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On commençait à se dire que cette fois peut-être, les caporaux d’Alger qui tiennent les fils de Tebboune ont compris qu’ils risquent de tout perdre s’ils ne réagissent pas convenablement face aux graves problèmes intérieurs et qu’ils allaient se consacrer à les résoudre. Mais Tebboune a veillé à rappeler, à tout le monde, que l’opposition au Maroc est le fondement même de toute politique algérienne.
Providentiel « ennemi extérieur »
À son corps défendant, le Maroc sert aux dirigeants algériens à continuer de priver leurs citoyens de leurs droits.
Ainsi, quand la marionnette des caporaux agite l’épouvantail « Maroc » face aux Algériens, c’est pour leur rappeler que la libération des prisonniers du Hirak, ce n’est pas pour se remettre à dénoncer la gabegie dans le pays voisin.
D’accord pour mettre dehors des députés incapables d’orthographier correctement le prénom du président des Etats-Unis et des ministres qui n’ont pas été capables de ternir l’image du Maroc sur les scènes africaine et internationale.
Mais il ne faut surtout pas aller jusqu’à croire que c’est pour leur incompétence et leur corruption qu’ils ont été remerciés.
Parce que le but ultime de toute politique, a tenu à souligner Tebboune, c’est de mettre des bâtons dans les roues du Maroc, qui a l’outrecuidance d’ignorer les provocations et d’avancer paisiblement ses pions.
Complotistes revendications
Ni de penser à offrir quelques bananes à des primates qui n’en ont pas mangé pendant 30 ans, au point d’en perdre la raison.
Bref, tout ce qui a trait à la satisfaction des besoins primaires des Algériens relève, forcément, du complot maroco-sionisto-américano-franco-martien contre la « grande puissance » progressiste-anti-impérialiste-révolutionnaire qu’est l’Algérie, comme personne ne peut l’ignorer.
Les médias aux ordres du régime des caporaux ont d’ailleurs bien fait entendre la voix de leurs maîtres : tous les opposants algériens réfugiés à l’étranger sont des agents du Maghzen, point barre.
Au-delà du ridicule du propos, on s’imagine les agents des services de renseignements marocains afficher un large sourire de satisfaction puisque le témoignage de leur efficacité par la présidence et le ministère de la Défense algériens pourrait leur servir d’argument pour demander des augmentations.
Hérésie financière
Imaginez qu’à fin 2013, le trésor algérien croulait sous une montagne de 194 milliards de dollars de réserves de change. Lors de la présentation du projet de loi de finances 2021, Aymen Benabderrahmane, argentier du pays voisin, a annoncé qu’il n’en restait, fin 2020, que 51,6 milliards.
Il n’y en aura pas plus de 46,8 milliards, au terme de l’année en cours. Mais, présage-t-il, les années 2022 et 2023 vont se montrer clémente et les dites réserves seront rehaussées, Inch Allah, à 50 milliards.
Il n’y a pas eu, cependant, grand monde pour croire en cette histoire à dormir debout. Selon les propres prévisions de l’Etat algérien, ses recettes d’exportation des hydrocarbures ne vont pas dépasser, cette année, les 23,2 milliards de dollars. Alors que le déficit budgétaire serait de quelque 20 milliards de dollars.
Avant même la pandémie, les finances de l’Algérie étaient déjà mal en point. On ne voit vraiment pas comment elle peut redresser la barre avec les conséquences de la crise sanitaire.
C’est la faute au Maroc !
Oui, je sais, c’est la faute au complot maroco-sionisto-américano-franco-martien contre « grande puissance » progressiste-anti-impérialiste-révolutionnaire. Mais cette fable, plus personne n’y croit, au pays voisin. Détourner les regards vers « l’ennemi classique » à l’Ouest pendant que les caisses se vident, la combine est éventrée.
Il est probable que les dirigeants algériens ont cherché à s’approprier le caftan marocain pour pouvoir le porter, en perspective de la danse du ventre que les insoumis du Hirak vont les presser de faire quand ils les auront attrapé, au son de « Sbabi ntya » de Cheb Khaled.
Par Ahmed NAJI