340 milliards : Une gestion publique sous surveillance

Analyse, 5 questions de l'opposition et 5 questions de la majorité


Rédigé par le Jeudi 24 Octobre 2024

L'annonce d'un investissement public record de 340 milliards de dirhams semble prometteuse, mais cet effort n'échappe pas aux critiques. En examinant de près les secteurs visés et les objectifs affichés, plusieurs lacunes émergent. L'efficacité des dépenses publiques et la répartition équitable des fonds laissent planer le doute sur l’impact réel de cet investissement sur le développement du Maroc.



Un budget d'investissement colossal, mais pour quels résultats ?

Le gouvernement marocain a annoncé, dans le cadre du Projet de Loi de Finances 2025, un record historique de 340 milliards de dirhams d’investissement public. Si cet effort semble signaler un engagement en faveur de la croissance économique et de l'amélioration des infrastructures, un examen plus attentif révèle des failles importantes. Certes, l’allocation des ressources aux secteurs de l’éducation, de la santé et de la transition énergétique est cruciale, mais la répartition réelle des fonds et la gestion des priorités soulèvent des interrogations.

Le PLF 2025 présente une répartition impressionnante des fonds, notamment 87 milliards pour l'éducation nationale et 32 milliards pour la santé. Ces chiffres sont flatteurs sur le papier, mais ils doivent être replacés dans un contexte où ces secteurs sont depuis longtemps sous-financés. En dépit de ces montants conséquents, la question de l'efficacité dans l’utilisation de ces fonds se pose. Comme l’illustre le budget détaillé, les dépenses de fonctionnement des institutions gouvernementales, telles que l’Administration de la Défense Nationale, absorbent des montants significatifs. Alors que les investissements dans les infrastructures hydrauliques et énergétiques sont vitaux, le budget alloué à ces projets ne semble pas à la hauteur des défis auxquels le pays fait face, notamment les sécheresses récurrentes et la transition énergétique urgente.

Il est impératif que cet investissement massif bénéficie véritablement aux régions les plus vulnérables, or, l’historique de gestion des fonds publics ne permet pas d’être optimiste quant à une répartition équitable. Les disparités régionales persistent, et les fonds destinés à la modernisation des infrastructures dans les zones rurales, bien qu’importants, risquent de ne pas être suffisamment ciblés pour véritablement corriger ces inégalités.

Le gouvernement, dans sa volonté d’attirer les éloges, met de côté un aspect essentiel : l’impact à long terme de cet investissement massif sur la dette publique. Le Maroc, déjà confronté à un endettement préoccupant, pourrait voir sa situation s'aggraver si ces fonds ne sont pas gérés avec rigueur. La nécessité de surveiller les indicateurs macroéconomiques tels que la croissance et le déficit, mais cet avertissement semble être relégué au second plan face à l'annonce triomphante des montants records alloués.

En investissant massivement sans un plan clair de retour sur investissement, le risque est de creuser le déficit budgétaire à un point critique. La transition énergétique et le développement durable, bien qu’essentiels, nécessitent une approche plus ciblée, avec des investissements qui doivent être mesurés à l'aune de leur impact réel, et non pas simplement en termes de montants alloués.

Alors que l’annonce de ce budget monumental pourrait être perçue comme un effort vers un développement inclusif, il est essentiel de rappeler que la gestion transparente et efficace de ces fonds n'est pas garantie. La corruption, les gaspillages, et les retards dans la mise en œuvre des projets ont historiquement affaibli l’impact des investissements publics au Maroc. Les grandes annonces doivent s'accompagner d'une meilleure gouvernance et d'une reddition des comptes pour que les citoyens puissent réellement bénéficier des promesses faites.

En définitive, si le gouvernement se félicite de ce record d’investissement, les Marocains doivent rester vigilants quant à la réelle efficacité de ces dépenses. Le pays ne peut se permettre de répéter les erreurs du passé, où des investissements colossaux n’ont pas toujours apporté les résultats escomptés.

Si j'étais parlementaire de l'opposition, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances

Madame la ministre, comment expliquez-vous que malgré l'annonce d'un investissement public record de 340 milliards de dirhams, les régions les plus vulnérables continuent de souffrir de disparités en matière d'accès aux infrastructures essentielles, notamment dans les zones rurales ? Le PLF 2025 annonce des montants conséquents pour l’éducation et la santé, mais compte tenu de la sous-finance chronique de ces secteurs, comment garantissez-vous que ces fonds seront efficacement utilisés pour répondre aux vrais besoins sur le terrain ? L'endettement public du Maroc est déjà préoccupant. Ne pensez-vous pas que cet investissement massif risque de creuser encore davantage le déficit budgétaire sans véritable plan de retour sur investissement ? Au vu des retards récurrents et des gaspillages dans la mise en œuvre des projets, quelles garanties pouvez-vous fournir quant à la transparence et à la gestion efficace des fonds alloués dans le cadre de ce PLF 2025 ? Pourquoi le budget alloué à des secteurs vitaux tels que la transition énergétique et les infrastructures hydrauliques reste-t-il insuffisant, alors que le Maroc fait face à des défis urgents comme les sécheresses récurrentes et la transition vers des énergies propres ?

Si j'étais parlementaire de la majorité, j'aurai posé ces 5 questions à Madame la Ministre des finances

Madame la ministre, avec un budget record de 340 milliards de dirhams d'investissement public, quelles mesures concrètes votre ministère met-il en place pour assurer que cet investissement contribue directement à la relance économique et à la réduction des inégalités régionales ? L'éducation et la santé figurent parmi les priorités de ce PLF 2025. Pouvez-vous détailler comment ces investissements vont transformer ces secteurs et améliorer l'accès aux services publics pour les citoyens ? La transition énergétique est une priorité pour le développement durable. Pouvez-vous expliquer comment les investissements alloués à ce secteur vont contribuer à une transition rapide et efficace vers les énergies renouvelables ? Dans le cadre de cet effort massif, comment le gouvernement prévoit-il de surveiller et d'assurer la transparence dans la gestion de ces fonds pour éviter les erreurs du passé en matière de retards et de gaspillages ? Le PLF 2025 affiche une vision ambitieuse pour le Maroc. Comment le gouvernement prévoit-il de concilier cette ambition avec la gestion prudente de la dette publique, tout en soutenant la croissance économique ?

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Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la… En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 24 Octobre 2024
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