Gouvernance et finances : les autoroutes du Maroc au bord du gouffre
Ce document, fruit d'une enquête approfondie, révèle une crise financière et administrative sans précédent, marquée par une dette colossale de 40 milliards de dirhams et un exode massif de cadres expérimentés. Cette situation critique soulève de nombreuses interrogations sur la viabilité du modèle économique de l’entreprise et les conséquences pour les usagers.
La dette astronomique accumulée par ADM est en grande partie due à des investissements massifs dans l’expansion du réseau autoroutier national. Si ces projets ont permis de relier les grandes villes du pays et de stimuler le développement économique, ils ont également engendré une pression financière insoutenable. À cela s’ajoute une baisse des recettes, notamment en raison d’une diminution du trafic autoroutier, exacerbée par la hausse des prix de l’essence et les effets de la crise économique globale.
Le rapport pointe également du doigt une gestion interne chaotique. L’exode de cadres qualifiés, souvent attirés par de meilleures opportunités dans le secteur privé ou à l’international, a affaibli la capacité de l’entreprise à relever ses défis. Par ailleurs, des accusations de mauvaise gouvernance, notamment en matière de transparence et de gestion des ressources, viennent ternir davantage l’image de l’entreprise.
Pour les usagers, cela pourrait se traduire par une augmentation des tarifs de péage ou une détérioration de la qualité des infrastructures. Sur le plan économique, la situation d’ADM pourrait freiner les investissements dans le secteur des transports, un pilier essentiel du développement national. Politiquement, ce rapport met en lumière les lacunes de la supervision gouvernementale et soulève des questions sur la responsabilité des décideurs.
À l’échelle internationale, cette situation rappelle des crises similaires dans d’autres pays, comme celle des autoroutes italiennes, où des problèmes de gestion et de maintenance ont conduit à des tragédies. Le Maroc pourrait tirer des leçons de ces expériences pour éviter une aggravation de la situation.
À court terme, des mesures d’urgence, telles que la restructuration de la dette et une meilleure gestion des ressources humaines, sont indispensables. À long terme, une réforme profonde du modèle économique d’ADM, incluant une plus grande implication du secteur privé, pourrait être la clé pour assurer sa pérennité.