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Par Naim Kamal
Chercher et rassembler ces écrits est une tâche qui est apparue à sa fille, Sawsane Yata Böhler, ‘’comme une évidence’’ tant il était clair qu’ils ‘’ ne pouvaient sombrer dans l’oubli’’ en raison de leur importance et de l’époque qu’ils analysent et dont ils témoignent. C’est pour elle ‘’une exigence de mémoire’’. En quatrième de couverture elle explique : ‘’Mère d’un jeune enfant, je désirais que celui-ci connaisse l’héritage idéologique et historique de sa famille et j’avais l’immense chance de pouvoir lui transmettre mot pour mot les idées de notre « clan » grâce aux écrits de mon père’’.
Mission accomplie et ce faisant, Sawsane Yata offre aux historiens une version, une lecture d’un moment de l’Histoire qui a vu l’implosion du bloc soviétique, avec l’effet secondaire d’induire pour l’ancien parti communiste marocain, devenu PPS après avoir transité par PLS (Parti de la Libération et du Socialisme), de déchirantes révisions et remises en cause.
Mais dit l’autre… était l’intitulé du billet, l’éditorial étant réservé à Ssi Ali, ainsi Nadir et les camardes appelaient le père Yata. Sawsane Yata aurait pu pour l’intégrité de la mémoire titrer son recueil par un Mais disait Nadir Yata. Mais si elle a choisi Ainsi disait Nadir Yata, on est autorisé, mais ce n’est qu’une supputation, de penser que c’est en référence à Ainsi parlait Zarathoustrade Nietzche sous-titré un livre pour tous et pour personne.
Tel que je l’ai perçu
Les mots qui suivent, légèrement retouchés, ont été écrits pour un article qui m’a été demandé pour la commémoration de la 25ème année de la disparition de l’éminent confrère.
Au sommet arabe extraordinaire qui s’est tenu à Alger en juin 1988 pour traiter du soutien à apporter à la première Intifada palestinienne, le hasard ou la volonté de l’encadrement de la délégation de journalistes marocains, a voulu que dans un hotel à Mazafran, banlieue d’Alger, je partage la chambre avec Nadir Yata.
Déjà bien en vue, mais encore plus un nom, qu’il doit à son père Ssi Ali, qu’un prénom, Nadir lisait Samarcande d’Amine Maalouf, qui venait de sortir en librairie deux mois auparavant, et n’était pas encore disponible au Maroc. Je lui fis part de mon désir de le lire et il me le passa à condition que j’en aie terminé avant la fin du voyage.
Ce n’était pas la première fois que je rencontrais Nadir et on avait déjà eu l’occasion de croiser la plume, lui dans Al Bayane, moi dans L’Opinion. Mais c’était bien la première qu’on allait, pendant 3 ou 4 jours, devenir inséparables. Son coté blilng bling qu’il partageait avec son jumeau Fahd ne m’était pas inconnu, mais je découvris l’homme dans sa sobriété, blagueur, bon vivant, d’agréable compagnie, et surtout un confrère partageur, sans calculs ni arrière-pensée.
Mission accomplie et ce faisant, Sawsane Yata offre aux historiens une version, une lecture d’un moment de l’Histoire qui a vu l’implosion du bloc soviétique, avec l’effet secondaire d’induire pour l’ancien parti communiste marocain, devenu PPS après avoir transité par PLS (Parti de la Libération et du Socialisme), de déchirantes révisions et remises en cause.
Mais dit l’autre… était l’intitulé du billet, l’éditorial étant réservé à Ssi Ali, ainsi Nadir et les camardes appelaient le père Yata. Sawsane Yata aurait pu pour l’intégrité de la mémoire titrer son recueil par un Mais disait Nadir Yata. Mais si elle a choisi Ainsi disait Nadir Yata, on est autorisé, mais ce n’est qu’une supputation, de penser que c’est en référence à Ainsi parlait Zarathoustrade Nietzche sous-titré un livre pour tous et pour personne.
Tel que je l’ai perçu
Les mots qui suivent, légèrement retouchés, ont été écrits pour un article qui m’a été demandé pour la commémoration de la 25ème année de la disparition de l’éminent confrère.
Au sommet arabe extraordinaire qui s’est tenu à Alger en juin 1988 pour traiter du soutien à apporter à la première Intifada palestinienne, le hasard ou la volonté de l’encadrement de la délégation de journalistes marocains, a voulu que dans un hotel à Mazafran, banlieue d’Alger, je partage la chambre avec Nadir Yata.
Déjà bien en vue, mais encore plus un nom, qu’il doit à son père Ssi Ali, qu’un prénom, Nadir lisait Samarcande d’Amine Maalouf, qui venait de sortir en librairie deux mois auparavant, et n’était pas encore disponible au Maroc. Je lui fis part de mon désir de le lire et il me le passa à condition que j’en aie terminé avant la fin du voyage.
Ce n’était pas la première fois que je rencontrais Nadir et on avait déjà eu l’occasion de croiser la plume, lui dans Al Bayane, moi dans L’Opinion. Mais c’était bien la première qu’on allait, pendant 3 ou 4 jours, devenir inséparables. Son coté blilng bling qu’il partageait avec son jumeau Fahd ne m’était pas inconnu, mais je découvris l’homme dans sa sobriété, blagueur, bon vivant, d’agréable compagnie, et surtout un confrère partageur, sans calculs ni arrière-pensée.
Son coté cash va le faire aimer de certains, détester d’autres, le doter d'admirateurs, et des détracteurs aussi qui vont voir en lui le défenseur d’un « participationnisme sans conditions » en ces débuts de négociations difficiles et serrées entre l’opposition et le pouvoir qui aboutiront dix ans plus tard, en son absence, à l’alternance consensuelle.
C’est lui, ses écrits et ses prises de position qui vont faire du journal Al Bayane un journal enfin lisible et un support lu. Son billet au titre éloquent qui résumait tout son positionnement à contrepied (à contrecourant ?), Mais dit l’autre…, devint rapidement un rendez-vous quotidien attendu, scruté, analysé : Etait-ce lui qui s’exprimait ? Son parti, le PPS ? Le pouvoir qui faisait passer ou tester quelques-unes de ses idées ? Difficile de trancher, mais on ne serait pas loin de la vérité si on supposait que c’est peut-être tout ça à la fois.
Plus tard, son passage à l’émission phare de l’époque, toute nouvelle, L’Homme en question sur 2M, le propulsera comme jamais un journaliste marocain avant lui, sur le devant de la scène médiatique au Maroc. L’interview que lui accordera Bush père pour « s’expliquer » sur la guerre du Golfe, un comble pour le représentant du journal d’un parti alias communiste, qui, par la force des choses, ne portait pas le baâthisme saddamien dans son cœur, ne lui fera pas que des amis.
Sous les sunlights, entouré d’admirateurs qui ne lui marchandaient pas leur soutien, mais aussi de moins-admirateurs qui supportaient de moins en moins son coté empêcheur de tourner en rond, dérangeur public de leurs calculs politiques ; Nadir de plus en plus sous pression à en devenir irascible, lui déjà connu pour ses colères qui retombaient aussitôt comme un soufflet, supportait de plus en plus difficilement cette tâche qu’il s’était confiée : « déniaiser » une gauche marocaine encore recroquevillée sur ses dogmes et ses idiomes en fin de vie. Jusqu’à cette nuit où tomba la nouvelle de son accident par un soir où il ne devait pas prendre la route. Le début de la fin…
Deux ans avant que son rêve d’alternance ne se réalisa, aux conditions du pouvoir comme il le préconisait, il quitta ce monde la tête pleine de rêves d’un homme qui a eu le tort d’avoir voulu avoir raison avant l’heure…
Rédigé par Naim Kamal sur Quid
C’est lui, ses écrits et ses prises de position qui vont faire du journal Al Bayane un journal enfin lisible et un support lu. Son billet au titre éloquent qui résumait tout son positionnement à contrepied (à contrecourant ?), Mais dit l’autre…, devint rapidement un rendez-vous quotidien attendu, scruté, analysé : Etait-ce lui qui s’exprimait ? Son parti, le PPS ? Le pouvoir qui faisait passer ou tester quelques-unes de ses idées ? Difficile de trancher, mais on ne serait pas loin de la vérité si on supposait que c’est peut-être tout ça à la fois.
Plus tard, son passage à l’émission phare de l’époque, toute nouvelle, L’Homme en question sur 2M, le propulsera comme jamais un journaliste marocain avant lui, sur le devant de la scène médiatique au Maroc. L’interview que lui accordera Bush père pour « s’expliquer » sur la guerre du Golfe, un comble pour le représentant du journal d’un parti alias communiste, qui, par la force des choses, ne portait pas le baâthisme saddamien dans son cœur, ne lui fera pas que des amis.
Sous les sunlights, entouré d’admirateurs qui ne lui marchandaient pas leur soutien, mais aussi de moins-admirateurs qui supportaient de moins en moins son coté empêcheur de tourner en rond, dérangeur public de leurs calculs politiques ; Nadir de plus en plus sous pression à en devenir irascible, lui déjà connu pour ses colères qui retombaient aussitôt comme un soufflet, supportait de plus en plus difficilement cette tâche qu’il s’était confiée : « déniaiser » une gauche marocaine encore recroquevillée sur ses dogmes et ses idiomes en fin de vie. Jusqu’à cette nuit où tomba la nouvelle de son accident par un soir où il ne devait pas prendre la route. Le début de la fin…
Deux ans avant que son rêve d’alternance ne se réalisa, aux conditions du pouvoir comme il le préconisait, il quitta ce monde la tête pleine de rêves d’un homme qui a eu le tort d’avoir voulu avoir raison avant l’heure…
Rédigé par Naim Kamal sur Quid