Fanion russe à la main et entouré de quelques uns de ses combattants, Yevgeny Prigozhin, le patron du groupe militaire privé Wagner, a annoncé, le samedi 20 mai, la prise de la ville de Bakhmut par ses troupes.

L’information a été confirmée, le lendemain, par le ministère de la défense russe. Les « musiciens » de Wagner ont même eu droit à des félicitations de la part du président russe, Vladimir Poutine.

Kiev continue de nier la perte de Bakhmut, alors que les médias occidentaux se contentent de reprendre les déclarations contradictoires des deux adversaires, sans trop insister sur ce sujet, malgré l’importance stratégique de cette ville de l’Est de l’Ukraine.

La bataille de Bakhmut, entamée en août 2022, a vu s’affronter les mercenaires du groupe Wagner, plus tard soutenus sur leurs flancs par des bataillons de parachutistes russes, aux soldats ukrainiens, également appuyés par les miliciens du régiment néonazi Azov.

Les forces russes déployées à Bakhmut étant beaucoup mieux dotés en pièces d’artillerie, drones et soutien aérien, les forces ukrainiennes n’avaient que peu de chance de parvenir à garder le contrôle de la ville.

Ceci n’a, toutefois, pas empêché l’état-major ukrainien d’envoyer, des mois durant, de nouveaux renforts se faire broyer à la bataille de Bakhmut, considérée par plusieurs experts militaires comme l’équivalent de celle de Verdun, qui s’est déroulée pendant la 1ère guerre mondiale.

La nouvelle de la chute de Bakhmut tombe au moment ou l’attention de tous les médias et observateurs est centrée sur la contre-offensive que l’armée ukrainienne prépare depuis plusieurs mois, mais qui tarde à être lancée.

De hauts responsables militaires ukrainiens ne cessent de répéter que leur approvisionnement en matériel et munitions par leurs alliés occidentaux est insuffisant pour mener à bien une attaque contre les positions retranchées des forces russes, que ces dernières ont eu largement le temps de bien renforcer.

Les dirigeants politiques et militaires ukrainiens savent, cependant, qu’ils doivent produire des résultats probants à présenter à leurs alliés occidentaux, dont les opinions publiques sont de plus en plus lassées de cette guerre et de ce qu’elle leur coûte.

La prise de contrôle de la Chambre des représentants des Etats-Unis par la majorité républicaine, peu disposée à continuer à financer l’effort de guerre de l’Ukraine contre la Russie pour de si maigres résultats, est un autre souci majeur de la direction ukrainienne.

Kiev est, donc, prise entre le marteau des pressions des alliés occidentaux, qui veulent voir les troupes ukrainiennes marcher sur Moscou pour les débarrasser du si détesté président Poutine, et l’enclume des forces armées russes, suffisamment équipées, retranchées et motivées pour détruire les assaillants ukrainiens si la fameuse contre-offensive venait à être déclenchée sans qu’elle ne soit correctement préparée.

L’entêtement de Kiev à défendre Bakhmut a coûté à l’armée ukrainienne tellement cher en ressources humaines qualifiées et matérielles que c’est même l’une des raisons du report de la contre-offensive.

Maintenant que Bakhmut est très probablement passée entièrement sous le contrôle de l’armée russe, le moral des troupes ukrainiennes doit être au plus bas.

Un assaut qui serait mené dans les conditions actuelles par les forces ukrainiennes contre les positions retranchées russes risque fort de ressembler à la fameuse « Charge de la brigade légère » lors de la guerre de Crimée (1853-1856), quand la cavalerie anglaise s’est faite décimer par l’artillerie russe.

L’Ukraine serait-elle en train de perdre définitivement la guerre ? Les pays occidentaux ne le permettraient jamais. Sauf s’ils n’ont d’autres choix que de constater les dégâts.