Algérie : La politique de la terre brulée


Partout dans le monde les forêts brûlent. Partout encore les perturbations climatologiques se signalent par des inondations sans précédent et de vagues de chaleur record. En Sibérie, le mercure a flirté avec les 50°. La Californie, l’un des plus riches Etats de la plus grande puissance mondiale, assiste depuis ces dix dernières années, presque impuissante à une succession d’incendies, chaque année un peu plus ravageurs.



Par Naïm Kamal

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Rien que pour l’été en cours, l’un des plus chauds, le pourtour méditerranéen où au Maroc on a enregistré des températures jamais égalées, les incendies se sont succédé à une vitesse infernale. Portugal, Espagne, France, Italie, Grèce, Turquie, Israël, Tunisie, Algérie, Maroc, et même la désertique Libye ont connu des feux de forêt plus ou moins importants selon le bon gré du thermomètre, les caprices des vents, la densité de la végétation, l’efficacité et la proactivité de la gestion des espaces forestiers, la promptitude des autorités à réagir et le degré de préparation des soldats du feu et des moyens dont ils disposent. 
 
La France échappe au brasier

 

La quasi-totalité de ces pays a fait face aux flammes, indiquant tout au plus, ce qui est normal, avoir ouvert une enquête pour déterminer les circonstances du déclenchement des feux avec pour principal objectif de mieux en connaitre les conditions pour encore mieux les anticiper à l’avenir. Seule l’Algérie, réunissant pour l’occasion pas moins que le Haut conseil de sécurité sous la présidence du président, se fend d’un communiqué dénonçant un complot de dimension internationale imbriquant comploteurs nationaux et puissances étrangères. Au banc des coupables : les amazighs du MAK, les islamistes du Rachad, le Maroc chérifien et l’hébreu Israël. 
 

Miraculeusement cette fois-ci, la France a échappé à l’inculpation. Ce qui se comprend : Alger ne peut impliquer Paris et en même temps solliciter son aide et ses canadairs, déclinant l’offre marocaine de soutien. Ce qui est en soi moins compréhensible. Car à ce que l’on sache, ce n’est pas le Maroc qui occupé ce qui allait devenir l’Algérie un siècle et trente ans durant et fait, selon les croyances de la mémoire collective algérienne, un million et demi de martyrs. 
 

L’accusation du Maroc, on peut en rire, mais on peut aussi y répondre par une contre-accusation. Celle-là même que véhiculent certains milieux kabyles affirmant, parfois à l’appui d’images d’un hélicoptère bombardier d’eau embrasant la montagne, que l’intensité des incendies ne s’explique que par la politique de la terre brûlée systématique du pouvoir algérien, résolu dans ce cas précis à punir cette Kabylie rebelle qui n’a cautionné, par sa totale abstention, ni l’élection du président en place ni le parlement qu’il s’est offert. 
 
Une question de bon sens

 

Mais si au Royaume chérifien on n’a pas l’habitude d’accuser sans preuves tangibles et irrécusables, on a en revanche celle d’être une obsession algérienne en permanence accusés de tous les maux de l’Algérie. C’est tellement plus simple, pour un pouvoir incapable, de se défausser de son incurie sur les autres. A de demander s’il n’y a pas dans ce tentacule difforme qui étouffe l’Etat algérien et contrôle ses rouages un seul sage pour dire à ce Haut conseil de la sécurité qu’il avait mieux à faire que de se réunir pour mettre le drame algérien sur le dos du voisin ?
 

Comme, par exemple, examiner objectivement, calmement, sereinement, pourquoi et comment un riche pays qui se veut l’Etat pivot du Maghreb, du Sahel et de Navarre ; qui a encore dans ses réserves, en dépit de la gabegie, 40 milliards de dollars ; qui se targue d’avoir la plus grande armée de la région, parade avec des missiles Iskander et se vante d’avoir les forces aériennes les plus en pointe, se retrouve contraint de quémander des canadairs à l’Union Européenne pour faire face à des feux de forêt.   

Rédigé par Naïm Kamal sur https://quid.ma   



Jeudi 26 Aout 2021

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