Le climat économique du Maroc semble de plus en plus marqué par un affrontement discret mais puissant entre deux figures emblématiques :Ssi  Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, et Ssi Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM). Ce duel, bien que feutré, révèle des divergences profondes sur la politique économique du Royaume, en particulier sur la gestion des taux d’intérêt et leurs répercussions sur l’investissement et l’emploi.

Tout commence lors de la décision surprenante de BAM en juin dernier, où Jouahri opte pour une baisse inattendue de 25 points de base du taux directeur, contre les prévisions du marché. Une décision que la majorité des analystes et professionnels considèrent comme un moyen d’encourager la reprise économique.

Toutefois, en septembre, BAM choisit de maintenir le statu quo, décevant ainsi les attentes. Cet immobilisme de la banque centrale a provoqué une réaction immédiate à la Bourse de Casablanca, où l’indice Masi a chuté de près de 1 %, un signe tangible du mécontentement des investisseurs.

Ce mécontentement semble être partagé par l’équipe Ssi Akhannouch, qui dénonce une politique monétaire jugée trop conservatrice, freinant selon eux la croissance du pays. Dans leur optique, les indicateurs économiques plaident pour une nouvelle baisse des taux : l’inflation est modérée, les grandes économies assouplissent leur politique monétaire, et le Maroc a un besoin urgent de dynamiser son économie pour générer des emplois.

Mais Ssi Jouahri, fidèle à son approche prudente, ne semble pas partager cette vision.

L’opposition entre ces deux hommes n’est pas seulement une affaire de chiffres. Elle symbolise deux visions radicalement différentes de la gestion économique du Maroc. Ssi Akhannouch, entrepreneur dynamique et pragmatique, cherche à relancer rapidement l’activité en stimulant l’investissement, tandis que Ssi Jouahri, chantre de l’orthodoxie financière, prône la stabilité et la prudence. Ces divergences rappellent les tensions passées entre les deux, notamment en 2023, lorsque BAM avait relevé les taux pour freiner une inflation galopante.

Ce dernier épisode révèle non seulement une opposition de style, mais aussi un désaccord plus profond sur la stratégie à adopter pour le futur du Maroc. Du côté de Bank Al-Maghrib, on voit la politique du gouvernement comme précipitée et risquée, tandis que du côté de la primature, on accuse BAM de freiner l’élan économique du pays. Ce duel à fleurets mouchetés prend une tournure de plus en plus critique, surtout à l’approche des prochaines élections où Ssi Akhannouch semble viser un second mandat.

Ce qui est en jeu, c’est bien plus qu’une simple question de politique monétaire. Derrière ces échanges se dessine l’avenir économique du Maroc, avec des répercussions majeures pour les citoyens.

Quelle approche est la plus adaptée à la conjoncture actuelle ? Faut-il privilégier la relance immédiate, au risque de déstabiliser les équilibres financiers, ou bien maintenir une politique prudente pour préserver la stabilité à long terme ?

Ces questions resteront au cœur du débat, d’autant que le chômage des jeunes grimpe, et que la situation sociale devient de plus en plus tendue, comme l’ont montré les événements récents à Fnideq.

Alors que Ssi Jouahri appelle à la responsabilité du gouvernement face à ces défis, Ssi Akhannouch semble vouloir accélérer à tout prix. Ce bras de fer entre deux des figures les plus influentes du pays promet d’agiter encore longtemps la scène économique et politique marocaine.