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Par Souad Mekkaoui
Il serait naïf, voire imprudent, de percevoir cet assaut médiatique comme une simple coïncidence ou le produit de circonstances fortuites. La synchronicité et la convergence des tonalités de ces publications suggèrent plutôt une campagne bien orchestrée, finement ourdie, qui semble émaner de cercles de pouvoir en France peu enclins à reconnaître et à comprendre la profondeur et la complexité des liens qui unissent le peuple marocain à son Souverain.
Or dans un monde globalisé où la liberté de presse est érigée en pilier de la démocratie, il est déconcertant de constater une dynamique de deux poids, deux mesures dans l’approche médiatique franco-marocaine. Pourquoi, doit-on s’interroger, les médias français s’octroient-ils le droit d’émettre des critiques virulentes à l’égard du Maroc et de Sa Majesté le Roi, tandis que toute riposte de la presse marocaine est immédiatement cataloguée comme étant l’écho de la voix « du Makhzen » ?
Cette asymétrie médiatique, non seulement reflète une condescendance palpable, mais également, et plus grave encore, elle témoigne d’une arrogance qui mine le dialogue ouvert et respectueux entre les deux nations. Un examen éclairé de cette dynamique révèle un manque d’équité et de compréhension mutuelle dans le débat public.
Il est crucial, pourtant, de comprendre que chaque nation a ses propres sensibilités, son histoire et sa trajectoire uniques. La critique, inhérente à la liberté d’expression, doit être pratiquée avec respect et considération pour ces éléments fondamentaux. À cet égard, les attaques médiatiques françaises à l’égard du Maroc semblent souvent empreintes d’un ton hautain et dédaigneux, comme si la presse française détenait une forme supérieure de liberté ou de légitimité pour imposer sa vision et interpréter les événements à sa guise.
En outre, il est également important de souligner que définir, hâtivement, tout média marocain défendant la position nationale comme étant « proche du Cabinet royal» est non seulement réducteur, mais fausse la réalité complexe et diversifiée des voix et opinions au sein du Maroc. Cette étiquette commode sert de stratégie de délégitimation facile, permettant d’ignorer et de marginaliser les voix marocaines dans le discours médiatique international.
Aussi la liberté de presse, le savons-nous tous, est un pilier fondamental de tout système démocratique. Mais cette liberté doit être exercée avec responsabilité, éthique et respect mutuel. Il est grand temps que les médias français reconsidèrent leur approche et engagent un dialogue constructif avec leurs homologues marocains, pour le bien des relations franco-marocaines et de la vérité journalistique.
Un paternalisme dépassé
Il est évident que le peuple marocain a avec son Roi une relation historique, spirituelle et sociale inaltérable. Mais cette connexion unique est souvent incomprise ou volontairement ignorée par ceux qui regardent le Maroc à travers le prisme déformant de préjugés hérités et de conceptions paternalistes obsolètes. Ce lien fort et indéfectible entre le Roi et son peuple constitue le socle sur lequel repose la stabilité et la prospérité du Royaume, et il mérite respect et considération.
Force est de rappeler que le Maroc est un pays souverain, fort de son Histoire, de sa culture et de sa civilisation, et il aspire à des relations internationales basées sur la réciprocité, le respect mutuel et la coopération constructive. La tentative de certains médias de porter atteinte à la dignité du Maroc et de son Roi est non seulement contraire à ces principes, mais elle est également préjudiciable aux relations bilatérales entre deux nations qui partagent une longue histoire commune.
Dans ce climat médiatique tendu et délicat, il est fondamental de plaider en faveur d’un journalisme responsable, éthique et précis. Les attaques infondées et les insinuations malveillantes ne servent ni la vérité, ni l’objectif d’un débat public informé et sain. Il est urgent que les médias engagés dans cette campagne de dénigrement réévaluent leur approche et réaffirment leur engagement en faveur de l’intégrité journalistique, de la déontologie et du respect de la dignité des peuples et des individus au lieu de servir d’autres agendas loin du souci d’une mission noble qu’est le journalisme .
Et là je me rappelle qu’il y a quelques mois, un ami diplomate français, pétri de sagesse et d’expérience, m’avait confié, non sans une pointe de regret dans la voix, qu’il serait judicieux de mettre temporairement en veille les relations franco-marocaines, le temps que l’ère Macron cède la place à des jours meilleurs.
Ses paroles me semblaient alors imprégnées d’une prudence excessive, voire d’un pessimisme discret. Cependant, aujourd’hui, la sagesse et la prescience de son conseil résonnent avec une acuité et une pertinence qui ne peuvent être ignorées, dessinant les contours d’une réalité que je n’avais, à l’époque, que partiellement perçue. La dynamique politique change, mais les fondements de l’amitié demeurent, attendant patiemment de retrouver leur éclat sous un ciel plus clément et plus amical.
Rédigé par Souad Mekkaoui sur Maroc Diplomatique