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Par Aziz Boucetta
Dans une école lambda, quelque part sur terre, le corps professoral agit comme il l’entend, fait marcher l’établissement, avec les désordres habituels, dus aux positions et conceptions des uns et des autres. Puis un nouveau directeur est désigné, et son arrivée est prévue pour dans quelques jours. Les professeurs essaient donc, à cette perspective, d’ordonner au mieux les choses, les uns avancent, les autres reculent et une troisième catégorie se repositionne, en attendant l’arrivée du nouveau Boss. Qui s’appelle Donald Trump.
Son élection, ou plutôt sa réélection, a sonné comme un coup de tonnerre sur la planète. Tout le monde sait que rien ne sera plus comme avant, mais personne dans le monde ne sait ce qui sera. Pas même Trump. On sait seulement que les choses bougeront, vite et dans le désordre ; alors tout le monde se repositionne, comme dans cette école.
1/ Ukraine. Trois ans ou presque après le déclenchement de la guerre ouverte, les deux armées russe et ukrainienne font du surplace. Tout le monde tire sur tout le monde mais rien ne bouge. Depuis quelques semaines, après l’élection américaine, les Ukrainiens semblent résignés, et sont près à négocier, sous la supervision et la protection de Washington. Le nouveau président américain ne fait pas dans le détail ou la dentelle. Pour lui, un mauvais arrangement vaut mieux qu’une bonne guerre, et comme c’est lui qui paye et qui arme, c’est donc lui qui aura le dernier mot. Kiev le sait, l’accepte désormais et s’y prépare.
2/ Russie. Vladimir Poutine sait qu’avec Donald Trump, il sera moins menacé, car il a compris qu’il exerce une influence très particulière sur le milliardaire américain. Mais Trump ne se laissera pas faire, ou berner, pour autant. C’est pour cette raison que Moscou a consenti d’immenses efforts militaires (matériel et hommes), pour gagner des positions en Ukraine, montrant ses muscles avec ses nouvelles armes. Poutine n’a plus aucune considération pour l’Europe car il a compris que, plus que jamais, c’est à Washington que les choses se décideront. Comme toujours.
3/ Israël. Mieux, bien mieux informé que le commun des mortels, Benyamin Netanyahou savait certainement la victoire de Trump, peut-être pas de cette ampleur, mais il le savait. Il a donc poussé ses pions, et son armée, partout où il le pouvait, où il le peut encore. Au Liban, en tuant tous les chefs de la résistance, en Syrie, en détruisant tout ce qu’il pouvait, et il rogne peu à peu le territoire syrien, ce qui lui permettra de mieux négocier par la suite, quand Trump sera là.
Netanyahou sait que Trump n’est pas un va-t-en-guerre, tout juste brandit-il la menace armée pour ne pas avoir à s’en servir. Le Premier sinistre israélien, face à un président très bien élu et doté des plus larges pouvoirs qu’un président américain ait eu depuis des décennies, appréhende le 20 janvier 2025, et craint de s’entendre formuler un ultimatum pour faire cesser les massacres. Israël s’est très largement vengé du 7 octobre, versant même dans le crime de masse et le génocide, et Trump, entre un génocidaire devenu fou et les centaines ou même milliers de milliards de pétrodollars de ses « amis » MBS, MBZ et Tamim, aura vite fait son choix. Car Netanyahou ne fait rien d’autre que retarder le moment où il quittera ses fonctions et où il entrera de plain-pied dans le monde judiciaire, et il sait que Trump le sait.
4/ Syrie. Les Russes ont accepté d’abandonner l’autre tueur de la région, Bashar al-Assad, mais ils semblent avoir négocié cela avec les Américain et les Turcs : garder leurs bases de Tartous et Hmeimin sur le littoral méditerranéen, qui représentent un prolongement opérationnel des bases de Crimée. Il est possible que le nouveau pouvoir syrien veuille reconsidérer les choses, mais on peut s’attendre à une rude négociation avec Moscou, surtout que la Russie met dans la balance des négociations la Syrie avec l’Ukraine.
Les Turcs, pour leur part, grands vainqueurs pour l’instant de l’éviction d’Al-Assad et tout à leur obsession anti-kurde, ont également avancé sur le territoire syrien, occupant des positions en vue de négociations futures.
5/ L’Union européenne. La coquille européenne n’est plus seulement vide, elle est fissurée. Pologne, Italie, Hongrie et d’autres pays ont déjà fait allégeance à Trump ; l’Allemagne est économiquement affaiblie et politiquement effondrée, et la France, dans le chaos politique qui est aujourd’hui le sien, ne pèse plus rien, sauvant les meubles avec sa force nucléaire et son siège permanent à New York. Quant à Ursula Von Der Leyen, elle a toujours eu un faible pour le plus fort…
6/ Corée du Sud. A l’approche de l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, le président Yoon Suk Yeol a tenté le passage en force pour s’attribuer les pleins pouvoirs et se placer au centre des futures négociations entre Washington et Pyongyang. Il a semble-t-il mal calculé son coup. Il est désormais destitué et passible de poursuites pénales.
7/ Le Sahel. Les trois pays « putschistes » que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont accéléré leur sortie de la Cédéao. On se souvient de la forte pression US exercée sur Niamey au lendemain du coup d’Etat de juillet 2023, et de l’implication américaine dans les deux autres pays, et on se souvient aussi des menaces de guerre de la Cédéao contre le Niger. Quitter la Communauté avant l’arrivée de Trump permet de bien se placer pour l’arrivée de ce dernier ; les trois pays sont adossés à la Russie pour l’engagement militaire et à la Chine pour le financement et la coopération économique.
8/ Le Maroc. Pour comprendre le nouveau positionnement du Maroc, il faut se référer au discours du roi Mohammed VI à Ryad en 2016. L’idée générale est la diversification des partenariats, avec maintien des anciens et renforcement des nouveaux. La visite aussi remarquée que courte de Xi Jinping à Casablanca et sa réception par le prince héritier Moulay el Hassan et par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch est révélatrice de cette autonomie de la décision recherchée par Rabat. Mais comme il semblerait que Trump prenne ombrage de cette alliance entre Pékin et Rabat, il faudra s’attendre à des moments difficiles après le 20 janvier 2025. Le soutien de la France, même très affaiblie, ne sera pas un luxe.
Tout cela peut n’être que de simples coïncidences, mais des coïncidences, il y en a beaucoup pour que ce soit de banales coïncidences. Le monde attend avec fébrilité l’arrivée du nouveau directeur, de Donald Trump, mais personne, même pas lui, ne sait comment les choses évolueront, alors tout le monde essaie de s'organiser et de gagner des positions à négocier par la suite. Avec la manière d’être et de faire du milliardaire américain, avec son équipe décomplexée et audacieuse, on peut prédire une période de fortes turbulences dans le monde. Avec comme résultat un conflit généralisé et destructeur ou une pacification planétaire et durable.
Aziz Boucetta / panorapost.com/
Son élection, ou plutôt sa réélection, a sonné comme un coup de tonnerre sur la planète. Tout le monde sait que rien ne sera plus comme avant, mais personne dans le monde ne sait ce qui sera. Pas même Trump. On sait seulement que les choses bougeront, vite et dans le désordre ; alors tout le monde se repositionne, comme dans cette école.
1/ Ukraine. Trois ans ou presque après le déclenchement de la guerre ouverte, les deux armées russe et ukrainienne font du surplace. Tout le monde tire sur tout le monde mais rien ne bouge. Depuis quelques semaines, après l’élection américaine, les Ukrainiens semblent résignés, et sont près à négocier, sous la supervision et la protection de Washington. Le nouveau président américain ne fait pas dans le détail ou la dentelle. Pour lui, un mauvais arrangement vaut mieux qu’une bonne guerre, et comme c’est lui qui paye et qui arme, c’est donc lui qui aura le dernier mot. Kiev le sait, l’accepte désormais et s’y prépare.
2/ Russie. Vladimir Poutine sait qu’avec Donald Trump, il sera moins menacé, car il a compris qu’il exerce une influence très particulière sur le milliardaire américain. Mais Trump ne se laissera pas faire, ou berner, pour autant. C’est pour cette raison que Moscou a consenti d’immenses efforts militaires (matériel et hommes), pour gagner des positions en Ukraine, montrant ses muscles avec ses nouvelles armes. Poutine n’a plus aucune considération pour l’Europe car il a compris que, plus que jamais, c’est à Washington que les choses se décideront. Comme toujours.
3/ Israël. Mieux, bien mieux informé que le commun des mortels, Benyamin Netanyahou savait certainement la victoire de Trump, peut-être pas de cette ampleur, mais il le savait. Il a donc poussé ses pions, et son armée, partout où il le pouvait, où il le peut encore. Au Liban, en tuant tous les chefs de la résistance, en Syrie, en détruisant tout ce qu’il pouvait, et il rogne peu à peu le territoire syrien, ce qui lui permettra de mieux négocier par la suite, quand Trump sera là.
Netanyahou sait que Trump n’est pas un va-t-en-guerre, tout juste brandit-il la menace armée pour ne pas avoir à s’en servir. Le Premier sinistre israélien, face à un président très bien élu et doté des plus larges pouvoirs qu’un président américain ait eu depuis des décennies, appréhende le 20 janvier 2025, et craint de s’entendre formuler un ultimatum pour faire cesser les massacres. Israël s’est très largement vengé du 7 octobre, versant même dans le crime de masse et le génocide, et Trump, entre un génocidaire devenu fou et les centaines ou même milliers de milliards de pétrodollars de ses « amis » MBS, MBZ et Tamim, aura vite fait son choix. Car Netanyahou ne fait rien d’autre que retarder le moment où il quittera ses fonctions et où il entrera de plain-pied dans le monde judiciaire, et il sait que Trump le sait.
4/ Syrie. Les Russes ont accepté d’abandonner l’autre tueur de la région, Bashar al-Assad, mais ils semblent avoir négocié cela avec les Américain et les Turcs : garder leurs bases de Tartous et Hmeimin sur le littoral méditerranéen, qui représentent un prolongement opérationnel des bases de Crimée. Il est possible que le nouveau pouvoir syrien veuille reconsidérer les choses, mais on peut s’attendre à une rude négociation avec Moscou, surtout que la Russie met dans la balance des négociations la Syrie avec l’Ukraine.
Les Turcs, pour leur part, grands vainqueurs pour l’instant de l’éviction d’Al-Assad et tout à leur obsession anti-kurde, ont également avancé sur le territoire syrien, occupant des positions en vue de négociations futures.
5/ L’Union européenne. La coquille européenne n’est plus seulement vide, elle est fissurée. Pologne, Italie, Hongrie et d’autres pays ont déjà fait allégeance à Trump ; l’Allemagne est économiquement affaiblie et politiquement effondrée, et la France, dans le chaos politique qui est aujourd’hui le sien, ne pèse plus rien, sauvant les meubles avec sa force nucléaire et son siège permanent à New York. Quant à Ursula Von Der Leyen, elle a toujours eu un faible pour le plus fort…
6/ Corée du Sud. A l’approche de l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, le président Yoon Suk Yeol a tenté le passage en force pour s’attribuer les pleins pouvoirs et se placer au centre des futures négociations entre Washington et Pyongyang. Il a semble-t-il mal calculé son coup. Il est désormais destitué et passible de poursuites pénales.
7/ Le Sahel. Les trois pays « putschistes » que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont accéléré leur sortie de la Cédéao. On se souvient de la forte pression US exercée sur Niamey au lendemain du coup d’Etat de juillet 2023, et de l’implication américaine dans les deux autres pays, et on se souvient aussi des menaces de guerre de la Cédéao contre le Niger. Quitter la Communauté avant l’arrivée de Trump permet de bien se placer pour l’arrivée de ce dernier ; les trois pays sont adossés à la Russie pour l’engagement militaire et à la Chine pour le financement et la coopération économique.
8/ Le Maroc. Pour comprendre le nouveau positionnement du Maroc, il faut se référer au discours du roi Mohammed VI à Ryad en 2016. L’idée générale est la diversification des partenariats, avec maintien des anciens et renforcement des nouveaux. La visite aussi remarquée que courte de Xi Jinping à Casablanca et sa réception par le prince héritier Moulay el Hassan et par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch est révélatrice de cette autonomie de la décision recherchée par Rabat. Mais comme il semblerait que Trump prenne ombrage de cette alliance entre Pékin et Rabat, il faudra s’attendre à des moments difficiles après le 20 janvier 2025. Le soutien de la France, même très affaiblie, ne sera pas un luxe.
Tout cela peut n’être que de simples coïncidences, mais des coïncidences, il y en a beaucoup pour que ce soit de banales coïncidences. Le monde attend avec fébrilité l’arrivée du nouveau directeur, de Donald Trump, mais personne, même pas lui, ne sait comment les choses évolueront, alors tout le monde essaie de s'organiser et de gagner des positions à négocier par la suite. Avec la manière d’être et de faire du milliardaire américain, avec son équipe décomplexée et audacieuse, on peut prédire une période de fortes turbulences dans le monde. Avec comme résultat un conflit généralisé et destructeur ou une pacification planétaire et durable.
Aziz Boucetta / panorapost.com/