Al Aoula : L’émission musicale « entre hier et aujourd’hui »

Le rendez-vous incontournable des mélomanes


Chaque samedi à 14h45, sur la première chaine, on est conviés à un voyage bref mais très exaltant dans l'univers de la chanson marocaine



Devoir de mémoire 

Depuis quelques semaines, la première chaine de télévision marocaine gratifie ses mélomanes d’une jolie pépite, une émission consacrée aux pionniers de la chanson marocaine, préparée avec la complicité du journaliste Mohamed Saoudi et animée avec brio par l’artiste chanteur Mohamed El ghaoui .
                                                                                   

Chaque samedi à 14h45, sur la première chaine, on est conviés à un voyage bref mais très exaltant dans le monde de la chanson marocaine à travers les différentes régions du Royaume dont on découvre les atouts touristiques et artistiques en compagnie de Mohamed Elgaoui, une belle voix qui vient de se frayer une bonne voie dans le paysage médiatique.

Ce genre d’émission rarissime  arrive à point nommé d’autant plus qu'elles mettent en lumière en le réhabilitant notre patrimoine artistique et nous console de la médiocrité voire de la trivialité de la grande majorité des chansons actuelles qui nous agacent tant par leur paroles que par leurs rythmes frénétiques 

Ce qui a fait dire un jour au poète Mohamed Rachek :Qolt ltbibi kan3ani qalbi matablou ngham J’ai dit à mon toubib mon cœur s’afflige s’écoeureQandilou tah fdlam         
Sa lampe erre dans les ténèbresQoltlou kan3ani Fwdani Je lui dis mes oreilles sont malmenéesBmard lkalma ssakta

Par le fléau des mots triviaux

« Bin lbarah w lyoum » nous rappelle un peu l’émission phare sur la chanson maghrébine « fibali oughniatun » (une chanson dans ma mémoire) réalisée, il y a quelques années, sur la première chaine par le journaliste et écrivain Mohamed Ameskane, auteur du livre « chansons maghrébines , une mémoire commune ».

Comme son titre l’indique « entre hier et aujourd’hui », l’émission tente de lever le voile sur le passé glorieux de la chanson marocaine et son répertoire riche et très éclectique à l’image du Maroc, melting pot culturel et artistique si l’en est, où se côtoient dans une très belle harmonie la musique andalouse gharnati, le melhoune, la aita, le chgouri,la tagnaouite, le hassani, le chant berbère, le chant mystique et Soufi.
 

Autant de grands virtuoses qui ont fait le bonheur de la jeunesse des sixties et des seventies.

Patrimoine méconnu de la génération actuelle , Mohamed el ghaoui explique la floraison de notre chanson d’antan par le travail génial de trois complices de très haute volée : d’abord, les paroliers Mohamed tayeb Laalaj, Abdellah Chekroune, Ali Haddani, Abdellatif Jawahiri, Ftahallah lamghari, Mehdi Zeriouh,  Jamal el ouazzani, Tahar sebbata, Hassan Moufti, Mohamed Kouach , Driss al jay, ensuite, les compositeurs Mohamed ben Abdeslam, Ahmed el bidaoui, Abdeslam Amir, Abdelouhab Doukkali, Ahmed Alaoui, Salah Cherki, Hassan Kadmiri, Mohamed Belkhayat  et enfin les fins crooners de la trempe de  Mohamed Mezgaldi, Mohamed Fouitah, Brahim Elalami, Maati Belkacem, Bahija Idriss Mohamed Idriss, Souad Mohamed, Naima Samih, Samira Bensaid, Latifa Raefat, Mahmoud Idrissi, Abdelouahad Titwani, Abdelhadi Belkhayyat, Abdelouhab Doukkali, Ftahllah Lamghari, Imad Abdelkbir, Mouhcine Jamal, Mohamed Elhayyani sans oublier les rolling stones du Maroc, les nass el ghiwane .


Aussi, l’émission interpelle-t-elle la génération Z qui s’intéresse exclusivement au Rap, au Raï et méconnait hélas ces pionniers de la chanson qui n’a pas pris une seule ride, loin s’en faut, elle s’est bonifiée et se bonifiera avec l’âge, un peu comme les bons crus.

Hommage aux grands ténors

Mohamed Elgaoui a tenu aussi à rendre un vibrant hommage aux grands ténors de la chanson, tantôt en évoquant le souvenir de ceux qui ont tiré leur révérence mais continuent de nous charmer par leurs talents inégalables tels que Abdessalam Amir qui a eu une vie brève mais une œuvre éternellement immarcescible et tantôt en allant à la rencontre de ceux qui sont toujours de ce monde et que l’auteur de « lghourba w l3achq Lgadi », servi par son talent insoupçonnable d’animateur, a su valoriser , les amener à parler à cœur ouvert de leurs très longues expériences et aussi à nous gratifier d’un  extrait savoureux d’une de leurs chansons cultes  : « Lamkhantar » avec la voix cristalline de Mohamed Ali, « machi 3atak hadi » de Abdelouhad Titwani « Sawt alhassane » de Abdellah Issami, « mazinou nhar lyoum » avec la voix suave d’Ahmed Pirou, « nassi nass » chanson fétiche de Mohame rouicha, « nahla chama » des nass Elghiwane.

Il fut un temps -que les moins de quarante ans, ne peuvent pas connaitre- où la diffusion à la télé de ces chansons constituait un grand événement national qui réunissait chez eux tous les membres des familles.

Les yeux braqués devant le petit écran en noir et blanc, qui était l’apanage de quelques gens aisés, on attendait avec impatience la diffusion de « lqamar al ahmar » « sawt lhassan » ou « Rahila ».

Quid de la chanson aujourd’hui ?

Elghaoui s’est voulu rassurant quant à l’avenir de la chanson marocaine, décidément, la relève est bien assurée puisque de jeunes talents revisitent le répertoire des pionniers.

On peut citer à titre indicatif, Bahae Ronda, la digne héritière de Ahmed Pirou, khalid Bouazzaoui dont la voix n’a rien à envier à celle de Bouchaib Elbidaoui, Majda Yahyaoui, Redouane ELasmar, Nabila Maane, Sanae Marahati, Soukaina Fahssi qui ont revivifié le malhoune, les ghiwanes, la aita en leur donnant un cachet particulier.


  Par Abdelouahad Zaari Jabiri


 
Dimanche 13 Novembre 2022

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