Par Abdeslam Seddiki
642 000 emplois créés en une année : entre fin septembre 2020 et fin septembre 2021. Tel est le chiffre indiqué par une note du HCP relative à la situation du marché du travail au troisième trimestre 2021. Nonobstant cette création, pour le moins exceptionnelle, la situation de l’emploi n’a connu qu’une légère amélioration dans la mesure où les indicateurs relatifs au chômage et au sous- emploi demeurent toujours sujets de préoccupation.
Les 642000 emplois créés sont le résultat, nous précise le HCP, d’une création de 274.000 postes en milieu rural et de 368.000 en milieu urbain, contre une perte 581.000 au troisième trimestre de 2020. Par conséquent, il ressort clairement qu’il s’agit plus de la récupération des emplois perdus durant la période de confinement due à la crise sanitaire. On se rappelle que plus de 900000 salariés ont été mis en situation de chômage partiel.
L'emploi rémunéré a enregistré une hausse de 572.000 postes au niveau national, résultant d’une création de 187.000 en milieu rural et de 385.000 postes en milieu urbain. L’emploi non rémunéré a connu, de son côté, une création de 70.000 postes, conséquence d’une création 87.000 en zones rurales et d’une perte de 17.000 emplois en zones urbaines.
Par secteur d’activité, la création d’emplois ne diffère guère des tendances du passé. Ce sont l’agriculture, les services et le bâtiment qui sont pourvoyeurs de main d’œuvre. L’industrie y compris l’artisanat n’y contribue que chichement. Ainsi, au cours de la période envisagée - troisième trimestre de 2020 et la même période de 2021- le secteur de l’"agriculture forêt et pêche", a vu son volume d'emploi augmenter de 190.000 postes, contre une perte 258.000 une année auparavant et une perte annuelle moyenne de 49.000 postes entre les troisièmes trimestres des trois années précédant la pandémie.
Cette perte de l’emploi dans le « secteur primaire » ne doit pas nous inquiéter outre mesure. Elle s’inscrit dans une dynamique historique et une loi objective de développement. Ainsi, au fur et à mesure que l’agriculture s’intensifie et la productivité du travail s’améliore, une partie de la population active, en surnombre, se déplace de l’agriculture vers l’industrie, de la campagne vers la ville. Malheureusement, dans les pays moins-développés, ou mal-développés, cette population « éjectée » par l’agriculture ne s’insère pas dans l’industrie faute d’opportunités suffisantes, mais trouve refuge dans les « services » et les activités de survie grossissant ainsi le secteur informel.
On comprend dès lors pourquoi le secteur des "services" a créé, à lui seul près de la moitié des emplois, soit 306.000 postes, contre une perte de 260.000 au cours de la même période de l’année dernière et une création annuelle moyenne de 176.000 postes entre les troisièmes trimestres des trois années pré pandémie.
En revanche, le secteur de l’"industrie y compris l’artisanat" n’a créé que 54.000 postes d'emploi, sans parvenir à récupérer les emplois perdus une année auparavant et qui se chiffrent à 61.000. On rappelle que la création annuelle moyenne du secteur n’a pas dépassé 12.000 postes entre les troisièmes trimestres des trois années précédentes.
Enfin, le secteur des BTP, qui a résisté relativement à la crise, a créé 92.000 postes d’emploi, contre une création de 1.000 postes au cours de la même période de l’année dernière et une création annuelle moyenne de 4.000 postes entre les troisièmes trimestres des trois années précédant la pandémie.
On le voit l’essentiel des emplois créés relèvent des emplois saisonniers (agriculture), provisoires (BTP) et précaires (informel et activités de survie). D’ailleurs, la structure de la population active selon les secteurs est significative : 30% dans le secteur primaire ; 22,7% dans le secteur secondaire (BTP et artisanat compris) ; 46,7% dans les services.
Concernant le nombre de chômeurs, il a enregistré une baisse en milieu rural de 60000 personnes et une hausse en milieu urbain de 25000 personnes, soit une baisse au niveau national de 35.000 personnes entre le troisième trimestre de l’année 2020 et celui de 2021, passant de 1.482.000 chômeurs à 1.447.000, ce qui correspond à un léger repli de 2%.
Le taux de chômage, quand à lui, a fléchi légèrement de 0,9 point entre les troisièmes trimestres de 2020 et de 2021, passant de 12,7% à 11,8% au niveau national : de 16,5% à 16% en milieu urbain et de 6,8% à 5,2% en milieu rural. En nous limitant au taux de chômage en milieu urbain, pour lequel les résultats de l’enquête du HCP nous paraissent proches de la réalité, on relève des données qui sont loin d’être rassurantes.
Ainsi, les femmes, dont il faut rappeler que le taux d’activité ne dépasse pas 20%, sont à 25% en situation de chômage. Autrement dit, une femme active sur quatre est sans emploi en milieu urbain contre un homme sur huit ! Une telle discrimination face à l’accès au marché du travail est pour le moins inadmissible. Autre indicateur gravissime : les jeunes de 15 à 24 ans connaissent un taux de chômage de 45,2%. Enfin, si un jeune diplômé sur 5 est à la recherche d’un emploi, cette proportion concerne un jeune sur quatre pour les détenteurs d’un diplôme supérieur. Ces trois indicateurs traduisent à eux seuls les pesanteurs de notre société et les dysfonctionnements de notre modèle de développement.
L’un des grands enjeux pour les années à venir est le suivant : comment faire pour assurer une croissance durable, inclusive, riche en emplois et susceptible de garantir un emploi décent à toutes les citoyennes et à tous les citoyens. Et c’est à ce niveau-là que le gouvernement actuel, qui a fait de la question de l’emploi l’une de ses priorités, est attendu. Ou ça passe, ou ça casse…
Les 642000 emplois créés sont le résultat, nous précise le HCP, d’une création de 274.000 postes en milieu rural et de 368.000 en milieu urbain, contre une perte 581.000 au troisième trimestre de 2020. Par conséquent, il ressort clairement qu’il s’agit plus de la récupération des emplois perdus durant la période de confinement due à la crise sanitaire. On se rappelle que plus de 900000 salariés ont été mis en situation de chômage partiel.
L'emploi rémunéré a enregistré une hausse de 572.000 postes au niveau national, résultant d’une création de 187.000 en milieu rural et de 385.000 postes en milieu urbain. L’emploi non rémunéré a connu, de son côté, une création de 70.000 postes, conséquence d’une création 87.000 en zones rurales et d’une perte de 17.000 emplois en zones urbaines.
Par secteur d’activité, la création d’emplois ne diffère guère des tendances du passé. Ce sont l’agriculture, les services et le bâtiment qui sont pourvoyeurs de main d’œuvre. L’industrie y compris l’artisanat n’y contribue que chichement. Ainsi, au cours de la période envisagée - troisième trimestre de 2020 et la même période de 2021- le secteur de l’"agriculture forêt et pêche", a vu son volume d'emploi augmenter de 190.000 postes, contre une perte 258.000 une année auparavant et une perte annuelle moyenne de 49.000 postes entre les troisièmes trimestres des trois années précédant la pandémie.
Cette perte de l’emploi dans le « secteur primaire » ne doit pas nous inquiéter outre mesure. Elle s’inscrit dans une dynamique historique et une loi objective de développement. Ainsi, au fur et à mesure que l’agriculture s’intensifie et la productivité du travail s’améliore, une partie de la population active, en surnombre, se déplace de l’agriculture vers l’industrie, de la campagne vers la ville. Malheureusement, dans les pays moins-développés, ou mal-développés, cette population « éjectée » par l’agriculture ne s’insère pas dans l’industrie faute d’opportunités suffisantes, mais trouve refuge dans les « services » et les activités de survie grossissant ainsi le secteur informel.
On comprend dès lors pourquoi le secteur des "services" a créé, à lui seul près de la moitié des emplois, soit 306.000 postes, contre une perte de 260.000 au cours de la même période de l’année dernière et une création annuelle moyenne de 176.000 postes entre les troisièmes trimestres des trois années pré pandémie.
En revanche, le secteur de l’"industrie y compris l’artisanat" n’a créé que 54.000 postes d'emploi, sans parvenir à récupérer les emplois perdus une année auparavant et qui se chiffrent à 61.000. On rappelle que la création annuelle moyenne du secteur n’a pas dépassé 12.000 postes entre les troisièmes trimestres des trois années précédentes.
Enfin, le secteur des BTP, qui a résisté relativement à la crise, a créé 92.000 postes d’emploi, contre une création de 1.000 postes au cours de la même période de l’année dernière et une création annuelle moyenne de 4.000 postes entre les troisièmes trimestres des trois années précédant la pandémie.
On le voit l’essentiel des emplois créés relèvent des emplois saisonniers (agriculture), provisoires (BTP) et précaires (informel et activités de survie). D’ailleurs, la structure de la population active selon les secteurs est significative : 30% dans le secteur primaire ; 22,7% dans le secteur secondaire (BTP et artisanat compris) ; 46,7% dans les services.
Concernant le nombre de chômeurs, il a enregistré une baisse en milieu rural de 60000 personnes et une hausse en milieu urbain de 25000 personnes, soit une baisse au niveau national de 35.000 personnes entre le troisième trimestre de l’année 2020 et celui de 2021, passant de 1.482.000 chômeurs à 1.447.000, ce qui correspond à un léger repli de 2%.
Le taux de chômage, quand à lui, a fléchi légèrement de 0,9 point entre les troisièmes trimestres de 2020 et de 2021, passant de 12,7% à 11,8% au niveau national : de 16,5% à 16% en milieu urbain et de 6,8% à 5,2% en milieu rural. En nous limitant au taux de chômage en milieu urbain, pour lequel les résultats de l’enquête du HCP nous paraissent proches de la réalité, on relève des données qui sont loin d’être rassurantes.
Ainsi, les femmes, dont il faut rappeler que le taux d’activité ne dépasse pas 20%, sont à 25% en situation de chômage. Autrement dit, une femme active sur quatre est sans emploi en milieu urbain contre un homme sur huit ! Une telle discrimination face à l’accès au marché du travail est pour le moins inadmissible. Autre indicateur gravissime : les jeunes de 15 à 24 ans connaissent un taux de chômage de 45,2%. Enfin, si un jeune diplômé sur 5 est à la recherche d’un emploi, cette proportion concerne un jeune sur quatre pour les détenteurs d’un diplôme supérieur. Ces trois indicateurs traduisent à eux seuls les pesanteurs de notre société et les dysfonctionnements de notre modèle de développement.
L’un des grands enjeux pour les années à venir est le suivant : comment faire pour assurer une croissance durable, inclusive, riche en emplois et susceptible de garantir un emploi décent à toutes les citoyennes et à tous les citoyens. Et c’est à ce niveau-là que le gouvernement actuel, qui a fait de la question de l’emploi l’une de ses priorités, est attendu. Ou ça passe, ou ça casse…