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Tribune zéro : Et si nous rations, encore une fois, la révolution du siècle ?


Rédigé par le Samedi 12 Avril 2025

Pendant que la Chine programme ses élèves, le Maroc redémarre chaque année
Réforme : et si l’IA était la vraie école pionnière ?
Maroc 2025 : pourquoi nos enfants n’apprendront jamais à parler la langue du futur ?



Alors que la Chine rend l'intelligence artificielle obligatoire dans toutes ses écoles dès la rentrée 2025, notre système éducatif, lui, continue de bricoler à l’ombre des grandes mutations du monde. Pendant que Pékin forme ses élèves à devenir des pionniers de la technologie mondiale, Rabat tergiverse encore sur l’avenir de la réforme Benmoussa, sans horizon clair, sans ambition numérique, et surtout, sans urgence.

Le Maroc, pays jeune par sa démographie, vieux par ses réflexes bureaucratiques, risque de passer à côté d’un tournant majeur.

L’IA n’est plus un gadget de Silicon Valley, c’est le nouveau langage du monde. Et ce langage, nos enfants ne l’apprennent ni à l’école primaire, ni au collège, ni même dans les fameuses "écoles pionnières", qui peinent encore à définir ce qu'elles veulent réellement incarner.

La Chine, elle, a tranché : Initiation et formation à l’IA , dès le plus jeune âge. Huit heures pour comprendre, coder, questionner. Huit heures pour désapprendre la passivité et entrer dans la logique de la création. Là-bas, l’intelligence artificielle est enseignée comme une matière scientifique ou une discipline à part entière. Ici, nous en parlons lors de conférences sur PowerPoint, devant des élèves qui, une fois sortis de la salle, retombent dans un système où l’innovation est souvent perçue comme une menace.

La Chine veut former des esprits indépendants technologiquement. Nous, nous dépendons encore de manuels traduits et de plateformes importées. À force de débattre sans trancher, d’annoncer sans implémenter, de réformer sans transformer, nous nous condamnons à un rôle secondaire dans le théâtre du XXIe siècle.

Le plus grave ? Ce n’est pas seulement l’inaction. C’est l’illusion d’agir. Les écoles dites "pionnières" ? Trop souvent de simples vitrines. Une poignée d’établissements, certes plus modernes, mais sans véritable révolution pédagogique, ni stratégie nationale d’inclusion numérique. Pendant ce temps, les jeunes Marocains les plus brillants apprennent l’IA sur TikTok ou YouTube, seuls, souvent mal orientés, parfois mal informés. Et les autres ? Exclus du jeu, comme d’habitude.

Ce n’est pas une critique de confort. C’est un cri d’alarme. Si le Maroc veut peser demain, il doit agir aujourd’hui. Former nos enseignants à l’IA, créer un vrai curriculum national adapté à notre contexte, doter toutes les écoles – rurales et urbaines – des outils nécessaires. Et surtout : arrêter de confondre réformes cosmétiques et révolutions de fond.

L’IA ne remplacera pas le professeur. Mais le professeur qui ignore l’IA pourrait bientôt devenir obsolète.
Ne ratons pas cette occasion, encore une fois.

Je sais d’avance que la cause est perdue… mais je continue. On ne sait jamais.

Peut-être qu’un jour, une étincelle jaillira dans un bureau ministériel, un vrai sursaut viendra d’un enseignant de terrain ou d’un élève curieux, et le Maroc prendra enfin le train du XXIe siècle, non pas en dernière classe… mais en tête de locomotive. En attendant, je parle, j’écris, je persiste. Parce que le silence, lui, est toujours complice. Et parce qu’à force d’attendre les réformes promises, on finit par oublier à quoi ressemble une vraie révolution.


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Samedi 12 Avril 2025