À 53 ans, elle inscrit son nom au palmarès du Nobel, comblant une absence remarquée de représentants coréens dans cette distinction. Ses proches soulignent que sa personnalité discrète et élégante se reflète dans son écriture, qui allie force des images et sobriété stylistique.
Anne Garréta, présidente du DOSS et lauréate du prix Médicis, a déclaré à l'AFP : « C'est une femme extrêmement discrète, d'une très grande élégance, avec une prose à la hauteur de son raffinement. »
Un parcours littéraire singulier
Née à Gwangju et arrivée à Séoul à neuf ans, Han Kang a grandi dans une famille d'artistes, son père et son frère étant tous deux écrivains. Elle a d'abord publié des poèmes en 1993, remportant un prix du quotidien "Séoul Shinmun" en 1994, avant de sortir son premier recueil de nouvelles en 1995. Son roman "La Tache mongolique" a été récompensé en 2005 par le prix Yi Sang, l'une des distinctions littéraires les plus prestigieuses de Corée du Sud. En 2007, il est réuni avec deux autres récits pour former "La Végétarienne", un succès international traduit dans plusieurs langues, dont le français en 2015 par les éditions Le Serpent à plumes.
Le monde de Han Kang est fortement influencé par le bouddhisme, caractérisé par une esthétique épurée et contemplative. Son ouvrage "Impossibles adieux", publié en 2021, a également suscité un large écho. Ce roman s'inspire de son séjour sur l'île volcanique de Jeju, où elle découvre l'histoire méconnue d'une violente répression communiste en 1948.
Dans un entretien avec Le Monde, elle raconte : « J'étais logée chez une vieille dame. Un jour, en l'aidant à porter un paquet, elle m'a montré un mur où des gens avaient été fusillés. » Ce roman, mêlant beauté éclatante et mélancolie, aborde des blessures historiques qui hantent la mémoire collective de la Corée.
Une écrivaine engagée
Han Kang a également été placée sur une liste noire de près de 10 000 artistes critiques envers l'ancienne présidente Park Geun-Hye, aux côtés du réalisateur Park Chan-Wook. Ce contexte politique souligne l'importance de sa voix dans la littérature contemporaine. Ses œuvres résonnent avec des thèmes de résistance et de mémoire, contribuant à une réflexion profonde sur l'identité coréenne. La profondeur de ses récits, capables d’habiter durablement l’esprit des lecteurs, fait d’elle une figure incontournable de la littérature moderne.