Par Aziz Boucetta
1/ Les billets des matchs, un possible scandale. Que s’est-il passé ? Des billets ont-ils été distribués, par qui, comment, combien et pour combien, et à qui ? Est-il normal que la Fédération n’ait pas eu vent de cela, sauf à penser, et prouver, que des membres de la Fédération soient impliqués ? Quelle est la réalité de la vente des billets RAM, et pourquoi le Qatar a-t-il déprogrammé des vols de la compagnie nationale ? Mesdames et Messieurs les juges, à vos questionnements, puis à vos questions.
Un enregistrement audio a circulé, mettant en cause un certain Mohammed el Hidaoui, député RNI et président de l’Olympique Club de Safi (Botola 1). Cet individu aurait commis une indélicatesse avec des billets pour cette demi-finale qui a opposé le Maroc à la France. Le RNI a alors fougueusement réuni son comité de discipline et d’arbitrage de la Région Marrakech-Safi et le député aurait été virilement suspendu dans l’attente que ledit comité statue sur son sort.
Fort bien, mais si cela est avéré, ce n’est pas une suspension qu’il faut, mais une enquête judiciaire, des poursuites et une remontée du fil d’Ariane, pour nettoyer les écuries d’Augias. Le nom de Mohamed Boudrika est cité dans l’affaire, avec insistance dans plusieurs médias. MM. El Hidaoui et Boudrika sont élus de la Nation, le second étant même membre du Bureau de la Chambre des représentants. Avérés, les faits seraient plus qu’un scandale, une ignominie.
Coupables ou non, il appartient au parti dirigeant la majorité de ne pas se taire à jamais. Il doit s’interroger, s’exprimer, demander, exiger une enquête sur les deux hommes, faire saisir le parquet ou se constituer partie civile pour éloigner tout soupçon de nature à salir, oui salir, le nom d’un pays qui s’est hissé aux sommets à l’occasion de ce Mondial et qui, après l’exploit, est tenu à l’exemplarité.
Et l’exemplarité, c’est la vérité, toute la vérité, c’est la justice, rien que la justice.
Le nom du Maroc étant cité, et lié à une franche et condamnable tentative de corruption, et le chef du gouvernement, ci-devant ministre de l’Agriculture, étant directement impliqué, il appartient à ce dernier, Aziz Akhannouch, de réagir et de rétablir la vérité. Lorsqu’en 2021, l’Etat marocain avait été accusé d’espionner un peu tout le monde au moyen du logiciel Pegasus, il avait esté en justice contre plusieurs médias, et il a fallu une laborieuse guérilla judiciaire française pour évacuer la responsabilité de ces médias qui accusent sans preuve. Et qui, aujourd’hui, persistent et insistent.
Il est donc important que le chef du gouvernement Aziz Akhannouch, récemment vu en compagnie de plusieurs chefs d’Etat dont Joe Biden visionnant les exploits marocains, fasse la même chose, et qu’il poursuive José Bové devant les tribunaux français, pour que ce dernier prouve ce qu’il a dit, ou qu’il soit condamné pour diffamation. Se taire serait au mieux un aveu de faiblesse, au pire un aveu tout court. Le Maroc mérite mieux, ainsi que le disait le RNI lors de ses campagnes électorales. (Depuis la publication de ce billet, on apprend que le chef du gouvernement a déposé trois plaintes contre José Bové, avec constitution de partie civile, pour diffamation).
Dans ces deux affaires, le RNI est impliqué, mais dans la seconde, c’est le nom du royaume qui est associé à des manœuvres frauduleuses, criminelles. Cela ressemble fort à un acte inscrit dans la vaste action de Maroc bashing en cours en Europe en général, en France et en Belgique en particulier, une action menée par des gens peu scrupuleux, et enclins à faire feu de tout bois. Il serait bien regrettable, navrant, qu’après qu’une trentaine de jeunes aient écrit en lettres d’or le nom de leur pays, une poignée de véreux ou de journalistes tendancieux le salissent...
En l’espace d’un mois, le Maroc aura réalisé et engrangé bien plus de notoriété qu’en 50 ans de promotion ; le monde en parle, les populations le regardent et s’y intéressent. Il est déjà très difficile, en effet, de réaliser l’exploit, et il est aujourd’hui plus difficile et désormais nécessaire de s’inscrire dans l’exemplarité et la justice. A défaut des secondes, le premier aura été inutile et insignifiant. Après l’accueil qu’il réservera à ses jeunes méritants, le Maroc leur doit le respect de la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.