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Atlas : Les tatouages berbères, une tradition en voie de disparition


Rédigé par le Mardi 15 Octobre 2024

Dans l'Atlas marocain, les tatouages qui embellissaient autrefois les visages et les mains des femmes berbères sont aujourd'hui en déclin. Autrefois symboles de beauté et d'appartenance tribale, ces pratiques traditionnelles se heurtent désormais aux influences de la modernité et aux interprétations religieuses.



Hannou Mouloud, 67 ans, se souvient de son enfance à Imilchil, où les tatouages étaient considérés comme de jolies décorations. « À six ans, nous utilisions du charbon pour dessiner sur nos visages, puis nous allions voir une femme spécialisée pour réaliser le tatouage », raconte-t-elle, faisant allusion aux méthodes artisanales et aux rituels qui accompagnaient cette tradition.

Une pratique aux significations riches

Les motifs de tatouage varient selon les groupes berbères et sont souvent porteurs de significations culturelles profondes. Bassou Oujabbour, membre de l’organisation Akhiam, souligne que dans la tribu Aït Hadidou, les femmes arborent des motifs distinctifs, tels que des lignes et des croix, qui témoignent de leur identité communautaire. Ces tatouages, souvent réalisés lors de célébrations comme le "moussem des fiançailles", sont plus qu'un simple ornement, ils incarnent un héritage culturel transmis de génération en génération.

Cependant, cette pratique ancestrale fait face à des défis. Selon Abdelouahed Finigue, chercheur en géographie, les tatouages sont porteurs de multiples significations, de la beauté personnelle à une certaine spiritualité. Néanmoins, l'émergence de croyances salafistes a entraîné une stigmatisation des tatouages, considérés par certains comme des mutilations. Des idées reçues affirment que les femmes tatouées risquent des peines dans l’au-delà, ce qui pousse de nombreuses jeunes filles à abandonner cette tradition.

Un avenir incertain pour une coutume ancestrale

Au Maroc, où les Berbères représentent une part significative de la population, les tatouages sont une manifestation d’identité culturelle. Selon le dernier recensement (2014), plus d’un quart des Marocains parlent un dialecte berbère. Cependant, les courants modernes et religieux incitent les femmes, même celles qui sont déjà tatouées, à se débarrasser de ces marques, par peur des répercussions spirituelles. La tradition du tatouage, qui symbolisait l’autonomie et la beauté des femmes amazighes, se trouve ainsi menacée dans un contexte où les influences contemporaines redéfinissent les valeurs culturelles et spirituelles.

Mots-clés : Tatouages berbères, tradition, modernité, identité culturelle, femmes amazighes, croyances religieuses, héritage






Basma Berrada
Jeune journaliste à l'ODJ En savoir plus sur cet auteur
Mardi 15 Octobre 2024

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