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Allemagne : le retour de la peste brune ?


Rédigé par le Mardi 10 Septembre 2024

Le gouvernement d’Olaf Scholz a tremblé suite aux récents résultats du parti d’extrême droite allemand AfD aux élections régionales en Thuringe et en Saxe. De Berlin à Washington, en passant par Paris, l’épouvantail du populisme sert-il à cacher l’échec du libéralisme « éveillé » ?



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Björn Höcke, leader du parti allemand d'extrême droite AfD en Thuringe
Björn Höcke, leader du parti allemand d'extrême droite AfD en Thuringe
Le parti « Alternative pour l’Allemagne », catégorisé à l’extrême droite de la scène politique allemande, a remporté les élections régionales organisées, début septembre, en Thuringe (centre de l’Allemagne), avec plus de 32% des voix. Il s’est également classé 2ème en Saxe, avec 30% des voix, suivant de près le principal parti d’opposition en Allemagne, l’Union chrétienne démocrate, CDU, qui a obtenu près de 32% des votes.

« L’AfD, c’est-à-dire l’Alternative pour l’Allemagne, devient le premier parti d’extrême droite à remporter les élections régionales allemandes depuis l’ère nazie », se lamente CNN. Les médias allemands rappellent que le leader du parti AfD en Thuringe, Björn Höcke, a été condamné deux fois pour avoir prononcé des slogans nazis, du style "Deutschland über alles" (L'Allemagne par dessus-tout) et « Alles für Deutschland » (Tout pour l’Allemagne) que se plaisaient à scander les chemises brunes guidés par un ancien caporal psychopathe.

Pour ne rien arranger aux affaires de l’establishment allemand, un autre parti populiste, d’extrême gauche dans ce cas, le parti de Sahra Wagenknecht, issu d’une scission du parti de gauche allemand « Die Linke », qui a dissous son groupe parlementaire en décembre 2023, a également enregistré de bons scores aux élections régionales.

Il y a du gaz dans l’eau

Le point commun entre ses deux partis allemands des deux extrêmes opposés ? Ils récusent l’hostilité de leur gouvernement envers la Russie et le suivisme envers les Etats-Unis. Le parti d’extrême droite, fondé en 2013, se distingue, pour sa part, par son discours anti-immigration et son euroscepticisme.

S’agit-il là d’une surprise électorale ? Nullement, puisqu’un sondage YouGov, publié en juin 2023, donnait déjà l’AfD deuxième dans les intentions de vote des Allemands, derrière le CDU. 

Comment l’Allemagne en est-elle arrivé là ?

Une fois écarté l’argument stupide de l’influence des « discours de la haine » sur les réseaux sociaux (ces derniers devenant la cible des gouvernements européens qui veulent à tout prix les mettre au pas, foulant aux pieds le principe de liberté d’expression), il apparaît une réalité socioéconomique allemande qui souligne surtout les mauvais choix politiques du gouvernement Scholz.

Quel intérêt avait l’Allemagne a emboîté le pas aux Etats-Unis dans sa politique hostile à la Russie en Ukraine ? Aucun, si ce n’est la perte d’accès des opérateurs industriels allemands à l’énergie fossile russe bon marché.

Bizarrement, après les révélations sur l’implication de l’Ukraine dans le sabotage du gazoduc Nord Stream 2 en Mer baltique, tout ce qu’a réussi à faire la justice allemande, c’est de lancer un mandat d’arrêt européen contre… un moniteur ukrainien de plongée sous-marine !

Naufrage de l’industrie automobile

Une récente information suffit à elle seule à révéler l’ampleur de la crise dans laquelle se trouve l’industrie, et par extension l’économie, allemande, suite au sevrage forcé des hydrocarbures russes. 

Le 1er septembre, le groupe de construction automobile allemand Volkswagen a annoncé, via communiqué, la prochaine fermeture d’usines et des licenciements massifs en Allemagne, et ce pour la première fois de son histoire qui s’étale sur 87 ans !

Inutile de rappeler l’importance de l’industrie automobile en Allemagne et son poids dans ses exportations. C’est même un élément constitutif de l’image de marque de l’Allemagne.

Pourquoi l’Allemagne s’acharne à s’autodétruire ?

Certains Allemands se plaisent, actuellement, à chanter : « Ausländer raus ! » (Les étrangers dehors !). Ce ne sont, pourtant, pas les immigrés et autres réfugiés en Allemagne qui ont décidé de la hausse des dépenses militaires et de la baisse de celles, sociales.

L’Histoire se répète, la première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce, disait un certain allemand du nom de Karl Marx.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mardi 10 Septembre 2024

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