Il y a, donc, 2971 ans, un Amazigh de Libye, Sheshonq 1er, est monté sur le trône d’Egypte. Il a fondé la 22e dynastie des pharaons.
L'an "zéro" en Egypte
Ammar Negadi a, ainsi, estimé illustre de rattacher ce fameux an « zéro » à un évènement politique qui s’est pourtant déroulé en dehors de la sphère ethnoculturelle amazigh.
Il ne pouvait pas, cependant, faire mieux. Nos ancêtres amazighs avaient la fâcheuse tendance de ne pas être portés sur l’écriture. Leur vecteur essentiel de transmission des connaissances était oral. Cela a toujours posé problème aux historiens.
Le peu que l’on sait de l’antiquité amazigh, on le lit sous forme de hiéroglyphes égyptiennes ou on le tient d’auteurs grecs et romains, avant la venue des Arabo-musulmans.
Les enfants de Mazir
Avant que le test d’ADN révélant l’ascendance ne vienne réduire à néant les illusions « raciales » des uns et des autres, il était de bon ton au Maghreb de sur-dimensionner les particularités ethnoculturelles par volonté manifeste de se distinguer.
C’était, toutefois, utile de rappeler que le Maroc (comme les autres pays du Maghreb) a eu une histoire avant l’islamisation, qui ne se réduit pas à ce que nous avons tous appris à l’école primaire : « Les Berbères, enfants de Mazir, ceux qui sont venus du Yémen et du Chem (Syrie), en passant par l’Ethiopie et l’Egypte… ».
Le désir de vivre ensemble
Cet ancien roi de l’antique Maroc, un helléniste reconnu en son temps, s’est également fait une réputation comme auteur d’un ouvrage de pharmacopée. Il y a quand même de quoi être fier pour un Marocain, et ce quelle que soit son origine ethnique.
Parce qu’en fait, qu’est-ce qu’une nation ? Des ancêtres communs ? Bien sûr que ce n’est pas le cas (les Etats-Unis constituent un contre-exemple parfait à ce sujet.). Un ou plusieurs ennemis communs ? C’est par contre, malheureusement, souvent le cas, puisque c’est l’un des meilleurs moyens de cimenter « un peuple ».
Le Marocain se retrouverait, cependant, mieux dans la définition qu’en avait donnée Ernest Renan : « Le désir de vivre-ensemble ».
Carrefour de brassage
Le Maroc est un carrefour naturel. Au Sud, l’Afrique subsaharienne, de laquelle nous ne sommes séparés par le désert que depuis 12.000 ans (un clin d’œil en somme). Le commerce transsaharien a toutefois maintenu, depuis lors, les liens vivaces.
Venant d’Orient, les conquérants arabo-musulmans ont surpris les Amazighs en étant les premiers et seuls à avancer depuis le Sahara. Puis, l’apport religieux en bannière, ils ont fusionné dans le substrat local.
Au nord, l’Europe méditerranéenne, latine, partiellement germanisée, d’abord païenne, ensuite chrétienne catholique, avant d’être laïcisée. Ce sont ceux-là qui nous avaient, jadis, appelés les Maures. Déjà, ils ne faisaient aucune distinction entre Arabes et Amazighs.
Saveurs d'Orient
Ce sont les Amazighs Almoravides qui ont promu l’enseignement de l’arabe classique au Maroc, pour mieux apprendre et comprendre le Coran, à en croire « L’Histoire du Maghreb » d’Abdellah Laâroui. La dynastie des Almohades, de la confédération tribale amazigh des Masmoudas, n’en a pas fait moins.
Il est également intéressant de noter que les tribus amazighs Zenatâs qui se sont alliées à celles, arabes, des Banou Maaquil, venues au Maroc dans les pas des Banou Hilal et Banou Souleym, qui ont déferlé sur le Maghreb entre le 10e et 13e siècles, se sont volontairement arabisées. Une influence acceptée, donc, plutôt que subie.
Nos différences, notre richesse
L’an de grâce 2970 s’est plutôt bien achevé. Les racistes polisariens ont été vaincus par les cosmopolites Marocains et les liens avec nos compatriotes juifs d’Israël ont enfin été renoués.
Tazmert, tumert uk talwit iw aseggas (santé, joie et sérénité pour l’année) 2971.
Par Ahmed NAJI