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Par Aziz Boucetta
Avant la constitution de 2011, le Maroc avait un Premier ministre, et depuis, un chef de gouvernement. Quelle est la différence ? Plus, bien plus de pouvoirs et d’attributions au chef du gouvernement qu’à celui qui n’était que le premier des ministres. L’ancien, et dernier, premier ministre du royaume, Abbas el Fassi avait donné une définition d’anthologie de son rôle et de son programme, qui était « le programme de Sa Majesté, figurant dans les discours royaux ».
Le chef du gouvernement, lui, ne peut être désigné qu’au sein du parti arrivé premier aux législatives, et ne peut être révoqué par le roi ; il est responsable devant le parlement et, il est, entre autres, le véritable d’une majorité politique et pas seulement le ministre qui siège en bout de table au conseil de gouvernement.
Depuis 2011, libre à chacun de juger à sa manière les deux chefs de gouvernement PJD que furent Abdelilah Benkirane et Saadeddine Elotmani, mais ils ont fait honneur à la constitution, exécutant bien évidemment les directives des conseils de ministres (présidés par le chef de l’Etat) ou les instructions directes du roi, mais développant une politique propre à leurs gouvernements respectifs.
Ils s’exprimaient devant la presse, expliquaient régulièrement leurs décisions aux populations, prenaient des risques en allant au-devant des médias, étaient prudents et mesurés dans ce qu’ils disaient car ils acceptaient la confrontation… Ils ont fait de la politique dans le cadre d’une constitution éminemment politique. M. Benkirane fut un véritable chef de la majorité alors que M. El Otmani, qui faisait de la politique, était déjà sévèrement encadré par le RNI de M. Akhannouch qui, lui, faisait de l’apolitique.
Avec Aziz Akhannouch, la politique a émigré. Depuis sa calamiteuse interview avec deux journalistes en janvier 2022, il a pris son parti de se taire à jamais. Il ne parle que devant ses hommes bleus, du RNI, parce que c’est sans risque, devant le parlement, parce qu’il y est contraint et qu’il y est « défendu et protégé » par sa cohorte de députés, et en conseil de gouvernement, il ne fait même pas d’allocution d’ouverture...
Et pourtant, ce ne sont pas les problèmes ou les grandes politiques publiques qui manquent… Sur le plan économique, l’Etat doit trouver des ressources et doper la croissance, et l’emploi qui va avec, l’investissement doit démarrer car ce n’est pas encore le cas, malgré les déclarations d’autosatisfaction à coups de milliards de DH, l’inflation doit être maîtrisée, l’agriculture repensée…
Au niveau social, tout le monde ou presque exige des augmentations de revenu, les sinistrés d’al Haouz ne doivent pas être oubliés, l’enseignement est toujours dans l’ornière (largement, dit-on, par le fait du chef du gouvernement)… et concernant l’environnement, le réchauffement climatique menace les réserves hydriques du...royaume et les restrictions de distribution d’eau potable ont déjà commencé !
Politiquement, la majorité est brinquebalante, avec un parti qui vient tout juste de décider (enfin, pourrait-on dire) de la date du renouvellement de ses instances dirigeantes, l’Istiqlal, et un autre qui n’a pas réussi le pari, quoi qu’il en dise avec son triumvirat, le PAM. Le roi a fait par deux fois de rudes rappels à l’ordre au gouvernement et au parlement, au premier pour diligenter la réforme de la Moudawana et au second pour le sommer à plus de moralité et d’intégrité au sein des parlementaires qui, il faut le dire, ont environ le dixième de leurs effectifs en délicatesse avec la justice !
Et pourtant, avec tout cela, Aziz Akhannouch ne dit rien, ne parle à personne alors même que son rôle est de diriger, d’orienter, d’inspirer, d’inciter sa majorité. Il doit répondre aux populations qui l’ont élu, et même celles qui ont voté pour d’autres partis que le RNI. Il doit expliquer aux citoyens pourquoi le pays perd autant d’emplois alors même que le chef du RNI s’était engagé, lors de sa campagne électorale, à en créer, massivement. Il doit prendre position sur les questions sociétales de libertés individuelles, de politique pénale, d’hémorragie des cadres et des diplômés…
Le chef du gouvernement, lui, ne peut être désigné qu’au sein du parti arrivé premier aux législatives, et ne peut être révoqué par le roi ; il est responsable devant le parlement et, il est, entre autres, le véritable d’une majorité politique et pas seulement le ministre qui siège en bout de table au conseil de gouvernement.
Depuis 2011, libre à chacun de juger à sa manière les deux chefs de gouvernement PJD que furent Abdelilah Benkirane et Saadeddine Elotmani, mais ils ont fait honneur à la constitution, exécutant bien évidemment les directives des conseils de ministres (présidés par le chef de l’Etat) ou les instructions directes du roi, mais développant une politique propre à leurs gouvernements respectifs.
Ils s’exprimaient devant la presse, expliquaient régulièrement leurs décisions aux populations, prenaient des risques en allant au-devant des médias, étaient prudents et mesurés dans ce qu’ils disaient car ils acceptaient la confrontation… Ils ont fait de la politique dans le cadre d’une constitution éminemment politique. M. Benkirane fut un véritable chef de la majorité alors que M. El Otmani, qui faisait de la politique, était déjà sévèrement encadré par le RNI de M. Akhannouch qui, lui, faisait de l’apolitique.
Avec Aziz Akhannouch, la politique a émigré. Depuis sa calamiteuse interview avec deux journalistes en janvier 2022, il a pris son parti de se taire à jamais. Il ne parle que devant ses hommes bleus, du RNI, parce que c’est sans risque, devant le parlement, parce qu’il y est contraint et qu’il y est « défendu et protégé » par sa cohorte de députés, et en conseil de gouvernement, il ne fait même pas d’allocution d’ouverture...
Et pourtant, ce ne sont pas les problèmes ou les grandes politiques publiques qui manquent… Sur le plan économique, l’Etat doit trouver des ressources et doper la croissance, et l’emploi qui va avec, l’investissement doit démarrer car ce n’est pas encore le cas, malgré les déclarations d’autosatisfaction à coups de milliards de DH, l’inflation doit être maîtrisée, l’agriculture repensée…
Au niveau social, tout le monde ou presque exige des augmentations de revenu, les sinistrés d’al Haouz ne doivent pas être oubliés, l’enseignement est toujours dans l’ornière (largement, dit-on, par le fait du chef du gouvernement)… et concernant l’environnement, le réchauffement climatique menace les réserves hydriques du...royaume et les restrictions de distribution d’eau potable ont déjà commencé !
Politiquement, la majorité est brinquebalante, avec un parti qui vient tout juste de décider (enfin, pourrait-on dire) de la date du renouvellement de ses instances dirigeantes, l’Istiqlal, et un autre qui n’a pas réussi le pari, quoi qu’il en dise avec son triumvirat, le PAM. Le roi a fait par deux fois de rudes rappels à l’ordre au gouvernement et au parlement, au premier pour diligenter la réforme de la Moudawana et au second pour le sommer à plus de moralité et d’intégrité au sein des parlementaires qui, il faut le dire, ont environ le dixième de leurs effectifs en délicatesse avec la justice !
Et pourtant, avec tout cela, Aziz Akhannouch ne dit rien, ne parle à personne alors même que son rôle est de diriger, d’orienter, d’inspirer, d’inciter sa majorité. Il doit répondre aux populations qui l’ont élu, et même celles qui ont voté pour d’autres partis que le RNI. Il doit expliquer aux citoyens pourquoi le pays perd autant d’emplois alors même que le chef du RNI s’était engagé, lors de sa campagne électorale, à en créer, massivement. Il doit prendre position sur les questions sociétales de libertés individuelles, de politique pénale, d’hémorragie des cadres et des diplômés…
En un mot, le chef du gouvernement doit exister, car avec lui « aux commandes », c’est le néant sur la scène politique, un néant qui s’est presque banalisé, et cela est nuisible à notre jeune démocratie qui cherche encore ses marques.
Alors même que la constitution a fait renaître la politique, sans laquelle rien de bien sérieux (ah le sérieux, la « jiddiya ») ne saurait être réalisé, Aziz Akhannouch a occis la politique par le mépris qu’il semble avoir pour les Marocains. Il ne joue même plus son rôle de pare-feu, placé là pour parer les coups et protéger les institutions.
Face à des auditoires acquis, il se contente d’égrainer des millions et des milliards, déroule des objectifs auquel est l’un des rares à croire, affiche une satisfaction que ne partagent pas ses pairs au gouvernement, reprend à son compte les réalisations de projets décidés par plus haut que lui…
A quoi sert donc le chef du gouvernement si ce n’est pour cheffer le gouvernement ? Les ministres régaliens ne relèvent pas de lui, les chefs de partis (Nizar Baraka, mais aussi Abdellatif Ouahbi s’il reste en fonction, et les deux jeunes Mehdi Bensaïd et Fatima Zahra Mansouri désormais) s’affranchissent de son hypothétique tutelle, et le remaniement, plus personne n’y croit ou ne l’attend puisqu’il ne concerne pas le chef du gouvernement. M. Akhannouch ne semble plus avoir d’influence que sur des ministres qui lui sont acquis, comme son « proche » Mouhsine Jazouli, son ex-collaboratrice Fatima Zahra Amor, son ex-secrétaire général Mohamed Sadiki, sa créature qui lui doit tout Mustapha Baitas. Des RNIStes…
Au niveau de développement qu’a atteint le Maroc, ou au moins au niveau d’ambition de son développement, le Maroc a besoin d’un gouvernement, d’un vrai, qui agit et décide, et d’un chef de gouvernement, un bon, qui ose et qui propose !
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost
Alors même que la constitution a fait renaître la politique, sans laquelle rien de bien sérieux (ah le sérieux, la « jiddiya ») ne saurait être réalisé, Aziz Akhannouch a occis la politique par le mépris qu’il semble avoir pour les Marocains. Il ne joue même plus son rôle de pare-feu, placé là pour parer les coups et protéger les institutions.
Face à des auditoires acquis, il se contente d’égrainer des millions et des milliards, déroule des objectifs auquel est l’un des rares à croire, affiche une satisfaction que ne partagent pas ses pairs au gouvernement, reprend à son compte les réalisations de projets décidés par plus haut que lui…
A quoi sert donc le chef du gouvernement si ce n’est pour cheffer le gouvernement ? Les ministres régaliens ne relèvent pas de lui, les chefs de partis (Nizar Baraka, mais aussi Abdellatif Ouahbi s’il reste en fonction, et les deux jeunes Mehdi Bensaïd et Fatima Zahra Mansouri désormais) s’affranchissent de son hypothétique tutelle, et le remaniement, plus personne n’y croit ou ne l’attend puisqu’il ne concerne pas le chef du gouvernement. M. Akhannouch ne semble plus avoir d’influence que sur des ministres qui lui sont acquis, comme son « proche » Mouhsine Jazouli, son ex-collaboratrice Fatima Zahra Amor, son ex-secrétaire général Mohamed Sadiki, sa créature qui lui doit tout Mustapha Baitas. Des RNIStes…
Au niveau de développement qu’a atteint le Maroc, ou au moins au niveau d’ambition de son développement, le Maroc a besoin d’un gouvernement, d’un vrai, qui agit et décide, et d’un chef de gouvernement, un bon, qui ose et qui propose !
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost