À un pas de l’apocalypse nucléaire


Rédigé par le Mardi 4 Juin 2024

L’armée ukrainienne commence à utiliser des armes occidentales de longue portée pour effectuer des frappes sur le sol russe. Se dirige-t-on vers une confrontation directe entre l’Otan et la Russie ?



La vice-première ministre d’Ukraine et ministre de « la réintégration des territoires temporairement occupés », Iryna Vereshchuk, a publié, le 3 juin, la photo d’un système russe de défense aérienne S300 brûlant dans l’oblast de Belgorod, en Russie.

Cette zone, proche de la ligne de front Nord, au voisinage de la ville ukrainienne de Kharkov, a déjà fait l’objet, depuis quelques semaines, d’attaques ukrainiennes, mais jusqu’à présent, seuls des drones, dont les charges explosives sont assez modestes, ont été utilisés.

Il n’est pas indiqué avec quelle arme occidentale cette frappe a pu être effectuée. Il est, toutefois, fort probable qu’il s’agit de missiles américains « Atacms », tirés à partir d’un lanceur « Himars ». Ce dernier peut, en effet, tirer des projectiles pouvant atteindre une portée de 300 kms.

Au-delà de la ligne rouge

De toute évidence, l’autorisation récemment accordée par les dirigeants occidentaux aux autorités ukrainiennes d’utiliser à leur guise les systèmes d’armement qu’ils leur ont livré pour frapper des cibles situées sur le territoire russe commence à être exploitée.

Il est tout aussi évident que les Russes ne vont pas rester les bras croisés. Jusqu’à présent, les pays occidentaux alliés de l’Ukraine se sont bien gardés de permettre à Kiev de bombarder des cibles sur le territoire russe avec les armes dont ils les ont équipés. Cette ligne rouge est désormais franchie. 

Le président russe, Vladimir Poutine, a, pourtant, formellement mis en garde, au début du mois de mai, les pays membres de l’Otan contre des frappes avec des armes occidentales sur le territoire russe. Il a clairement signifié qu’une telle évolution de la situation en Europe orientale peut dégénérer en conflit nucléaire.

Le 18 mai, l’armée russe a, d’ailleurs, effectué des exercices militaires simulant l’usage d’ogives nucléaires non-stratégiques, d’un poids maximum de 100 kilotonnes et destinées à être utilisées contre des colonnes de chars ou des concentrations de troupes juste derrière les lignes adverses.

Un nucléaire « tactique » à consonance stratégique

Contrairement aux Américains, qui qualifient ces petites ogives nucléaires de tactiques, peut-être du fait de l’éloignement du territoire américain du théâtre des opérations européen, les Russes, même du temps de l’Urss, ont toujours estimé que l’usage d’une arme nucléaire, aussi petite soit-elle, dépasse la dimension tactique.

Les dirigeants des pays membres de l’Otan croient pouvoir planter des banderilles sur le dos de l’ours russe, tout en continuant à prétendre qu’ils ne sont pas partie prenante dans le conflit opposant la Russie à l’Ukraine, ce qui est vraiment prendre les Russes pour des imbéciles.

Les systèmes d’armement de longue portée et de grande précision, à l’exemple du lanceur Himars et des missiles semi-balistiques Atacms, ne peuvent être utilisés sans des capacités de reconnaissance et de désignation de cibles par satellites militaires, que les Ukrainiens n’ont tout simplement pas.

Il est, donc, question de convaincre les Russes et l’ensemble de l’opinion publique internationale que de missiles fournis à l’Ukraine par des pays membres de l’Otan, tirés sur la base de données recueillie par des satellites de pays membres de l’Otan, peut-être même que les lanceurs sont opérés par du personnel spécialisé issu de pays membres de l’Otan, mais l’Otan n’assume aucune responsabilité…

Ça ressemble à un chat, ça miaule comme un chat, mais veuillez svp nous croire, ce n’est pas un chat !

Taisez-moi ces voix de la raison !

De telles frappes sur le territoire russe peuvent-elles réellement modifier le cours de la guerre ? Selon plusieurs experts militaires occidentaux, l’Ukraine est en train de perdre la guerre contre la Russie, si ce n’est déjà le cas.

Sauf que ces hommes d’expérience, aux compétences avérées, ne sont jamais invités sur les plateaux des chaînes de télévision occidentales, parce qu’ils peuvent démolir tout le narratif occidental au sujet de la guerre en Ukraine, solides arguments à l’appui.

Que ce soit les colonels Douglas Mcgregor, analyste militaire et ancien conseillé auprès du secrétaire américain à la défense, et Larry Wilkinson, ancien chef d’état-major auprès du secrétaire d’Etat américain à la défense, le Colonel Jacques Baud, ancien analyste du renseignement stratégique suisse, Roy Mcgovern, Scott Ritter et Larry Johnson, anciens officiers de la CIA, Alaister Crook, ancien agent du MI6 britannique et ancien diplomate, sans parles des russes, à l’exemple d’Andrei Martyanov, expert des questions militaires et navales, la liste est longue de personnages aux compétences incontestables, qui savent de quoi ils parlent mais que l’on ne veut surtout pas entendre dans les pays occidentaux.

Des armes sans soldats pour les utiliser

La raison pour laquelle cette dangereuse escalade qu’est l’élargissement du théâtre des opérations au territoire russe est toute simple : l’Ukraine a épuisé sa réserve de main d’œuvre et son armée en est réduite à recruter des personnes âgées, la moyenne d’âge des soldats sur le front est actuellement de 43 ans. 

La plupart jeunes ukrainiens est soit déjà morte au combat, soit elle a fui le pays pour ne pas se faire attraper par les recruteurs de l’armée ukrainienne, dont les méthodes sont aux antipodes des droits humains que les pays occidentaux se plaisent à prétendre qu’ils en sont les défenseurs.

Quel meilleur témoignage que celui d’un officier ukrainien, interviewé publié à la mi-mai par un média tout aussi ukrainien, le « Dzerkalo Tyzhnia ». « Il y a des armes dans notre bataillon, mais il n'y a personne pour les utiliser » a déclaré l’officier ukrainien, sous anonymat, indiquant, par ailleurs, qu’un effondrement de la ligne de front ukrainienne est plus que probable, faute de renforts.

Le mot de la fin au président Poutine, qui exprime parfaitement les craintes qui taraudent nombre d’experts militaires et d’observateurs géopolitiques à travers le monde : « si l’Europe devait faire face à ces graves conséquences, que feraient les États-Unis, compte tenu de la parité de nos armes stratégiques ? C’est difficile à dire. Cherchent-ils à déclencher un conflit mondial ? (…) Nous attendrons de voir ce qui se passera ensuite ».




Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mardi 4 Juin 2024
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