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Directive européenne : La diaspora marocaine à l'épreuve de Bruxelles ?


Rédigé par le Vendredi 27 Septembre 2024

Les transferts des MRE menacés, une réglementation européenne peut-elle étrangler les transferts vitaux des MRE ?



Les transferts de fonds des Marocains Résidant à l'Étranger (MRE) constituent un pilier essentiel pour l'économie marocaine, mais une directive européenne récemment adoptée vient remettre en question cette source vitale de revenus. Derrière cette décision se cachent des enjeux cruciaux pour les banques marocaines opérant en Europe. L'objectif affiché est de réguler la présence des banques étrangères sur le sol de l'Union Européenne (UE), avec une attention particulière portée aux institutions britanniques, suite au Brexit. Cependant, cette législation ne se limite pas aux banques anglaises, elle s’étend à toutes les banques étrangères, y compris marocaines. Dès lors, l'inquiétude se fait sentir à Rabat.

L'une des principales préoccupations des autorités marocaines est l'impact de cette directive sur les transferts d'argent des MRE, qui sont une manne indispensable à l'économie nationale. Ces fonds permettent non seulement de financer une grande partie du déficit commercial, mais ils constituent également une source essentielle de revenus pour de nombreuses familles marocaines. Les banques marocaines implantées en Europe jouent un rôle clé dans ces opérations, facilitant les transferts d'argent grâce à leurs filiales et succursales. Cependant, avec cette nouvelle réglementation, ces services pourraient être sérieusement restreints, voire interdits, menaçant ainsi la proximité tissée au fil des années avec la diaspora marocaine.

En chiffres, le tableau est impressionnant : entre 2020 et 2023, les transferts des MRE ont enregistré une croissance annuelle moyenne de 19,2 %, selon l'Office des Changes. Rien que pour 2023, ces envois ont atteint un montant record de 115,3 milliards de dirhams (MMDH), soit une augmentation de 4,1 % par rapport à l'année précédente. Ce flux est primordial pour le Maroc, non seulement en termes de soutien aux familles, mais aussi pour renforcer les réserves de devises et stabiliser la balance commerciale.

Face à cette menace, les autorités marocaines, en collaboration avec les banques concernées, se sont rapidement mobilisées. Abdellatif Jouahri, le gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM), a annoncé une série de négociations avec les instances européennes pour atténuer les effets de cette directive. Les discussions se concentrent principalement sur les relations avec la Commission européenne, la Direction Générale de la Stabilité Financière (FISMA), ainsi qu'avec les pays européens qui accueillent une grande partie des transferts des MRE, tels que la France, l’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas.

Le principal enjeu de ces négociations réside dans l’interprétation nationale de la directive. En effet, chaque État membre transposera cette législation en droit national, ce qui laisse place à des divergences d’application. Certains pays de l'UE ont déjà commencé à imposer des restrictions aux filiales des banques marocaines, ce qui préfigure des difficultés futures. La montée de l'extrême droite en Europe, avec sa rhétorique protectionniste et anti-immigration, pourrait aggraver la situation, poussant certains gouvernements à durcir encore les conditions d'activité des banques étrangères.

L'enjeu va bien au-delà de la simple réduction des transferts d'argent. Une baisse significative de ces flux impacterait directement des milliers de familles marocaines qui dépendent de ces fonds pour leur subsistance quotidienne. Sur un plan macroéconomique, cela affaiblirait les réserves de devises du pays, compliquant encore plus la gestion de la balance des paiements. Les projections actuelles de Bank Al-Maghrib prévoient que les transferts des MRE pourraient atteindre 121,8 milliards de dirhams en 2025, mais cette estimation pourrait s'effondrer si la directive est appliquée dans sa forme la plus restrictive.

Les autorités marocaines se trouvent donc dans une course contre la montre pour limiter les dégâts. La menace est réelle, et les conséquences pourraient être profondes, tant pour les individus que pour l’économie marocaine dans son ensemble.

Cette situation met en lumière la dépendance marocaine aux transferts de sa diaspora et soulève des questions sur la diversification des sources de devises. Face aux défis posés par la nouvelle réglementation européenne, il est peut-être temps de réfléchir à des alternatives. Le développement d'autres secteurs économiques pourrait compenser la baisse des transferts des MRE et renforcer la résilience de l'économie marocaine.

Le défi pour le Maroc sera de naviguer à travers ces turbulences, en s'assurant que la relation avec la diaspora reste forte et que les canaux de transfert d'argent restent ouverts, tout en explorant de nouvelles solutions pour stabiliser l’économie.

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Vendredi 27 Septembre 2024

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