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Antarctique : Découverte d'un immense "réservoir" d'eau souterrain


Rédigé par le Vendredi 19 Août 2022

Dans une récente étude publiée le 5 mai 2022 dans la prestigieuse revue Science, une équipe de chercheurs américains annonce avoir fait une découverte aussi étonnante qu'intrigante dans les entrailles de l'Antarctique occidental.



D'immenses quantités d'eau salée dans les entrailles de l'Antarctique


Cette immense quantité d'eau salée s'est accumulée dans le sous-sol du continent blanc voilà plusieurs milliers d'années. Elle pourrait avoir un impact déterminant sur l'évolution du réchauffement climatique.  Sous la calotte glaciaire du "continent blanc", les scientifiques ont détecté la présence d'un gigantesque réservoir d'eau souterrain, dont le volume équivaut à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
"Si vous pouviez extraire toute cette eau et la regrouper à la surface, la profondeur irait d'environ 220 mètres à 820 mètres", détaille Chloe Gustafson, post-doctorante à l'Institut océanographique de Scripps situé à San Diego (États-Unis) et à l'origine de ces recherches, auprès de la BBC."A titre de comparaison, l'Empire State Building mesure environ 440 mètres de haut.
Donc, au moins profond, cette eau monterait à mi-hauteur de l'Empire State Building, et au plus profond, elle submergerait presque deux Empire State Buildings.

Ce réservoir a été repéré lors d'une expédition menée sur le Whillans Ice Stream, un courant glaciaire qui alimente l'immense barrière de glace de Ross, grâce à une technique connue sous le nom de magnétotellurique, basée sur l'enregistrement des variations de résistivité du sous-sol, et permettant de détecter les divers matériaux présents en profondeur.
Il se situe au coeur d'une couche de sédiments très anciens, principalement d'anciennes boues et sables océaniques, qui se sont saturés d'eau de mer salée il y a des milliers d'années, lorsque la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental était beaucoup moins étendue qu'elle ne l'est aujourd'hui.
L'importante quantité d'eau salée est retenue dans les espaces interstitiels situés entre 500 et 2 000 mètres de profondeur et se trouve prise en "sandwich" entre entre le courant de glace et la roche mère du sous-sol.
"J'aime penser à ces sédiments comme à une éponge géante", s'amuse la Dr Chloe Gustafson. "Les gens soupçonnaient depuis longtemps que cette nappe phréatique était là, mais c'est la première fois que nous avons vraiment pu la mesurer", explique de son côté Helen Fricker, glaciologue à l'Institut océanographique de Scripps, et co-autrice de ces travaux.
Une mauvaise nouvelle pour le climat ?Selon les chercheurs, il existe de fortes probabilités pour que d'immenses réservoirs souterrains du même type existent à d'autres endroits de la région, hors de leur zone de recherches. Par ailleurs, cette découverte pourrait avoir une influence importante sur les futurs modèles qui simulent les impacts à moyen et long terme du réchauffement climatique.En effet, l'eau à la base des glaciers et des courants glaciaires sert généralement à lubrifier leur mouvement. Or, un transfert d'eau vers ou hors de ce réservoir profond aurait donc potentiellement le pouvoir de ralentir ou d'accélérer le glissement de la glace.Lire aussi :Réchauffement climatique : pourquoi les populations devraient s’éloigner des côtes dès aujourd’hui
Le Dr Tom Jordan, qui mène des investigations géophysiques sur les structures profondes de l'Antarctique, considère ainsi que les eaux souterraines sont potentiellement relativement chaudes en raison de la chaleur des roches du sous-sol. "Si vous déversez ensuite cette eau chaude à l'interface du lit de glace, cela pourrait accélérer l'écoulement de la glace", explique-t-il.
Un postulat qui, s'il venait à être confirmé, ne serait évidemment pas une bonne nouvelle pour le climat sur notre planète, puisqu'un d'autres termes, ce réservoir pourrait contribuer à la fonte des glaces et à la montée des eaux à travers le globe.
Pour aller plus avant dans ces travaux, l'équipe de chercheurs du Scripps veut répéter les mêmes analyses du côté du glacier Thwaites.
Un lieu qui n'a pas été sélectionné au hasard : ce glacier, grand comme la Grande-Bretagne, a vu la vitesse de sa fonte doubler au cours des 30 dernières années. Et la communauté scientifique craint que ce phénomène ne contribue de manière significative à l'élévation du niveau de la mer à l'échelle mondiale.


Sources : sciences





Hafid Fassi fihri
Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne,... En savoir plus sur cet auteur
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