A lire ou à écouter en podcast :
Une croissance actuelle reste insuffisante pour répondre aux besoins du marché de l’emploi
Depuis plusieurs années, la croissance économique du Maroc oscille entre 2 % et 3 %, un taux nettement insuffisant pour répondre à la demande croissante d’emplois, notamment chez les jeunes. Selon des études réalisées par des spécialistes, une croissance d’au moins 6,5 % serait nécessaire pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail. Ce chiffre soulève toutefois de nombreuses interrogations :
Quelles sont les conditions requises pour atteindre une telle performance économique ?
Le Maroc dispose-t-il des leviers nécessaires pour y parvenir, surtout dans un contexte mondial marqué par l'incertitude ?
L’un des défis majeurs auxquels le pays fait face réside dans l’instabilité des secteurs porteurs, comme l’agriculture, fortement dépendante des aléas climatiques. De plus, la diversification de l'économie marocaine reste encore inachevée, malgré les efforts de modernisation et de réindustrialisation entrepris ces dernières années. Pour espérer approcher cette barre symbolique de 6,5 %, il est impératif d’investir massivement dans les infrastructures, l’éducation, et les secteurs technologiques.
Le secteur privé, un acteur central mais encore sous-exploité
L’un des leviers essentiels pour soutenir cette dynamique de croissance repose indéniablement sur le secteur privé. Celui-ci constitue un pilier majeur dans la création d'emplois. Pourtant, il fait face à des obstacles structurels qui limitent son plein potentiel, notamment une faible attractivité pour les investissements étrangers et une réglementation parfois contraignante. L’émergence de partenariats public-privé solides pourrait changer la donne. En stimulant l’investissement privé, le Maroc pourrait bénéficier d’un écosystème économique plus dynamique et innovant, capable de générer des opportunités d'emploi durables.
Cependant, cela soulève une question cruciale : le gouvernement marocain parviendra-t-il à offrir les conditions nécessaires à cette expansion, notamment en termes de fiscalité, d'infrastructures et de simplification des démarches administratives ? Si ces freins ne sont pas levés, l’objectif de croissance de 6,5 % pourrait rester hors de portée.
L’organisation de la Coupe du Monde 2030, une opportunité ou un mirage ?
L’un des arguments avancés pour soutenir la possibilité d’une croissance économique accélérée est l’organisation conjointe de la Coupe du Monde 2030. Cet événement majeur pourrait jouer un rôle catalyseur, en attirant des investissements étrangers et en stimulant la construction d’infrastructures de grande envergure. Il est indéniable que la Coupe du Monde représente une vitrine internationale pour le Royaume, avec un potentiel d’impact économique significatif dans des secteurs comme le tourisme, l’hôtellerie, ou encore les services. Mais un tel événement peut-il réellement avoir un effet durable sur la dynamique économique du pays ?
Les précédents d’autres nations ayant organisé des événements similaires montrent que les retombées sont souvent limitées dans le temps et principalement concentrées sur les grandes villes. Pour que cet effet de levier profite réellement à l’ensemble de l’économie marocaine, il est impératif de mettre en place des stratégies de développement régionales inclusives, évitant de creuser les écarts entre les métropoles et les zones rurales.
Atteindre une croissance de 6,5 % n’est pas qu’un objectif économique, c’est une nécessité sociale. Le chômage, particulièrement chez les jeunes, reste l’une des préoccupations majeures du pays. En dépit des efforts de formation et des initiatives comme celles menées differents acteurs, qui cherchent à mieux préparer les jeunes au marché de l’emploi en les dotant de compétences adaptées, la demande dépasse de loin l'offre disponible. La clé d’une résorption durable du chômage repose donc sur cette dynamique de croissance.
Mais au-delà des chiffres, c’est une transformation profonde du tissu économique qui est nécessaire, une transformation qui doit impliquer tant le secteur public que privé, et inclure tous les territoires, urbains comme ruraux.