8 septembre » comme il laisse entendre.
Et le summum de la prestidigitation est lorsqu’il laisse entendre une anecdote assez ridicule en racontant qu’un ami à qui on a dit que Aziz Akhannouch était le nouveau chef de gouvernement a répliqué : Ah Akhannouch est devenu DONC Benkirane ? N’est-ce pas le paroxysme de l’arrogance d’un ancien chef de gouvernement désireux d’imbrique et de de coller dans les esprits l’image du chef de gouvernement à sa personne et qualifie son successeur de « bricoleur »?
Entre le loup et l’ânon, la politique déserte
Pour ne pas changer, notre cher ancien chef de gouvernement qui adore faire le parallélisme entre le monde de la politique et celui des animaux pour ne pas dire la jungle, s’approprie l’image d’un lion qui même quand il est affaibli fait fuir les autres dès qu’il rugit. C’est dire que ses références animalières changent selon le comparé tant et si bien que Rachid Talbi Alami ne pèse pas plus qu’un « ânon » pour Benkirane, qualifié lui de vieux loup par Talbi Alami.
Dès lors, les boulets rouges sont tirés dans tous les sens et les boucliers sont levés. Le populisme bat son plein et la scène politique se convertit en cirque. Ceci étant, la symbolique animale dans la caricature politique de chez nous n’a rien à voir avec d’autres pays, preuve en est que notre « De la Fontaine » (Benkirane) compare Poutine à … une grenouille !
D’ailleurs, cela nous rappelle la marche du parti de l’Istiqlal à laquelle avait pris part un nombre important d’ânes, le 22 septembre 2013. Chabat avait alors déclaré d’un ton sarcastique :
« C’est un gouvernement qui ne parle que d’animaux, c’est pour cette raison que nous avons décidé d’utiliser un langage animalier qu’il peut très bien comprendre ». Aujourd’hui, à notre grand malheur, c’est le populisme qui sauve la face. Et comme dirait Alexis de Tocqueville : « En politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés ».
Et là une question s’impose d’elle-même : A quoi ressemble désormais le débat politique au Maroc ? A un bestiaire ? Il est révolu le temps où les voix des partis politiques résonnaient au Maroc. Il est bien loin le temps où ces partis politiques portaient et défendaient des idéaux, des convictions et des valeurs.
Nouvelle ère pour nous les Marocains qui devons subir les clashs puérils de nos hommes politiques qui n’ont rien de politique que les intérêts personnels, l’ego démesuré et les règlements de comptes avec toutes ces dissensions d’égo et ces guerres partisanes. La dégradation du discours politique est notre lot depuis quelques années. Jamais la médiocrité n’a autant sévi et n’a été aussi présente sur le champ politique au fil des gouvernements précédents.
Abdelilah Benkirane, décidé à venger son parti et à redorer son blason, sort sa kalachnikov pour tirer sur le RNI ou plus précisément l’actuel chef de gouvernement parce qu’avec lui la politique c’est des personnes et non des partis.
Aujourd’hui, le monde politique est devenu une jungle où les rapaces s’arrachent le gibier. Le cynisme est devenu l’arme politique de ces partis faits à chaux et à sable.
Les règlements de compte à la façon Benkirane n’étonnent plus toutefois il faut bien l’avoir à l’œil tel du lait sur le feu. On ne sait jamais quand il débordera.
Brutalisation de la parole politique, attaque, calomnie et invective sont les marques de fabrique de Abdelilah Benkirane, qui de par son attitude polémique, vise à détruire son adversaire en mettant l’accent sur sa personne. En se livrant à ses propos injurieux, il se place dans une position haute se donnant le droit d’infliger une correction à tout le monde tel un maître rappelant la leçon à ses élèves. Son fort est d’administrer des coups en usant de la violence verbale comme mode d’affirmation politique.
Ne l’oubliant pas, Benkirane a cette faculté inouïe de rassembler les gens autour de lui et d’avoir un ascendant incroyable sur eux avec son accessibilité bien travaillée et sa spontanéité calculée. D’autant plus qu’il le dit clairement dans son discours ciblé : « Je ne fais pas cela pour prendre la place d’Akhannouch mais si cela continue c’est ce qui risque d’arriver et ce sera moi ou quelqu’un d’autre ».
Aujourd’hui, il est clair qu’il y a un vide énorme sur la scène politique. La communication étant le parent pauvre de notre gouvernement, Benkirane de par ses envolées persiste à s’accaparer la scène. Et si de l’autre côté, les autres la désertent, ils donneront l’avantage à celui qui excelle dans l’art de l’oralité espiègle et agit au quart de tour.
Rédigé par Souad Mekkaoui sur Maroc Diplomatique