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Réforme de l'IR : un pas audacieux, mais le gouvernement pouvait-il faire plus ?


Rédigé par le Dimanche 20 Octobre 2024



Un contexte économique contraignant

Le gouvernement marocain, fidèle à sa parole, a déployé des réformes fiscales majeures malgré un contexte économique délicat et une pression sociale grandissante. En pleine conjoncture marquée par la lente reprise post-pandémique, la hausse des coûts de l'énergie et la demande croissante en services publics, l’exécutif a tout de même réussi à réformer l'Impôt sur les Sociétés (IS), la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), et maintenant l'Impôt sur le Revenu (IR). Toutefois, la question mérite d'être posée : pouvait-il faire plus ?

Le climat économique actuel est loin d’être favorable aux réformes ambitieuses. La croissance reste modérée, en partie due à la conjoncture mondiale défavorable et aux défis internes liés à l’emploi, à l’éducation, et aux infrastructures. De plus, la demande sociale pèse lourdement sur les finances publiques, avec des programmes d’aide sociale coûteux mais nécessaires pour maintenir la cohésion sociale. Dans ce cadre, les marges de manœuvre du gouvernement étaient limitées.

Après la réforme de l’IS, qui visait à renforcer l’équité fiscale et la compétitivité des entreprises, et celle de la TVA, qui tendait à harmoniser et simplifier ce mécanisme de collecte, la réforme de l’IR se concentre sur l’allégement de la charge fiscale des ménages. En modifiant les tranches d’imposition et en augmentant les déductions fiscales pour les charges familiales et les dépenses sociales, le gouvernement a cherché à redonner du pouvoir d’achat à la classe moyenne tout en étendant la base des contribuables.

Ces réformes sont salutaires, mais restent modérées dans leur portée, principalement en raison des contraintes budgétaires. Chaque réforme doit trouver un équilibre délicat entre la réduction des déficits publics et la satisfaction des besoins des citoyens. Ce double objectif limite nécessairement l'ampleur des ajustements.

En théorie, il était envisageable que le gouvernement aille plus loin, par exemple en réduisant de manière plus substantielle les taux d’imposition pour relancer la consommation. Cependant, cela aurait creusé le déficit budgétaire et mis en péril la stabilité financière du pays, surtout dans un contexte où les dépenses publiques augmentent fortement pour financer la couverture médicale généralisée, les projets d'infrastructures et la transition énergétique.

De plus, la réforme aurait pu inclure des mesures plus incisives pour taxer davantage les grandes fortunes ou les secteurs très lucratifs, comme celui des technologies, mais cela aurait risqué de décourager les investissements privés. La réforme de l’IR est donc un compromis entre la nécessité de stimuler la croissance et l’impératif de maintenir une trajectoire fiscale soutenable.

Le gouvernement a fait preuve d'une certaine audace en menant cette réforme de l’IR malgré les vents contraires économiques. Toutefois, la question de savoir s’il pouvait faire davantage reste légitime. Face à un contexte de ralentissement économique et à des attentes sociales élevées, des réformes plus profondes pourraient encore être nécessaires à moyen terme pour soutenir la relance économique tout en garantissant une plus grande justice fiscale.

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Dimanche 20 Octobre 2024

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