La gouvernance publique au Maroc connaît une profonde transformation avec l’introduction de réformes majeures, notamment celles initiées par la Loi de Finances 2024. Dans un contexte où la transparence, l'efficacité et la responsabilisation deviennent des impératifs, ces réformes visent à moderniser l'administration publique, améliorer la gestion des ressources publiques et renforcer la confiance des citoyens. Mais cette transition vers une administration plus performante est-elle véritablement en marche ?

La réforme de la gouvernance publique au Maroc s'inscrit dans la continuité de plusieurs années d'efforts pour rendre l'administration plus réactive et transparente. Le cadre légal actuel, régi notamment par la Loi Organique relative à la loi de Finances, impose des obligations de performance aux ministères. Chaque ministère doit désormais lier ses objectifs à des résultats concrets et mesurables, une initiative qui vise à optimiser l’utilisation des deniers publics et à renforcer la transparence budgétaire.

Cette réforme introduit une approche basée sur les résultats, où la gestion des ressources est systématiquement liée aux objectifs de performance fixés. Les ministères doivent ainsi justifier l’utilisation de leurs budgets à travers des indicateurs précis, permettant de suivre leur contribution au développement socio-économique du pays. Cette démarche encourage la responsabilisation des gestionnaires publics, qui sont incités à optimiser leurs actions pour atteindre des objectifs préalablement définis.

La réforme mise sur la transparence, avec une volonté affirmée de rendre l'information publique plus accessible. Le document Performance de l'Action Publique - Principales Données 2024 constitue un exemple concret de cette volonté, en simplifiant la lecture des projets de performance des ministères. Cette transparence vise à renforcer la relation de confiance entre les citoyens et l'administration. En rendant publiques les allocations budgétaires et les indicateurs de performance, l’État met en lumière ses engagements et ses résultats, favorisant ainsi une gestion participative des affaires publiques.

L’accessibilité de l'information est un levier fondamental pour responsabiliser les décideurs publics. Le citoyen marocain est désormais en mesure de comprendre comment sont utilisés les fonds publics et dans quels secteurs l’État investit. Cette transparence permet aussi de prévenir les dérives potentielles liées à la mauvaise gestion ou à la corruption.

Bien que cette réforme soit ambitieuse, elle s’accompagne de nombreux défis. Tout d’abord, la mise en œuvre effective de ces nouvelles pratiques reste conditionnée par la capacité des ministères à s’adapter à cette culture de performance. Les processus de digitalisation sont encore en cours, et une partie des services publics n’a pas encore pleinement intégré les technologies numériques, nécessaires pour améliorer la fluidité et la rapidité des interactions avec les citoyens.

Un autre défi réside dans l'application uniforme de ces réformes sur l'ensemble du territoire. Si certaines régions du Maroc bénéficient déjà de services publics modernisés, d’autres accusent un certain retard en matière d’infrastructures et de moyens humains. La décentralisation de l’administration et la formation des ressources humaines demeurent donc des priorités.

Cette réforme marque indéniablement une avancée pour l'administration marocaine. En liant de manière systématique les objectifs à des résultats mesurables, le pays se rapproche des standards internationaux en matière de gestion publique. Cependant, pour que cette réforme porte pleinement ses fruits, elle doit être accompagnée de politiques complémentaires favorisant l'égalité d'accès aux services publics et une digitalisation accrue.

Ainsi, la réforme de la gouvernance publique au Maroc, portée par la Loi de Finances 2024 en cours, amorce une dynamique prometteuse vers une administration plus efficace, responsable et transparente. Reste à voir si cette transformation pourra répondre aux attentes des citoyens en matière de services publics de qualité, et si elle permettra réellement de moderniser la gestion des affaires publiques sur l’ensemble du territoire.