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Le débat est certes une chose heureuse, mais parfois il dévie et bloque des dynamiques prometteuses. Cela se produit quand l’émotion, ou la peur, sont convoquées par les débatteurs. Et c’est le cas avec la question du vaccin. Faut-il l’accepter ou non ? Faut-il opter pour l’injection indo-britannique d’AstraZeneca ou pour la chinoise Sinopharm ? Où sont les dangers tus ? Quels sont les mensonges ?... Questions légitimes s’il en est…
Depuis le début de la pandémie, la parole s’est déchaînée sur les réseaux, avec bien évidemment une certaine audience, voire une audience certaine, pour les tenants de la thèse du complot. Un film documentaire a même été réalisé, au titre éloquent de « Hold-up », enregistrant des millions de vues une poignée de semaines seulement après sa sortie sur les réseaux … et, bien entendu, dans la Grande Amérique, l’ancien président Donald Trump a tout fait pour minimiser l’impact de la maladie, voire même la mettre en doute ; lui-même contaminé, il a failli y rester, puis il est parti, laissant plusieurs de ses petits ici et là, distillant des vérités simples destinées à des gens simples.
Il n’y a après tout « que » deux millions de morts dans le monde, disent-ils, évoquant ad nauseam les épidémies précédentes qui, elles, avaient emporté des dizaines de millions de personnes… Le taux de létalité de ce virus n’est aussi « que » de 2%, affirment-ils, alors que celui de la grippe espagnole était de l’ordre du double… Autre « vérité » : la grippe saisonnière occasionne bien plus de morts, ce qui est scandaleusement faux, sauf à considérer que le chiffre de 650.000 décès annuels imputés à la grippe saisonnière est supérieur à celui des 2 millions déjà enregistrés pour la Covid, en dépit de toutes les spectaculaires et planétaires mesures prises…
Soit. On peut croire à ce que l’on veut et rejeter le reste. On peut se montrer sceptique face au réchauffement de la planète ou au coronavirus, et même croire que Donald Trump est un philanthrope érudit ou que l’Arabie saoudite est un pays de droit et de droits… Mais des réalités sont là, des chiffres tombent, effrayants, des économies sont exsangues, des sociétés sont sévèrement bousculées… La Covid tue, et tuera encore sans le vaccin.
Et il y a eu ces chefs d’Etat vaccinés. Observons les scènes… Kamala Harris, Benyamin Netanyahou ou, hier, Mohammed VI… Grand rire nerveux pour la première, sourire crispé pour le second, calme apparent pour le troisième. Ces personnalités, qui disposent d’informations plus détaillées et plus fouillées que celles fournies au commun des mortels que nous sommes, ont accepté de se faire administrer le vaccin, montrant qu’il n’y a pas de danger à se faire piquer. On peut certes penser qu’ils en ont reçu un faux, qu’il y a de la manip dans ces opérations de com, que, que, que… mais pourquoi ne pas faire simple et croire, tout simplement donc, aux bénéfices des injections pour que, enfin, la vie retrouve son cours normal… si on puit dire.
Une grippe normale ne tue pas autant de médecins que la Covid-19 : 150 en Italie pour le premier mois de l’épidémie, 276 en Egypte à début janvier 2021, 75 en France au mois d’octobre… Une maladie normale ne tue pas autant de « célébrités », qui ont les moyens de leurs soins, l’âge n’expliquant pas tout : Manu Dibango, Pape Diouf, Larry King, Saëb Erakat, Jean-Louis Servan-Schreiber, Valery Giscard d’Estaing et bien d’autres, sportifs, hommes d’affaires… Une grippe normale ne tue pas autant de monde dans notre entourage que ce virus venu de nulle part… ni ne plonge ceux qui en sont atteints dans des états de détresse respiratoire comme on le sait.
Le complotisme se nourrit également des contradictions manifestes des gouvernants, eux-mêmes « baladés » par les grands et petits fabricants du vaccin. Le monde entier tangue et les certitudes vacillent, mais nous aurons toujours les éternels sceptiques mus par des considérations qui sont leurs mais qui leurrent des populations qui en redemandent. Dans l’étau formé par des « militants » intéressés et par ceux qui font l’intéressant, c’est l’espoir de l’humanité que l’on écrase.
Alors oui, les choses ne sont pas très claires, mais elles ne l’ont jamais été plus auparavant. Nous consommons des aliments congelés et bourrés de produits chimiques, nous prenons des médicaments sans trop poser des questions, nous vivons dans une atmosphère polluée en nous en accommodant…
Alors, pourquoi ne pas accepter ce vaccin qui nous permettra de reprendre une existence « normale » ? Il est pour l’instant la seule véritable porte de sortie à une crise dont on ne sait comment sortir. Mohammed VI, Elisabeth II, François 1er, Harris, Biden l’ont fait, et ils ne sont ni fous ni inconscients.
Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com