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Par Jamal Hajjam
"Réunis en Israël, le Mossad israélien, la DGSE française et la DGED marocaine complotent contre l’Algérie". Ça, c'est la nouvelle trouvaille de la presse algérienne affidée dans sa quasi-totalité au régime piloté par l'armée.
Cette affirmation abracadabrantesque référée à des "sources crédibles" -entendez par là la machine à mensonges et à propagande du Club des Pins-, en dit long sur l'état d'incertitude et d’angoisse dans lequel se trouve l'Algérie des généraux, engluée dans de graves problèmes et dissensions internes. Par un tel bobard, les "stratèges" galonnés du régime tenteraient d'attribuer d'éventuels troubles dans le pays, fort plausibles au regard de la tension qui prévaut, à cette assertion refuge qu'est la "main étrangère", ressassée à volonté.
Les villes d'Alger, Oran, Tizi Ouzou et Béjaïa, arrêtées par les fameuses "sources crédibles" comme étant les agglomérations visées par le "complot tripartite", sont d'ailleurs celles-là mêmes qui furent le principal théâtre des manifestations du "hirak" étalé sur plus d'une année avant d'être étouffé dans la répression, crise Covid aidant.
Les activistes pro-hirak, avec ceux du mouvement Rachad et ceux du mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, voir d'autres groupes ethniques aux velléités séparatistes, sont ainsi avertis. L'accusation d'intelligence avec des puissances étrangères est désormais fin prête et l'opinion publique algérienne "sensibilisée" sur le danger qui guette le pays du fait de la connivence entre des Etats "ennemis" et des "traîtres" de l’intérieur, tous pré-désignés. La technique consiste à diaboliser tout le monde pour parer au soutien et à l’adhésion populaire à un "hirak" trop préoccupant, dont la flamme ne semble pas avoir été éteinte.
En découvrant donc ce qui se trame, les James Bond du renseignement algérien auront réalisé un exploit historique sans précédent puisqu'ils auraient réussi à infiltrer un conclave d'une si haute sensibilité, en plein Israël, placé qui plus est sous le sceau du "top secret" comme l'ont d'ailleurs précisé les fameuses "sources crédibles". Et, pour faire sérieux, on a pris le soin de préciser le nombre des éléments des services de renseignement français et marocain présents à la rencontre secrète du Mossad : quatre pour le premier et douze pour le second. Quelle précision et quelle efficacité ! Ne manquent que les noms et les grades...
Cette affirmation abracadabrantesque référée à des "sources crédibles" -entendez par là la machine à mensonges et à propagande du Club des Pins-, en dit long sur l'état d'incertitude et d’angoisse dans lequel se trouve l'Algérie des généraux, engluée dans de graves problèmes et dissensions internes. Par un tel bobard, les "stratèges" galonnés du régime tenteraient d'attribuer d'éventuels troubles dans le pays, fort plausibles au regard de la tension qui prévaut, à cette assertion refuge qu'est la "main étrangère", ressassée à volonté.
Les villes d'Alger, Oran, Tizi Ouzou et Béjaïa, arrêtées par les fameuses "sources crédibles" comme étant les agglomérations visées par le "complot tripartite", sont d'ailleurs celles-là mêmes qui furent le principal théâtre des manifestations du "hirak" étalé sur plus d'une année avant d'être étouffé dans la répression, crise Covid aidant.
Les activistes pro-hirak, avec ceux du mouvement Rachad et ceux du mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, voir d'autres groupes ethniques aux velléités séparatistes, sont ainsi avertis. L'accusation d'intelligence avec des puissances étrangères est désormais fin prête et l'opinion publique algérienne "sensibilisée" sur le danger qui guette le pays du fait de la connivence entre des Etats "ennemis" et des "traîtres" de l’intérieur, tous pré-désignés. La technique consiste à diaboliser tout le monde pour parer au soutien et à l’adhésion populaire à un "hirak" trop préoccupant, dont la flamme ne semble pas avoir été éteinte.
En découvrant donc ce qui se trame, les James Bond du renseignement algérien auront réalisé un exploit historique sans précédent puisqu'ils auraient réussi à infiltrer un conclave d'une si haute sensibilité, en plein Israël, placé qui plus est sous le sceau du "top secret" comme l'ont d'ailleurs précisé les fameuses "sources crédibles". Et, pour faire sérieux, on a pris le soin de préciser le nombre des éléments des services de renseignement français et marocain présents à la rencontre secrète du Mossad : quatre pour le premier et douze pour le second. Quelle précision et quelle efficacité ! Ne manquent que les noms et les grades...
Dans le pays de la culture de la paranoïa, brandir la menace du complot étranger est un procédé classique. Cette fois-ci, le plat a été préparé avec un ingrédient supplémentaire. Si l'accusation se limitait auparavant au duo de prédilection, c'est à dire Israël et le Maroc qui renvoient, chacun en ce qui le concerne, au slogan creux du soutien à la Palestine "qu'elle soit dans la raison ou dans le tort", et à "l'ennemi classique" de toujours, la France a été pour sa part invitée à faire partie des comploteurs attitrés contre la stabilité de l'Algérie.
Pourquoi ? Pas difficile à comprendre.
D'abord, la brouille avec Macron est redevenue d'actualité avec, entre autres raisons, la fuite audio de nouvelles critiques de ce dernier contre le président algérien et le régime militaire ; ensuite, s'en prendre aux dirigeants du MAK en plus d’opposants notoires au régime des généraux, passera mieux du fait que ces derniers sont pour la plus part accueillis en asile politique en France. Quoi de mieux donc pour faire avaler la couleuvre aux incrédules que d’associer l’ancienne puissance coloniale, l’entité sioniste et le Makhzen que l'on présente continuellement comme la source de tous les maux qui frappent l’Algérie ?
Cependant, si pour le cas d’Israël et de la France, l’animosité algérienne n’est que du placebo, qu'elle est juste de façade pour mieux cacher la passion pour l'Etat hebreux et la soumission au pays de l'hexagone, c’est le Maroc qui donne le plus de l’urticaire aux dirigeants de ce pays rongés comme ils sont, d'une part par la jalousie et, de l'autre, par un sentiment d’humiliation et de frustration. Depuis la cuisante déroute qui leur a été infligée par l’armée marocaine en 1963 lors de la guerre des sables, par ailleurs provoquée par la partie algérienne, l’Algérie n’a plus cessé en effet de faire de l’inimitié à l’égard du Maroc la pierre angulaire de sa politique d’Etat.
Pour preuve, quand Alger a décidé en août 2021 de rompre ses relations diplomatiques avec Rabat, décision suivie quelques semaines plus tard par la fermeture de l’espace aérien de l’Algérie à tous les avions marocains, le ministre algérien des Affaires étrangères avait mis en avant, entre autres justifications aussi fallacieuses que risibles, le contentieux algéro-marocain de 1963. N’ayant jamais baissé d’un cran, cette hostilité va surtout se manifester dans le dossier du Sahara, conflit créé de toutes pièces par l’Algérie et dont elle empêche aujourd’hui toute résolution pacifique.
C’est que, comme l’avait clairement résumé Hubert Vedrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, “l’affaire du Sahara est une affaire nationale pour le Maroc et une affaire identitaire pour l’armée algérienne”. Voilà qui résume beaucoup de choses.
Pourquoi ? Pas difficile à comprendre.
D'abord, la brouille avec Macron est redevenue d'actualité avec, entre autres raisons, la fuite audio de nouvelles critiques de ce dernier contre le président algérien et le régime militaire ; ensuite, s'en prendre aux dirigeants du MAK en plus d’opposants notoires au régime des généraux, passera mieux du fait que ces derniers sont pour la plus part accueillis en asile politique en France. Quoi de mieux donc pour faire avaler la couleuvre aux incrédules que d’associer l’ancienne puissance coloniale, l’entité sioniste et le Makhzen que l'on présente continuellement comme la source de tous les maux qui frappent l’Algérie ?
Cependant, si pour le cas d’Israël et de la France, l’animosité algérienne n’est que du placebo, qu'elle est juste de façade pour mieux cacher la passion pour l'Etat hebreux et la soumission au pays de l'hexagone, c’est le Maroc qui donne le plus de l’urticaire aux dirigeants de ce pays rongés comme ils sont, d'une part par la jalousie et, de l'autre, par un sentiment d’humiliation et de frustration. Depuis la cuisante déroute qui leur a été infligée par l’armée marocaine en 1963 lors de la guerre des sables, par ailleurs provoquée par la partie algérienne, l’Algérie n’a plus cessé en effet de faire de l’inimitié à l’égard du Maroc la pierre angulaire de sa politique d’Etat.
Pour preuve, quand Alger a décidé en août 2021 de rompre ses relations diplomatiques avec Rabat, décision suivie quelques semaines plus tard par la fermeture de l’espace aérien de l’Algérie à tous les avions marocains, le ministre algérien des Affaires étrangères avait mis en avant, entre autres justifications aussi fallacieuses que risibles, le contentieux algéro-marocain de 1963. N’ayant jamais baissé d’un cran, cette hostilité va surtout se manifester dans le dossier du Sahara, conflit créé de toutes pièces par l’Algérie et dont elle empêche aujourd’hui toute résolution pacifique.
C’est que, comme l’avait clairement résumé Hubert Vedrine, ancien ministre français des Affaires étrangères, “l’affaire du Sahara est une affaire nationale pour le Maroc et une affaire identitaire pour l’armée algérienne”. Voilà qui résume beaucoup de choses.