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Algérie–Union européenne : vers une guerre commerciale larvée ?

Spécial dossier sur l'économie algérienne


Rédigé par La Rédaction le Samedi 5 Avril 2025



Un partenariat mis à l’épreuve par des restrictions unilatérales

Depuis 2005, l’Algérie est liée à l’Union européenne (UE) par un Accord d’association qui devait favoriser l’intégration commerciale et le développement des échanges. Mais, depuis 2021, Alger a multiplié les restrictions sur les exportations et les investissements européens, suscitant l’inquiétude croissante de Bruxelles. En juin 2024, la Commission européenne a lancé une procédure officielle de règlement des différends contre l’Algérie, marquant un tournant dans les relations bilatérales.

Au cœur du conflit : des mesures jugées protectionnistes. L’Algérie impose désormais des limitations drastiques à l’importation de nombreux produits — agricoles, industriels, véhicules à moteur — au nom de la protection de sa balance commerciale. Dans le même temps, elle entrave les investissements étrangers dans certains secteurs jugés stratégiques, comme l’agroalimentaire, la distribution ou les services.

Un repli souverainiste aux relents autoritaires

Pour Alger, ces décisions relèvent d’un choix stratégique : préserver sa souveraineté économique, relancer la production nationale et éviter la "désindustrialisation par l’importation". Mais pour Bruxelles, elles constituent des violations claires des engagements contractuels, notamment sur la liberté d’établissement, la non-discrimination et la transparence réglementaire.

Cette divergence de perception s’inscrit dans un climat plus large de repli économique où l’État algérien renforce son contrôle sur les secteurs dits “vitaux”, au nom des “intérêts stratégiques de la nation”. Or, ce recentrage s’est souvent traduit par un cadre juridique flou, des procédures opaques, et un rejet croissant des normes multilatérales.

Un impact dissuasif sur les investissements directs étrangers (IDE)

Ces tensions ne sont pas sans conséquences. Alors que l’Algérie tente d’attirer des partenaires étrangers pour relancer son économie, notamment dans l’énergie et l’industrie, le message envoyé aux investisseurs européens est ambigu. L’UE représentait historiquement plus de 50 % du commerce extérieur de l’Algérie, et ses entreprises figuraient parmi les premiers pourvoyeurs d’IDE.

Or, selon le rapport 2024 de la CNUCED, l’Algérie n’a attiré que 1,2 milliard USD d’IDE, malgré les opportunités offertes par la rente énergétique. Ce chiffre reste faible pour un pays de plus de 46 millions d’habitants, surtout face à la concurrence des marchés marocain, égyptien ou tunisien, plus ouverts et juridiquement plus sûrs.

Un dialogue difficile, mais encore possible

Bruxelles cherche à résoudre le conflit par la voie diplomatique, en activant les mécanismes prévus par l’Accord d’association. Mais Alger campe sur ses positions, évoquant sa priorité à l’emploi local, à la production nationale et à la souveraineté industrielle.

Les prochaines étapes seront décisives : en l’absence d’accord, l’UE pourrait saisir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou appliquer des mesures de rétorsion ciblées. Une telle escalade risquerait d’aggraver l’isolement commercial de l’Algérie, au moment même où elle tente de diversifier ses partenaires et relancer ses exportations hors hydrocarbures.

Cette crise révèle les contradictions d’une Algérie qui veut à la fois attirer l’investissement étranger, protéger son tissu productif, et affirmer sa souveraineté. Le risque d’un isolement accru n’est pas à négliger, à moins d’un revirement stratégique ou d’un compromis intelligent avec ses principaux partenaires économiques.

Dossier spécial de "L'Eco Business" de ce week-end sur l'Algérie économiquement parlant :

1-L’illusion de la diversification économique en Algérie : entre annonces présidentielles et réalités structurelles
Focus sur les retards, blocages administratifs et dépendance persistante au pétrole malgré des projets emblématiques.
2-Hydrocarbures : le talon d’Achille de l’économie algérienne face aux enjeux de transition énergétique
Analyse des limites de Sonatrach, la faible part des renouvelables, et les conséquences des investissements insuffisants.
3-L’inflation algérienne vue du quotidien : quand un poulet coûte 10 % du SMIC
Témoignages et données sur l’impact de l’inflation sur les ménages, et le désajustement des salaires publics.
4-Les contradictions du modèle social algérien : subventions, chômage indemnisé et inactivité de masse
Enquête sur les effets pervers du système de redistribution, et l’incapacité à stimuler l’emploi productif.
5-Le pari raté de la politique industrielle : que reste-t-il de l’ambition d’un "Made in Algeria"?
Bilan des projets (automobile, sidérurgie, ciment), obstacles à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
6-Algérie-UE : vers une guerre commerciale larvée ?
Analyse des tensions autour des restrictions à l’exportation, les réactions de Bruxelles et les risques pour les IDE.
7-La transition énergétique algérienne : entre potentiel solaire et dépendance fossile
Algérie : le soleil brille, mais la transition énergétique reste dans l’ombre
8-Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?
Un capital humain sous-exploité

A lire dans L'ECO Business de cette semaine






Samedi 5 Avril 2025

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