TVA, ciment et taxe carbone : les nouvelles fiscales du PLF 2025


Rédigé par le Dimanche 20 Octobre 2024

Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025, tel qu’il a été présenté avant les amendements, propose des ajustements fiscaux significatifs, notamment en ce qui concerne la TVA, la taxe sur le ciment, et l’introduction d’une nouvelle taxe sur le carbone (CO2). Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie globale visant à renforcer les recettes fiscales de l’État tout en encourageant une économie plus respectueuse de l’environnement et plus équitable.



Réforme de la TVA

Le gouvernement poursuit la réforme de la TVA, qui est un levier fiscal majeur pour l’État. L'objectif principal de cette réforme est de rendre la taxe plus progressive et équitable. Actuellement, la TVA au Maroc est perçue comme étant complexe et parfois inéquitable, en raison des multiples taux qui varient selon les secteurs et les types de produits.

Dans le cadre du PLF 2025, le gouvernement vise à simplifier le système de TVA en réduisant les exonérations qui nuisent à la neutralité de la taxe et en harmonisant les taux applicables. Par ailleurs, il est envisagé d'élargir l'assiette de la TVA afin de générer des recettes supplémentaires pour financer les dépenses publiques croissantes, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation.

L'un des aspects critiques de cette réforme concerne l’élimination progressive de certaines exonérations sectorielles et la rationalisation des taux réduits, tout en maintenant des taux préférentiels pour les biens de première nécessité afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes.

Augmentation de la taxe sur le ciment

La taxe sur le ciment, un produit clé pour l’industrie de la construction, fait également l’objet d’une augmentation dans le PLF 2025. Cette hausse s’inscrit dans une double logique : augmenter les recettes fiscales tout en incitant à une utilisation plus rationnelle des ressources dans le secteur de la construction, souvent critiqué pour son impact environnemental.

L'industrie du ciment, particulièrement gourmande en énergie, est l'une des plus grandes sources d'émissions de gaz à effet de serre. En augmentant cette taxe, le gouvernement cherche non seulement à augmenter les recettes fiscales, mais aussi à encourager des pratiques de construction plus durables et plus respectueuses de l'environnement. Cette mesure, bien que nécessaire sur le plan financier et environnemental, pourrait avoir des répercussions sur le secteur de la construction, notamment en termes de coûts, ce qui soulève des préoccupations quant à l'accessibilité au logement, surtout pour les ménages à revenus modestes.

​Introduction de la taxe sur le carbone (CO2)

La grande nouveauté du PLF 2025 est l’introduction d’une taxe sur le carbone. Cette mesure, très attendue, s’inscrit dans l’engagement du Maroc à respecter ses obligations internationales en matière de lutte contre le changement climatique, notamment dans le cadre de l’Accord de Paris. La taxe carbone vise à pénaliser les activités fortement émettrices de CO2, en incitant les entreprises et les industries à adopter des pratiques plus vertes et à réduire leur empreinte carbone.

Le gouvernement espère, par cette nouvelle taxe, non seulement générer des recettes fiscales supplémentaires, mais aussi encourager les entreprises à investir dans des technologies plus propres et à réduire leurs émissions. L’objectif est de créer un cadre plus durable et de soutenir la transition énergétique du pays.

Toutefois, cette taxe sur le carbone risque d’avoir un impact sur certains secteurs économiques clés, notamment l’industrie lourde, les transports, et l’agriculture, qui devront ajuster leurs modèles de production pour rester compétitifs. Il sera crucial pour le gouvernement d’accompagner ces secteurs à travers des incitations à l’innovation et à l’adoption de technologies vertes.

Les mesures fiscales proposées dans le cadre du PLF 2025 montrent une volonté claire du gouvernement de renforcer les recettes publiques tout en promouvant une économie plus respectueuse de l’environnement.

La réforme de la TVA, l'augmentation de la taxe sur le ciment et l'introduction d'une taxe sur le carbone sont des initiatives qui témoignent d’une approche équilibrée entre la nécessité de financer les besoins croissants de l’État et la transition vers une économie plus durable. Cependant, la mise en œuvre de ces mesures devra être soigneusement suivie pour éviter des répercussions négatives sur le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises marocaines.




Dimanche 20 Octobre 2024
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