Le casse-tête des 5% du règlement des impôts au Maroc
Pour de nombreux commerçants traditionnels, cette obligation fiscale est perçue comme une nouvelle contrainte dans un contexte marqué par une inflation galopante et une concurrence accrue des grandes surfaces et des plateformes de commerce en ligne. « Nous sommes déjà à bout de souffle à cause de la hausse des prix des matières premières. Maintenant, on nous demande encore de payer plus », déplore Ahmed, un épicier de Casablanca.
Le secteur informel, qui représente environ 30 % de l’économie marocaine, est particulièrement touché. Ces petits commerçants, souvent non enregistrés et opérant en marge du système fiscal, se retrouvent soudainement sous pression. Cette situation rappelle les tensions observées en 2019, lorsque des mesures similaires avaient été introduites en Tunisie, provoquant des grèves et des manifestations.
La réforme vise à élargir l’assiette fiscale et à réduire le déficit budgétaire du Maroc. Selon le ministère des Finances, les recettes fiscales pourraient augmenter de 2 milliards de dirhams grâce à cette mesure. Cependant, les experts avertissent que l’application brutale de cette règle pourrait entraîner une résistance sociale et nuire à la confiance des petits entrepreneurs.
Cette mesure met également en lumière les défis liés à l’intégration du secteur informel dans l’économie formelle. Bien que cette transition soit essentielle pour garantir une croissance durable, elle nécessite un accompagnement adéquat, notamment en termes de formation et de soutien financier pour les commerçants concernés.
Si cette réforme fiscale pourrait renforcer les finances publiques à long terme, elle risque, à court terme, d’accentuer les tensions sociales et de fragiliser un tissu économique déjà vulnérable. Une approche plus progressive et inclusive pourrait permettre de concilier les objectifs fiscaux avec les réalités du terrain.