Par Samira Koraiche : J’ai voulu rendre hommage au leader Allal El Fassi à l’occasion du 46e anniversaire de sa disparition. Paix à son âme.
Pour ce faire je me suis référée à son intemporel livre "l’Autocritique" au chapitre 26 concernant la santé, Covid 19 oblige.
J’ai tenté humblement de traduire ce chapitre en m’appuyant sur la technique de traduction pragmatique et non littéraire ou littérale afin d’être tout à fait conforme au sens et à l’esprit du texte original.
Je ne fus pas surprise de découvrir, comment dès la conception de son livre, bien avant 1952, date de sa publication, il avait déjà envisagé la conduite et les actions à mener , tenez-vous bien, pour gérer toute épidémie provoquée par des virus au niveau respiratoire telle la grippe et autres.
Feu Allal El Fassi a souligné et mis l’accent sur quatre fondements essentiels, pour qu’une société donnée aspire à un état sanitaire optimal.
Le premier pilier est le rôle majeur que doit jouer l’État au niveau de la santé des citoyens et la recherche médicale.
Cela suppose une santé publique permettant la gratuité des soins et une recherche scientifique, continue et ambitieuse.
Le deuxième élément essentiel, pour Allal El Fassi, est la prévention des maladies.
Son troisième axe primordial est l’immunité de l’être humain ; ce qui requiert une bonne nutrition.
Ce précédent facteur nous amène au quatrième qui est, une économie développée.
Aujourd’hui, le Corona, a mis à nu la faiblesse du rôle de l’État au niveau de la santé, l’insuffisance de prévention, la carence immunitaire, la faiblesse de l’économie, et la fragilité de la recherche médicale. Tous ces manquements ont généré une crise sanitaire à l’échelon international.
Que dire ! Sinon que, ce que, ce grand homme visionnaire craignait, nous le vivons 68 ans après la publication de l’Autocritique.
J’ai tenté humblement de traduire ce chapitre en m’appuyant sur la technique de traduction pragmatique et non littéraire ou littérale afin d’être tout à fait conforme au sens et à l’esprit du texte original.
Je ne fus pas surprise de découvrir, comment dès la conception de son livre, bien avant 1952, date de sa publication, il avait déjà envisagé la conduite et les actions à mener , tenez-vous bien, pour gérer toute épidémie provoquée par des virus au niveau respiratoire telle la grippe et autres.
Feu Allal El Fassi a souligné et mis l’accent sur quatre fondements essentiels, pour qu’une société donnée aspire à un état sanitaire optimal.
Le premier pilier est le rôle majeur que doit jouer l’État au niveau de la santé des citoyens et la recherche médicale.
Cela suppose une santé publique permettant la gratuité des soins et une recherche scientifique, continue et ambitieuse.
Le deuxième élément essentiel, pour Allal El Fassi, est la prévention des maladies.
Son troisième axe primordial est l’immunité de l’être humain ; ce qui requiert une bonne nutrition.
Ce précédent facteur nous amène au quatrième qui est, une économie développée.
Aujourd’hui, le Corona, a mis à nu la faiblesse du rôle de l’État au niveau de la santé, l’insuffisance de prévention, la carence immunitaire, la faiblesse de l’économie, et la fragilité de la recherche médicale. Tous ces manquements ont généré une crise sanitaire à l’échelon international.
Que dire ! Sinon que, ce que, ce grand homme visionnaire craignait, nous le vivons 68 ans après la publication de l’Autocritique.
La santé Publique
Depuis que le monde est monde, la maladie est la pire menace pour la vie humaine. Compagne immuable de l’homme, pliant sous son joug, n’a cessé de pâtir de ses agressions jusqu’à nos jours. C’est pourquoi la lutte contre la maladie et ses composants, a été l’une des choses les plus importantes qui se sont développées tout au long de la vie.
Dans un premier temps, l’homme est parvenu à conclure que la maladie avait des causes et des stimulants. Il entreprit alors de les déceler, de s’en préserver et de guérir la maladie une fois déclarée, par tous les moyens à disposition. Subséquemment fut découverte l’importance de l’impact environnemental sur la salubrité et la morbidité, impact qui ne peut être négligé par quiconque s’intéresse à l’étude de la société.
Lorsque l‘intérêt pour l’être humain s’amplifia et que furent créés des organismes de santé publique, les efforts fournis redoublèrent, afin de combattre les maladies et d’endiguer leur transmission.
Pour ce faire la lutte ne fut pas circonscrite au seul cadre médical et scientifique mais s’est élargie à tout ce qui se rapporte à l’individu et à tous les aspects de sa vie sociale, qu’ils soient éducatifs, économiques, moraux ou spirituels.
Ainsi la chose de la santé publique dépendit-elle du service social et de ses exigences, ce qui nécessita la création d’institutions ayant pour objectif d’étudier les éléments d’influence et leur portée, ou de l’incidence de leur interdépendance.
Les sociologues ont classé en deux catégories les facteurs décisifs dans la lutte contre la maladie et l’amélioration de l’état de santé du patient :
- La première concerne son milieu environnemental- La seconde relève de l’individu lui-même.
Ceci veut dire qu’il ne suffit pas à la société d’envisager une amélioration de la santé publique en mettant en œuvre un programme qui appliquerait ses desiderata, car certaines causes extérieures peuvent y faire obstacle : tel un financement insuffisant, une incapacité technologique ou tout autre empêchement classique.
Les chercheurs spécialistes des problématiques maghrébines, quand ils abordent la situation sanitaire du pays, se limitent à évoquer les quelques hôpitaux érigés par l’état et soulignent qu’une partie des marocains ignorent toujours les règles élémentaires d’hygiène sanitaire et restent sceptiques à l’égard de la médecine moderne.
En vérité, il ne suffit pas de construire quelques hôpitaux ou de convaincre les personnes de l’efficacité des soins de la médecine moderne, mais bien de prendre en considération un facteur essentiel qui est, la faiblesse économique.
Comment un individu peut-il observer les règles d’hygiène, alors même que son revenu ne lui permet pas d’acquérir les besoins élémentaires vitaux ? Comment des instructeurs peuvent-ils élaborer les causes générales pour comprendre ce qu’il se doit des règles médicales, lorsque d’un côté ils n’ont pas la liberté d’action et de l’autre, n’obtiennent pas de financement pour les projets de service social ?
En conséquence seul le facteur économique peut déterminer l’état sanitaire d’une société donnée, c’est ce facteur qui ouvre les perspectives, à tout un chacun, pour une vie saine au point de vie alimentaire, vestimentaire, logement et quiétude, et de ce fait concrétisent leurs perceptions et leurs aspirations.
C’est par à contrario ce même facteur qui ne permet pas à d’autres, l’accès à ces besoins de première nécessité, les exposant ainsi à des pathologies liées à ces privations.
Ce sont, alors les instances des services sociaux qui viennent en aide aux nécessiteux, compensant ainsi l’élément économique défaillant.
La meilleure preuve de ce que nous avançons est que, les peuples défavorisés et sous-développés comptent le plus de maladies et de décès à l’inverse des peuples prospères et développés qui bénéficient d’un meilleur état de santé, d’une bonne constitution physique et d’une plus grande longévité.
Les chercheurs scientifiques ont d’ailleurs conclu que les traitements médicaux pouvaient avoir une efficacité relative et que l’efficacité réelle résidait dans la prévention et la prophylaxie, par la recherche des causes de la maladie et par la consommation d’éléments nutritionnels, en cas de sous –alimentation.
L’alimentation a un rôle déterminant dans la lutte contre la maladie et l’amélioration de la santé publique. Elle est par conséquent liée à la production agricole et à l’élevage, ce qui confirme la relation étroite entre la santé publique et la situation économique d’une nation.
Ainsi nous pouvons considérer comme incomplète et vaine l’étude de la situation sanitaire si elle n’est pas associée à celle de la conjoncture économique.
Notre réflexion en matière sanitaire doit avant tout se baser sur l’abonnissement des conditions de vie des marocains et ce en améliorant leurs besoins alimentaires et vestimentaires.
Toute politique sanitaire fondée sur la simple édification de quelques hôpitaux ou la formation de quelques infirmiers, est une politique stérile qui ne réussira qu’à soigner certains malades mais qui n’éradiquera pas les causes de la maladie dans notre société.
Il n’est rien de plus aisé pour un gouvernement dit moderne, que de construire un hôpital et d’y designer un médecin pour y soigner les patients. Mais de nos jours, pour un état moderne, ceci n’est plus considérée comme un prodigieux effort. Le véritable effort consiste d’une part à améliorer la situation de l’agriculteur et de l’ouvrier, et d’autre part d’inculquer à tous l’intérêt fondamental de la bienveillance de la famille et des enfants.
La majorité des marocains ne bénéficie pas d’une alimentation de base essentielle pour leur procurer une immunité suffisante.
C’est ainsi que le fermier ne consomme la viande et les fruits que fortuitement ou au moment d’occasions exceptionnelles. Les corps de métiers manuels tels les apprentis ou artisans, dans leur majorité, ne s’alimentent pas selon les besoins de leur santé ; Ils sont constamment à moitié rassasiés, ne pensant qu’à tromper leur faim ou à remplir leur ventre vide.
Quant aux chômeurs, ils ne subsistent qu’en consommant des plantes bouillies ou de pain de millet.
Tout ceci est à l’origine de nombreux décès d’enfants en bas âge, d’infirmités, sans compter les personnes atteintes de maladies contagieuses.
Mais parallèlement à l’intérêt porté à la nutrition, il faut autant que possible rechercher les principales causes de nombreuses maladies répandues, car si ces causes disparaissent alors les effets disparaitront. Il faut donc, créer des organismes et des institutions scientifiques, dont le rôle est la recherche médicale au niveau de la santé et des modes thérapeutiques.
Il est reconnu que selon leurs causes, les maladies se classent en plusieurs catégories :
- Celles causées par l’air ambiant comme le rhume et ses complications pernicieuses telles la pneumonie, la tuberculose et les différents sortes de grippes auxquelles nous n’accordons pas d’intérêt dans un premier temps, mais qui s’aggravent et deviennent difficiles à soigner. Il faut donc se préserver de cette maladie, de même qu’il faut empêcher les personnes l’ayant contractée de fréquenter les lieux publics, que ce soit pour le travail ou tout autre raison, afin d’éviter la contagion.
- Il y a les maladies transmises par l’eau, telles la typhoïde, la cystite, et certaines dysenteries. Ce qui nécessite de se soucier de l’eau potable, des lieux d’aisance, et de l’adduction d’eau courante. Il faut suivre à ce sujet les conseils des médecins.
- Il y a les maladies causées par les microbes contenus dans les aliments, notamment la dysenterie sous forme de choléra qui sévit cruellement dans les pays arabes. Pour s’en prémunir il faut veiller à la cuisson des aliments, à assainir les ustensiles et avoir les mains propres et plus particulièrement prohiber les latrines en pleine nature de fréquentes dans le milieu rural.
-D’autres maladies sont transmises par le contact physique tel que le trachome qui sévit chez nos enfants, la syphilis, la teigne et bien d’autres pathologies qui n’ont pas encore été éradiquées par manque de moyens de prévention.
Certaines affections sont propagées par des insectes et des moustiques comme le paludisme, le typhus, la peste etc…
Toutes ces maladies provoquent dans notre environnement toutes sortes de malheurs et de désastres.
Combattre ces maladies, les éradiquer ou les faire régresser empêchant ainsi leur contagion, est un devoir pour tout gouvernement, autant que pour chaque citoyen. Il faut donc qu’ils collaborent ensemble pour la réalisation des mesures sanitaires indispensables, plus particulièrement la mise en quarantaine des personnes atteintes de maladies contagieuses dans des centres médicaux respectueux des règles sanitaires, d’hygiène et de confort, l’aseptisation des salles et des instruments susceptibles d’être infectés.
En présence d’une pandémie, une désinfection de grande ampleur dans tous les locaux et une vaccination obligatoire contre ces maladies transmissibles, est impérative dès leur offensive et dès l’apparition des premiers cas. Parallèlement à tout ceci, il faut entretenir l’eau potable et veiller à l’assainir et en pourvoir suffisamment tous les villages et les villes sans pour autant que son pris soit couteux.
- Il faut également mener une opération d’élimination des déchets que les villes rejettent et les détritus qui s’amoncellent dans les douars.Il est nécessaire de mener des opérations d’incinération de ces déchets et d’en tirer bénéfice en tant qu’engrais naturels.
-Il faut drainer les eaux usées des bains et des toilettes publics, par le biais de canaux, vers le sous-sol, leur évitant ainsi de se répandre sur les voies publiques.
- Il est essentiel de combler les flaques boueuses et les marécages, et assainir les puits et les seguias indispensables, en les recouvrant d’un revêtement cimenté.
- Il faudrait former un service spécialisé ayant pour rôle de procéder à l’inspection sanitaire et de dispenser les recommandations requises pour l’amélioration de la santé des individus
- L’éducation de la société est un acquis qui renforcera la prévention et la lutte contre les maladies.
- Un enseignement prophylactique obligatoire dans les écoles serait judicieux.
- L’état doit créer le plus possible d’hôpitaux, de dispensaires, de centres de santé et d’instituts pour accueillir et soigner les malades gratuitement.
- Le médecin doit être au service de chaque individu et c’est l’État qui doit prendre en charge les frais médicaux, comme c’est le cas en Angleterre et en Russie.
La guérison du souffrant, l’alimentation de l’affamé, l’instruction de l’ignorant sont le premier devoir d’un gouvernement moderne dans les temps modernes.
Par Samira Koraiche
"l’Autocritique" au chapitre 26 concernant la santé