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Par Aziz Boucetta
Quelle est cette tendance ? Le recul général et puissant de l’activité des femmes revient à la conjonction de plusieurs facteurs comme les inégalités territoriales significatives, une inadaptation du cadre légal et de la réglementation et la rudesse des conditions économiques générales dans le pays.
Mais il y a aussi, et surtout – on ne le dit pas assez – les coutumes, habitudes et stéréotypes encore très marquants dans notre société.
On relève une baisse importante du taux d’activité des femmes sur les 20 dernières années, chutant de 30% en 1999 à moins de 20% en 2022.
Et cette régression se confirme quels que soient les facteurs et critères de catégorisation des femmes : par âge, régression ; par niveau de diplôme, régression encore ; par statut matrimonial, régression encore et toujours. Partout, toujours, en tout, de 2000 à 2022, le taux d’activité des femmes recule.
Les femmes sont aussi bien formées que les hommes, et elles sont souvent plus et mieux diplômées à l’issue de leurs parcours universitaires ou techniques. Mais on constate toujours cette déperdition entre l’école et le milieu professionnel, de même qu’on relève plus d’activité en milieu rural qu’en milieu urbain.
En outre, le mariage tient un rôle important dans le retrait des femmes du marché du travail et quand, d’aventure, elles y sont, elles perçoivent un salaire inférieur à celui des hommes. Une récente étude du Policy Center for the New South (PCNS) montre, mesure et explique bien ces écarts, relevant et soulignant que « le taux de féminisation demeure faible : 20,5 % pour les salariés, 10,8 % pour les indépendants, 9% pour les employeurs, 10,6 % pour les apprentis et 9,1 % pour les membres des coopératives ».
Et pourtant, les actions pullulent. Les ONG fourmillent et leur action est ininterrompue : promouvoir le travail des femmes, encourager les employeurs à davantage « féminiser » leurs effectifs, collecter et publier des données, organiser des rencontres… tout ce travail est fait de manière continue pour hisser les femmes au Maroc plus haut qu’elles ne le sont et aussi haut qu’elles le méritent, mais tout cela reste épars... et semble désordonné, tant l’absence d’une action concertée, publique, générale, globale, en un mot résolue, manque.
Comment alors développer un pays dans ces conditions où 50% de ses effectifs sont ineffectifs voire inactifs ? Et comment penser à aller de l’avant quand cette moitié stagne et, plus grave, n’entrevoit aucune perspective d’évolution tant les pesanteurs sociales sont lourdes ?
Le PCNS rappelle que selon une théorie dite en forme U, plus les pays se développent économiquement et plus le taux d’activité́ des femmes régresse avant de repartir en hausse ; mais cette idée, même présentée en théorie de U, reste peu convaincante.
Nous sommes une société conservatrice qui abhorre le risque et qui craint l’innovation sociale. Comment expliquer aurement que malgré les multiples et hardies recommandations royales depuis 1999, les résultats sont tels que ceux que nous constatons aujourd’hui ?
Il reste donc la décision politique, une décision qui instaure l’obligation, qui fait la loi, qui introduit la sensibilisation, qui incite les bonnes initiatives, impose les innovations et promeut les actions avant-gardistes.
Mais il y a aussi, et surtout – on ne le dit pas assez – les coutumes, habitudes et stéréotypes encore très marquants dans notre société.
On relève une baisse importante du taux d’activité des femmes sur les 20 dernières années, chutant de 30% en 1999 à moins de 20% en 2022.
Et cette régression se confirme quels que soient les facteurs et critères de catégorisation des femmes : par âge, régression ; par niveau de diplôme, régression encore ; par statut matrimonial, régression encore et toujours. Partout, toujours, en tout, de 2000 à 2022, le taux d’activité des femmes recule.
Les femmes sont aussi bien formées que les hommes, et elles sont souvent plus et mieux diplômées à l’issue de leurs parcours universitaires ou techniques. Mais on constate toujours cette déperdition entre l’école et le milieu professionnel, de même qu’on relève plus d’activité en milieu rural qu’en milieu urbain.
En outre, le mariage tient un rôle important dans le retrait des femmes du marché du travail et quand, d’aventure, elles y sont, elles perçoivent un salaire inférieur à celui des hommes. Une récente étude du Policy Center for the New South (PCNS) montre, mesure et explique bien ces écarts, relevant et soulignant que « le taux de féminisation demeure faible : 20,5 % pour les salariés, 10,8 % pour les indépendants, 9% pour les employeurs, 10,6 % pour les apprentis et 9,1 % pour les membres des coopératives ».
Et pourtant, les actions pullulent. Les ONG fourmillent et leur action est ininterrompue : promouvoir le travail des femmes, encourager les employeurs à davantage « féminiser » leurs effectifs, collecter et publier des données, organiser des rencontres… tout ce travail est fait de manière continue pour hisser les femmes au Maroc plus haut qu’elles ne le sont et aussi haut qu’elles le méritent, mais tout cela reste épars... et semble désordonné, tant l’absence d’une action concertée, publique, générale, globale, en un mot résolue, manque.
Comment alors développer un pays dans ces conditions où 50% de ses effectifs sont ineffectifs voire inactifs ? Et comment penser à aller de l’avant quand cette moitié stagne et, plus grave, n’entrevoit aucune perspective d’évolution tant les pesanteurs sociales sont lourdes ?
Le PCNS rappelle que selon une théorie dite en forme U, plus les pays se développent économiquement et plus le taux d’activité́ des femmes régresse avant de repartir en hausse ; mais cette idée, même présentée en théorie de U, reste peu convaincante.
Nous sommes une société conservatrice qui abhorre le risque et qui craint l’innovation sociale. Comment expliquer aurement que malgré les multiples et hardies recommandations royales depuis 1999, les résultats sont tels que ceux que nous constatons aujourd’hui ?
Il reste donc la décision politique, une décision qui instaure l’obligation, qui fait la loi, qui introduit la sensibilisation, qui incite les bonnes initiatives, impose les innovations et promeut les actions avant-gardistes.
La fameuse, sacrosainte et parfaitement inutile « amélioration du cadre juridique et réglementaire » ne sert pas à grand-chose come on l’a vu et si le gouvernement Akhannouch souhaite vraiment et sérieusement faire évoluer le taux d’activité́ des femmes de 20 % à 30 % d’ici 2026, alors il devra passer par le tir groupé que permet la mise en place d’une batterie de mesures quantifiables, chiffrables et vérifiables.
Quotas de recrutement au sein de la fonction publique (avec sanctions en cas de non-respect), quotas dans les fonctions de direction, fiscalisation avantageuse pour les femmes dans certaines régions et dans certaines fonctions et certaines conditions familiales, promotion du télétravail dans les régions qui le permettent, installation de crèches et/ou de transport scolaire là où cela est possible, création de réseaux de travail de femmes actives, interdire les différences de rémunération pour travail égal entre hommes et femmes… Autant de mesures à imaginer et mettre en place, en plus d’autres.
Impliquer l’Etat, les collectivités territoriales, les syndicats et le patronat, et les impliquer selon des méthodes vérifiables où les plus méritants soient encouragés et les moins audacieux sanctionnés serait la meilleure manière de promouvoir le travail des femmes.
En effet, dans une société aussi conservatrice et aussi peu encline au changement que la société marocaine, la simple réglementation ne suffit pas à encourager une plus grande activité des femmes.
Et sans l’activité de la moitié de la population, l’autre moitié, masculine, qui connaît aussi un fort taux de chômage, ne pourra jamais être ce levier de développement que le Maroc requiert.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost
Quotas de recrutement au sein de la fonction publique (avec sanctions en cas de non-respect), quotas dans les fonctions de direction, fiscalisation avantageuse pour les femmes dans certaines régions et dans certaines fonctions et certaines conditions familiales, promotion du télétravail dans les régions qui le permettent, installation de crèches et/ou de transport scolaire là où cela est possible, création de réseaux de travail de femmes actives, interdire les différences de rémunération pour travail égal entre hommes et femmes… Autant de mesures à imaginer et mettre en place, en plus d’autres.
Impliquer l’Etat, les collectivités territoriales, les syndicats et le patronat, et les impliquer selon des méthodes vérifiables où les plus méritants soient encouragés et les moins audacieux sanctionnés serait la meilleure manière de promouvoir le travail des femmes.
En effet, dans une société aussi conservatrice et aussi peu encline au changement que la société marocaine, la simple réglementation ne suffit pas à encourager une plus grande activité des femmes.
Et sans l’activité de la moitié de la population, l’autre moitié, masculine, qui connaît aussi un fort taux de chômage, ne pourra jamais être ce levier de développement que le Maroc requiert.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost