Achoura : une fête ancestrale entre tradition, joie et défis modernes


Rédigé par le Mercredi 17 Juillet 2024

Attendu avec impatience par les enfants et les croyants, le dixième jour de Mouharram, Achoura, revient en force. Pour les jeunes, c'est une journée de réjouissance avec de nouveaux jouets ; pour les fidèles, c'est un moment où la frontière entre spiritualité et magie semble s'atténuer à travers des pratiques spirituelles captivantes. Malgré ses connotations superstitieuses, Achoura conserve son attrait pour les Marocains et ravive les liens familiaux.



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De l'Indonésie à la Mauritanie, en passant par le Moyen-Orient, la célébration de l’Achoura revêt diverses formes tant dans le sunnisme que dans le chiisme, mais elle est toujours marquée par la joie. Cette fête religieuse, synonyme de réjouissances pour les petits et les grands, allie traditions, rencontres et festivités. Elle constitue également une occasion de renforcer les liens familiaux et de s'acquitter de la Zakat annuelle en soutien aux plus démunis.

Une autre coutume d’Achoura consiste à acheter des fruits secs pour décorer les tables familiales. On y trouve également des produits plus élaborés comme les fruits secs enrobés et diverses friandises, tant marocaines qu'importées. Les parents marocains en profitent aussi pour offrir des jouets à leurs enfants. La célébration d’Achoura au Maroc mêle rituels religieux et traditions populaires. Souvent appelée la « fête de l’enfance par excellence », Achoura tire son nom du chiffre dix, « ashara » en arabe, et cette année elle tombe le mardi 16 juillet.

Cependant, cette fête est entachée par des pratiques dangereuses. La tradition des pétards et des feux d’artifice vendus à cette occasion a déjà causé des drames dans plusieurs quartiers des grandes villes. Malgré les conséquences tragiques observées chaque année, où des enfants sont blessés, voire perdent la vie, ou causent des dommages à des voisins ou des passants innocents, cette coutume persiste. Les autorités ont du mal à contrôler le commerce illicite de ces pétards. Un exemple tragique de ces incidents est survenu à Mohammedia le 17 juillet 2023, lorsqu'un enfant de 13 ans est décédé après avoir été touché par un feu d’artifice. Un autre jeu, moins dangereux mais tout aussi perturbant, est le « ZemZem », où les enfants aspergent d’eau leurs amis, leurs voisins et même les passants.

En effet, un personnage très attendu par les enfants pendant Achoura est BABA AÏCHOUR. Vêtu de manière festive, il incarne une euphorie extrême le jour d'Achoura. Issu d'une vieille légende populaire, il est considéré comme le Père Noël des Marocains, revenant chaque année pour reprendre ce qui lui appartient. Selon la tradition séculaire, la veille d'Achoura marque son apparition, ouvrant ainsi les festivités. Autour du feu de camp, il rassemble les enfants, leur raconte des histoires anciennes, leur offre des friandises et des cadeaux, et les invite à chanter pour lui. Cependant, cette coutume avait disparu depuis près d'un siècle. Aujourd'hui, les Marocains s'efforcent de raviver ce souvenir, de le dépoussiérer et de le réintégrer dans la culture populaire.

Pour les adultes, Achoura est également une occasion de profiter et de se réjouir. Ils en profitent pour se rendre visite et déguster le traditionnel couscous aux sept légumes, préparé avec du « gueddid », la viande séchée de l’Aïd al-Adha.

Malgré les variations régionales des festivités, Achoura reste un moment spirituel qui ravive les traditions marocaines, souvent oubliées ou éclipsées par la modernité omniprésente. Préserver ces coutumes ancestrales dans le calendrier annuel est essentiel à l'ère des iPhones, où les nouvelles générations ignorent complètement ces traditions et ne jouent plus avec des pistolets et des poupées, remplacés désormais par les jeux électroniques.

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Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 17 Juillet 2024
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